Plutôt que de proposer des cycles sur une saison, il me parait plus juste d’élargir la réflexion en prenant exemple sur les cycles de vie qui animent chacune de nos performances. En appliquant le concept, à mon sens, celle qui a réussi la meilleure progression sur les cinq dernière années est la parisienne Grace Geyoro (PSG).

On vit par cycle : lancement, croissance, maturité, déclin

Une carrière s’envole sur cinq années. un peu comme un concept marketing, elle suit une courbe connue avec une phase de lancement, puis une période de croissance qui met « le concept » au niveau qu’il doit atteindre pour ensuite naviguer dans un range ou canal avec des moments plus faibles et d’autres plus forts qui est identifié comme la phase de maturité pour se terminer par une pente descendante, inévitable, liée au déclin.

Si on applique ce concept d’analyse au sport de haut niveau, on s’aperçoit que la phase de lancement et de croissance sont souvent courtes, amenant très rapidement le joueur ou la joueuse sur un terrain de maturité avec ses exploits et controverses. Une phase que le sportif ou la sportive essaiera de maintenir le plus longtemps possible puisqu’avec le déclin et l’arrivée de nouvelles joueuses, la dernière partie est faite de très peu de temps.

Chez certains et certaines, il y a aussi comme une relance, une innovation et on trouve des joueuses qui vont encore aller plus haut ou plus loin, en apportant des nouveautés ou de nouvelles performances.

Quelle est la joueuse française ou étrangère évoluant en D1F ayant réalisé le meilleur cycle ?

Sur les cinq dernières années, quelle est la joueuse française ou étrangère évoluant en D1F Arkema à avoir évolué pour être le symbole de cette plénitude sportive ?

Ada Hegerberg

Si le décompte se fait à partir de la Coupe du monde 2019 en France, on ne peut pas mettre Ada Hegerberg (28 ans), blessée pendant dix huit mois et en difficulté de jeu avec son équipe nationale. Elle aurait plutôt pris le leadership de la génération précédente, avec le premier Ballon d’Or 2018, cherchant à l’image d’une Gaetane Thiney (38 ans), à revenir avec des propositions différentes dans son jeu. Avec réussite, menant le classement des buteuses pour la norvégienne, meilleure passeuse par la parisienne du « Certifié Paris », soit le Paris FC.

Marie-Antoinette Katoto

De la même manière, je ne mettrais pas Marie-Antoinette Katoto (25 ans), blessée pendant plus d’une année, bien partie pour obtenir ce leadership avec son travail d’appui mais, toujours à la recherche d’une performance quand on la sort du championnat français, soit en Coupe d’Europe ou avec l’Equipe nationale.

Kadidiatou Diani

Kadidiatou Diani (28 ans) pourrait aussi venir à l’esprit avec une Coupe du monde 2019 de qualité. Si elle avait pu jouer la demi-finale 2021 face à Barcelone (blessée en quart) et aider le PSG à gagner, elle aurait eu une courbe de maturité européenne et alors, rien ne lui aurait été impossible. Le monde du PSG aurait été différent. A mon sens, le PSG aurait gagné contre Chelsea et pris leur première coupe d’Europe.

Selma Bacha

Sur le plan lyonnais, une joueuse, dans ma réflexion, a un cycle de vie au meilleur niveau : Selma Bacha (23 ans). Avec les Bleues, elle a explosé derrière comme devant. Rarement pris à défaut, essentielle sur les coups de pied arrêtés à donner des balles de but à Wendy Renard, cette jeune joueuse a explosé et mis sa courbe de maturité haute, au niveau européen.

Pourtant elle n’est pas sollicitée plus que cela par les clubs aux ambitions européennes qui ne manquent pas de choisir les meilleures joueuses. On peut en déduire qu’il lui manque quelque chose, que les scouts étrangers espèrent voire aboutir. Peut-être un jeu moins instinctif, plus réfléchi pour un football féminin qui se joue maintenant comme le masculin. Par phases construites et réfléchies. Un peu comme Messi, marcher pour regarder et tuer le match.

Grace Geyoro

A mon avis la joueuse qui a explosé sur ces cinq années de sport de haut niveau, n’est autre que Grace Geyoro.

La parisienne de 26 ans, déjà 12 saisons au PSG, est l’exemple de progression à suivre pour toute joueuse ayant des ambitions européenne et mondiale. Ce qui est intéressant dans son profil, c’est son évolution personnelle. Joueuse qui ne dépassait jamais les trente mètres adverses, assurant des passes millimétrées du plat du pied, avec un jeu entre six et huit, pour passer d’une joueuse au souffle inépuisable, avec une force et puissance dans ses appuis, et finir par entrer aisément dans cette surface et marquer des buts essentiels pour le PSG comme pour les Bleues.

Dans cette évolution, il y a elle, mais tout autant le PSG. Olivier Echouafni et son staff qui l’on propulsé vers cette nouvelle dimension et je rajouterais l’environnement du PSG pour avoir entendu, une fois, Laure Boulleau, commenter et espérer qu’elle entre dans cette surface pour marquer.

Visiblement cette joueuse écoute, apprend et veut aller vers une meilleure performance. Il reste une question à se poser, peut-elle innover et remonter d’un ou plusieurs crans sa courbe de maturité ? C’est là, où certains l’attendent : avoir conscience de son leadership et l’utiliser sur le terrain, soit, sortir du consensus pour revendiquer et ordonner.

Si j’étais la fédération, je créerais une récompense qui mette en valeur un cycle, plus qu’une saison.

Je ne pense pas que beaucoup -même les lyonnais- discutent de ce choix de Geyoro.

William Commegrain Lesfeminines.fr