Personne n’est vraiment capable de donner une ou plusieurs explications au match réalisé par les françaises face à l’Espagne (2-0) qui a été un non-sens sportif, émotionnel et visuel.
A partir de cette vérité, les Bleues ont préféré oublier ce contenu et réaffirme à leurs fans la volonté de bien faire tout en les remerciant de leur soutien.
Une communication collective, que l’on retrouve au grès des tweets de Griedge M’Bock, Selma Bacha et autres. Un système de protection et de communication « institutionnelle » déjà utilisée auparavant, lors des situations de crises que les Bleues ont connu dans le passé.
S’il n’y a pas une raison à cette déconvenue, c’est qu’il peut en y avoir plusieurs au constat du seul tir cadré français de la rencontre, après trois tentatives, seulement deux corners pour sept espagnols, aucun hors jeu français montrant le peu d’initiatives offensives, pour la première finale de l’histoire des françaises, face à une Epagne forte, mais toute récente n°1 mondiale (Décembre 2023), n’ayant jamais battues les françaises dans son histoire footballistique.
La force barcelonaise de la formation espagnole.
Le contenu produit par les espagnoles m’a renvoyé aux premières apparitions de Barcelone en Women’s Champions League. notamment pour un quart de finale retour (0-0 à l’aller) face au Paris Saint Germain (saison 2016), que les parisiennes avaient remporté difficilement sur une tête plongeante de Christiane, à la 87′ (1-0). Les qualifiant pour les demis où elles prendront une « rouste », autant de JM Aulas que de l’Olympique Lyonnais.
Dans les travées de Charlety, antre à ce moment du PSG quand Juvisy était toujours Juvisy, Farid Benstiti, coach du PSG, répondait aux journalistes alors que dans un coin, le coach barcelonais, rondouillard d’expérience, se posait tranquillement. Ses yeux et son « body language » me disait à quel point il était certain que ce n’était qu’une défaite d’apprentissage qui annonçait les succès futurs de Barcelone.
Il avait, en tête, une certitude et la valise d’expérience du club catalan.
Tel un mentor, il écrivait mentalement son rapport pour dire à ses supérieurs, à quel point, Barcelone dominerait l’Europe féminin. Huit saisons plus tard, Alexias Putellas a été nommée deux fois Ballon d’Or (2021 et 2022) et The Best Fifa (2021 et 2022), Aitana Bonmati lui a succédé (2023) aux deux plus grandes récompenses individuelles du football. Barcelone a fait une finale européenne en 2019, puis gagné deux fois le titre en 2021 et 2023.
Pendant cette période, peu de joueuses étrangères sont venues grossir leur rang. Elles ont été approchées dans une démarche de complément, prenant Elise Bussaglia, Kheira Hamraoui, Lieke Martens, formant le reste sur la durée.
Aujourd’hui, ce que nous voyons, n’est rien d’autre que la formation, dans la durée, de ces joueuses, a un style de jeu.
L’influence de Barcelone dans le jeu de l’Espagne.
Normalement, une équipe autant bousculée que l’a été celle de l’Espagne, ne peut rester numéro 1 mondial. Voire même y postuler.
En 2015, elles réclament la tête de leur sélectionneur Ignacio Quereda après une première qualification au Mondial 2015, éliminées en phase de groupe. Le conflit latent devient ouvert et les stars de l’époque disent qu’elles ont le soutien de toutes les capitaines du championnat. Fin Juillet 2015, Jorge Vilda est nommé, il remplace Ignacio Quereda.
Dans la foulée, les espagnoles ont été les premières européennes à faire grève (2017) pour obtenir une convention collective que la France commence à signer en 2024.
Depuis les griefs avec ce coach, devenu celui du Maroc, ont fait le tour du monde et apparaissent au grand jour en Septembre 2022. Quinze joueuses parlent de « harcèlement moral » et de « santé mentale ».
Elles refusent la sélection et le sélectionneur, appuyé par la fédération espagnole, va chercher dans les sélections jeunes, gagnantes en Europe depuis peu, les compléments.
En 2023, une dizaine de joueuses refusent la sélection et l’Espagne gagne quand même son premier titre mondial en chutant (0-4) face au Japon en phase de groupe. Puis, il y aura le fameux baiser de Luis Rubiales à Jennifer Hermoso quand il lui remet sa médaille. Avec tout l’environnement médiatique qui va avec.
Avec la France et les affaires Kheira Hamraoui/Aminata Diallo, la sortie de Corinne Diacre, l’Espagne est certainement le pays où le football féminin a autant existé sur le terrain d’en dehors.
Pourtant l’Espagne vient de remporter magistralement son second titre consécutif, la Ligue des Nations féminines en ne faisant qu’une bouchée des françaises. Dans l’équipe de 2023, championne du monde comme dans celle de 2024, on peut trouver six titulaires formées au jeu de Barcelone.
La Roja a la certitude de Barcelone tout en sachant que le Mondial 2019 avait annoncé une équipe qui aimait se battre, bousculant les USA en 1/8e , ne perdant qu’avec deux pénaltys américains bien discutés et discutables.
Le coaching français mis à mal
Face à cela, la France, habillée de certitudes, s’est retrouvée totalement déshabillée par le jeu espagnol que la plupart des françaises connaissent pourtant bien, pour les avoir bataillées, lors des Euros des U19 (France 5 titres, Espagne 5 titres dont les derniers). Compétition alimentant les équipes A.
Vu le contenu et la facilité espagnole, il est impossible de ne pas remettre en question le coaching et l’analyse d’Hervé Renard comme de son staff. L’Espagne, dans cette rencontre, a joué comme elle a l’habitude de faire quand les Bleues se sont trouvées dans l’incapacité de leur opposer quoi que ce soit, pas loin du ridicule si on attend des émotions et de la concurrence sportive.
Corinne Diacre aurait fait cela, elle se serait retrouvée « Place de la Révolution » des réseaux sociaux. Aujourd’hui, rien ne transparait des médias nombreux et officiels qui suivent maintenant les Bleues.
Comparée à la liberté de ton utilisée par les espagnoles et le silence français, on ne voit pas comment cela peut changer en l’espace de cinq mois, pour les JO à Paris, qui est le système le plus sélectif des compétitions, du fait que douze équipes dans le Monde, peuvent concourir.
Le système étant plus ouvert pour les Mondiaux comme pour l’Euro, les vérités ne sortant alors qu’à partie des 1/8e ou des quarts.
Des joueuses dépassées.
Autant les françaises avaient montré de l’envie face à la puissance allemande en demi-finale ; autant là, à aucun moment, elles n’ont trouvé de réponse au pressing haut et intensif de l’Espagne, sans qu’elles, n’aient pu montrer de stratégies pour empêcher le jeu espagnol.
Mentalement, elles semblaient Ko debout, sans solution physique, tactique et mentale.
Chacune se disant que le duel perdu n’était qu’un morceau de terrain de retard, espérant que la coéquipière fasse le travail d’interception. Ce qui n’arrivait pas, puisque comme un fluide de victoires peut encenser le monde, celui de la défaite a la capacité de limiter les responsabilités de chacun, les remettant à d’autres.
A comparer avec le succès récent des athlètes féminines de Biathlon, pourtant en conflit interne entre Julia Simon et Justine Brasaz-Bouchet, dans des conditions d’entraînement ramenées à la plus simple expression, à tirer un landeau fabriqué pour un dénivelé de 1.000 mètres à grimper, en pleine nature montagneuse, avec juste le sourire aux lèvres qui donnera la et les médailles au cou.
On s’interroge sur ce décalage, cette maturité, la notion vécue de sport de haut niveau, entre les deux types de sportives.
Parce que, au final, je ne crois pas avoir vu, comme les 1.700.000 téléspectateurs sur W9, une équipe de France plus affaiblie par l’adversaire et plus faible, depuis les dix dernières années.
Le rebond ?
Les Bleues, ne manquent pas de communication mais c’est l’univers des rendez-vous manqués.
Emotionnellement, si elles n’étaient pas de la famille du football, premier sport en France, elles seraient dans les oubliettes du monde sportif. Derrière le hand, multi médaillées, le basket qui monte en niveau, le judo et l’escrime.
Je ne sais pas si elles se rendent compte de la chance médiatique de cette différence mais surtout de son revers.
Donnant un matelas financier hors norme avec des salaires mensuels à 30.000 euros de moyenne, uniques dans le monde collectif féminin, pouvant être le déclencheur d’un état d’esprit insidieux, concernées par les effets de lumière, de consommation et d’intérêts les éloignant de la réalité sportive du haut niveau dont on dit qu’elle doit être concentrée dans un seul domaine si elle veut dominer.
Revenons sur la comparaison avec le biathlon. L’arrivée des joueuses en Equipe de France est tout autant un défilé de mode qu’une arrivée sportive. A l’opposé, les commentaires des vosgiennes sont toujours justes et précis, en cas de victoires comme dans la défaite. Loin des phrases des zones mixtes du football, renvoyant au lendemain, puis au lendemain. A croire que le football ne veut pas dire de vérités, celle vécue.
C’est compliqué d’avoir deux personnalités. Une vécue, l’autre vue par les autres.
Est-ce que les joueuses françaises ont les capacités mentales et psychologiques de vivre intensément et avec réussite dans les deux mondes, pour le plus haut niveau. C’est une question ?
Le rebond peut arriver. L’Allemagne l’a eu. Face aux Pays-Bas (0-2), après la déconvenue contre la France (2-0). Il reste que les Pays-Bas sont douzième FIFA et que l’Allemagne pointe à la 6e place.
Là, les Bleues sont 3e, étaient à la portée d’une seconde place mondiale jamais obtenue et aurait pu prendre la première. Du jamais vu.
AU final, et un peu comme d’habitude : rien. Et là, pire rien à contester, à espérer, à souhaiter. Le vide intersidéral pendant quatre vingt dix minutes. Les hommes l’ont fait en 2022 (80′ sans rien) face à l’Argentine mais ils avaient un joueur pour faire exploser les compteurs. Là, c’était rien.
Cela me fait penser à la phrase de Philippe Bergerôo, au lendemain des JO de Rio (2016) et dans la continuité de la défaite en quart face à l’Allemagne, au Mondial 2015. « Cette équipe a un problème mental ». Cela lui avait couté sa place. Olivier Echouafni s’y s’est cassé les dents (2017). Corinne Diacre a géré rigoureusement mais souvenez-vous du match face à l’Allemagne en demi de l’Euro 2022 où la France s’était faite avaler par la Mannschaft.
Hervé Renard a joué affectivement. Le résultat est le même. « Cette équipe a un problème mental ».
Je ne sais pas si ce ne sont pas les seuls mots à retenir pour comprendre ce contenu de la première finale française de la Ligue des Nations Féminines.
William Commegrain Lesfeminines.fr
ESPAGNE (2-0) – FRANCE : Finale de la Ligue des Nations féminines. La Cartuja de Sevilla – Espagne – 32.657 spectateurs. Arbitre: Tess Olofsson, Almira Spahic, Francesca Di Monte. Cartons jaunes : 56′ Battle ; 66′ Diani.
Espagne : Coll – Batlle, Paredes, Panedas, Olga (68′, Oihane)- Bonmati, Aleixandri, Hermoso (85′ Vicky) – Athenae (73′, Eva Navarro), Paralluelo, Caldentey. Coach : Montserrat Tomé.
France : Peyraud-Magnin – De Almeida, Lakrar, MBock Bathy, Karchaoui – Henry (58′, Dali), Geyoro, – Diani (77′ Dufour) , Le Sommer, Bacha (majri, 77′) – Katoto (58′, Cascarino) Coach Hervé Renard