L’annonce était attendue, le contenu tout autant. Face au développement économique du football féminin anglais, ancré dans une manne financière le permettant (Droit TV Premier League), et surtout une réussite sportive espagnole (Championne du Monde 2023, FC Barcelone, meilleures joueuses FIFA 2021, 2022, 2023) dans un ecosystème économique proche de l’hexagone (deux clubs leaders), Jean-Michel Aulas, Président d’une Ligue féminine de football professionnel (LFFP), département crée au sein de la FFF, a présenté son organisation.

Sur le plan structurel, la LFFP n’est ni une association, ni une structure privée. Elle est donc un département de la FFF, fait d’une équipe de six personnes dédiées et un directeur opérationnel, Paul-Hervé Douillard, issu de la fédération, au background dans le management fédéral sportif. Appelée à entrer en oeuvre au 1er Juillet 2024, en attente d’une vice-présidente, visuellement annoncée par sa présence lors de la présentation, Marie-Christine Terroni, validée par la prochaine assemblée générale. Une équipe qui sera chargé de la première et seconde division française.

Sur le plan de la communication, le championnat anglais prend une tournure très anglaise avec un changement d’identité forte : la D1F Arkema prend le nom de Arkema Premiere Ligue quand la D2F devient Seconde Ligue. Jean-Michel Aulas, précisant les jours suivants, prendre sa valise de commercial et visiter de nombreuses équipes du CAC40 pour trouver du financement.

Sur l’aspect financier, le budget fédéral sur cinq ans sera de 70 millions d’euros pour développer une stratégie amenant les clubs à accepter et intégrer la future convention collective des joueuses, obligeant ces derniers à un salaire minimum légèrement supérieur au SMIC (un peu plus de 1.700 euros mensuel brut en 2024) ; la prise en compte de conditions favorables à la maternité ; et un pécule de sécurité pour l’après carrière.

Un nombre de clubs qui devrait passer à 14 équipes pour la Première Ligue Arkema en 2026-2027 ; un cahier des charges lié à la formation comme à la professionnalisation, et une ouverture à l’international avec une 4e joueuse extracommunautaire.

Sur celui de la médiatisation, la LFFP passera toujours par la plateforme FFF.tv avec des moyens accrus, tirés certainement du budget dédié dont l’évolution commencera dès la saison prochaine, de sept millions actuellement à dix.

La situation actuelle française pourrait se présenter ainsi : la main mise de l’Olympique Lyonnais sur les titres français a permis aux clubs professionnels français d’entrer dans le jeu du football féminin en ayant toujours la main sur une poche ouverte, pour la refermer, compte tenu du peu de chances d’avoir un titre ou une récompense à recevoir. L’arrivée du Paris Saint Germain, avec les mêmes moyens n’a fait que renforcer la situation.

La création des play-offs et leurs réussites sera peut-être le levier 2024 pour la LFFP. Si l’Olympique Lyonnais, dans une formule qui remet tout en question (les quatre premiers jouent le titre à égalité malgré la différence dans la phase initiale) conserve son titre ou si le PSG le prend, l’effet structurel sera le même. A l’inverse, si le Stade de Reims ou le Paris FC l’emporte, alors l’ambition viendra.

William Commegrain Lesfeminines.fr