L’Angleterre (3-1) a trépassé l’Australie, certaine d’être l’élue du titre mondial 2023 et prête à recevoir des coups pour l’obtenir sans oublier de s’imposer sur son adversaire, anglophone, australien.

Là, il y avait une nation entière devant l’écran.

L’habituée des demi-finales mondiales, une récente habitude commencée en 2015 au 7e mondial (3e) avec Mark Sampson, répété en 2019 en France (4e)sous le coaching de Phil Neville, s’est imposée sur la durée (3-1) face à l’Australie, pays hôte qui a réuni, près de 42% de sa population devant l’écran. Un pic à 11.5 millions de personnes pour un peuple d’un peu plus de 25 millions.

Un record pris sur les deux matches de tennis qui restaient la référence : le sacre d’Ashleight Barty à l’Open d’Australie en 2022 ou que la défaite en finale de Lleyton Hewitt à Melbourne en 2005.

L’Australie est un peuple sportif. La nature surreprésentée en est peut-être une raison. L’être humain est avant tout un corps plutôt qu’une raison comme les villes nous construisent en Europe.

L’Australie a eu des gestes qui resteront en mémoire

L’Australie s’est battue et les gestes de certaines de ses joueuses resteront en mémoire. Comme un plat aimé et apprécié. Il y a eu du talent du côté de Mary Fowler. Un toucher de balle après des contrôles où l’adversaire la bouscule et une passe millimétrée qui semble être, une évidence, rassurante pour ses coéquipières.

Durant ce mondial, elle a transformé le difficile en facile. Une artiste. Sans elle, la France passe ses quarts. Il faudrait trouver l’explication comment une jeune joueuse, formée à Montpellier pendant trois saisons (2020, 2021, 2022) explose comme elle explose, sous les couleurs de Manchester City ?

Les chevauchées de la néo-française, Carpenter (OL), au nom avec une sonorité très française, Charpentier et qui court et court sur son aile droite, comme une trois-quart, sachant associer la vitesse et la force. Sam Kerr, jamais là mais comme un esprit maori, toujours présente et qui pour son seul match, sort l’extraordinaire que personne, à sa place, n’a jamais fait à part Amandine Henry en finale de la WCL de 2022. Il y a aussi le calme de la gardienne, Arnold. Sécurisante. Présente. Rassurante.

Il y a la petite, la toute petite, Katrine Gorry, 155, milieu défensif, ravageur. La plus petite de l’équipe qui a dû inspirer un grand nombre de petites filles, bousculées à la petite ou grande école, voyant dans l’impact de cette joueuse du club suédois de Vittsjo, une manière d’exister et de gagner.

L’Australie avait des armes et le but égalisateur de Sam Kerr (Chelsea) est un modèle d’envie mais l’Angleterre est arrivée en terrain conquis.

L’Angleterre s’est déclarée propriétaire du titre mondial féminin.

Les anglaises sont en mission, non pas demandée par la coach et la fédération (FA) dont le Président n’est autre que le Prince de Galles, mais ressentie et animée par leur motivation interne. Ce groupe, avec le bonheur vécu de l’Euro 2022, un an après, est convaincu qu’il possède les armes pour gagner ce mondial.

Et pourtant ce n’est pas faite d’avoir eu des blessées. Williamson, sa capitaine. Beth, meilleure joueuse FIFA 2022. Et d’autres.

C’est tellement évident que sa coach, Sarine Wiegman, à l’évidence, starifiée devant l’adresse de la FA, à St. George’s Park, si d’aventure -ou plutôt de raison-, l’Angleterre prend le titre dimanche, n’intervient quasiment jamais dans les moments du match.

Elle s’inquiète dans les moments difficiles, sourit dans ceux plus faciles, mais comme une mère, comme le faisait la distinguée allemande Silvia Neid (meilleur coach 2016), elle laisse ses joueuses à leurs expressions mentales personnelles.

Elle leur fait confiance.

Si dans le coaching du football féminin, il y a une différence. Elle est là.

Mais cela ne serait pas suffisant si, en fait, elles n’avaient pas des joueuses qui avaient confiance en elles. Elles se battent, elles reçoivent des coups, mais au final, elles jouent pour gagner et pas pour être contestées. Laura Hemp l’a montré. il en suffit d’une, jamais la même.

Mais si vous regardez, les trois buts, sont trois buts d’attaquantes : Ella Toone, Lauren Hemp, Alexia Russo. Et Sam Kerr pour l’Australie. Peut-être le seul match où les buteuses étaient toutes offensives. Elles voulaient marquer.

Les Australiennes savent ce qu’il nous manque.

Les comptes twitter ont fait fleurir les français dans ce qu’il faudrait, et ce qu’il faudrait. On voit même de haute responsabilité dans d’autre sports intervenir, histoire de mettre le sel là où il ne le faut pas et se garder de l’avoir dans sa propre maison.

Depuis 2013, en stoppant Bruno Bini, on a planté la seule équipe qui aurait pu gagner un Mondial. Les joueuses françaises savaient qu’elles étaient meilleures. Les autres aussi.

Il faudrait mettre un grand coup de pied « aux fesses » à ceux qui ont manœuvré, directement, pour au final, ne rien gagner. Bien entendu, pour l’équipe de France.

Maintenant, si vous voulez savoir la différence entre un quart de finaliste et un finaliste voire un gagnant, demandez aux australiennes. Et surtout arrêtons de dire n’importe quoi, même si ce qui veut être entendu par la masse.

En quart, elles nous ont éliminé, et on a parlé de nation entière contre nous. Alors qu’est-ce que c’était pour les anglaises en demi-finale ? 42% de la population devant l’écran ! Un stade de 75784 spectateurs à Sydney quand le nôtre a touché les 49461.

Au final (3-1) et la finale à l’Angleterre.

Il faut demander aux australiennes. Elles, savent la différence entre la France et l’Angleterre.

A mon avis, l’Angleterre prend des coups mais elle sait s’imposer et gagner. Nous, nous sommes encore dans la bagarre. On ne sait pas gagner quand il y a de la bagarre. On sait jouer mais on ne sait pas gagner.

L’équipe de 2013 savait gagner.

Aujourd’hui, elles ont tout « plus », les adversaires se sont améliorées, mais elles font moins. Avec plus, elles font moins.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Les meilleurs moments par la FIFA

Australie – Angleterre | Demi-finales | Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Australie & Nouvelle-Zélande 2023™ | Résumé vidéo | Stream with FIFA+

Fiche technique :

Coupe du Monde de la FIFA – Australie/Nouvelle-Zélande 2023 – Demi-finale
Mercredi 16 août 2023 – 20h00 locales (12h00 françaises) (En direct sur M6)
AUSTRALIE – ANGLETERRE : 1-3 (0-1)
Sydney (Accor Stadium) – 75 784 spectateurs
Arbitres : Tori Penso (États-Unis) assistée de Brooke Mayo (États-Unis) et Mijesa Rensch (Surinam). 4e arbitre : Yoshimi Yamashita (Japon). 5e arbitre : Makoto Bozono (Japon)
Arbitres VAR : Massimiliano Irrati (Italie) assisté de Carol Ann Chenard (Canada) et Kathryn Nesbitt (États-Unis). Arbitre suppléant VAR : Drew Fischer (Canada)

Buts
0-1 Ella TOONE 37
1-1 Sam KERR 63′
1-2 Lauren HEMP 71′
1-3 Alessia RUSSO 86′

Avertissement : Alex Greenwood 10′, Alessia Russo 80 ‘, Chloé Kelly 90’+4 pour l’Angleterre ;

Australie
18-Mackenzie Arnold ; 21-Ellie Carpenter, 4-Clare Polkinghorne (10-Emily Van Egmond, 81′), 15-Clare Hunt, 7-Steph Catley ; 16-Hayley Raso (5-Cortnee Vine, 72′), 23-Kyra Cooney-Cross, 19-Katrina Gorry (8-Alex Chidiac, 88′), 9-Caitlin Foord ; 11-Mary Fowler, 20-Sam Kerr (cap.). Entr.: Tony Gustavsson
Non utilisées : 1-Lydia Williams (G), 12-Teagan Micah (G), 2-Courtney Nevin, 3-Aivi Luik, 6-Clare Wheeler, 13-Tameka Yallop, 17-Kyah Simon, 22-Charlotte Grant, 14-Alanna Kennedy (malade)

Angleterre
1-Mary Earps ; 16-Jessica Carter, 6-Millie Bright (cap.), 5-Alex Greenwood ; 2-Lucy Bronze, 8-Georgia Stanway, 4-Keira Walsh, 9-Rachel Daly ; 10-Ella Toone (3-Niamh Charles, 90′) ; 23-Alessia Russo (18-Chloe Kelly, 87′), 11-Lauren Hemp. Entr.: Sarina Wiegman
Non utilisées : 13-Hannah Hampton (G), 21-Ellie Roebuck (G), 12-Jordan Nobbs, 14-Lotte Wubben-Moy, 15-Esme Morgan, 17-Laura Coombs, 19-Beth England, 20-Katie Zelem, 22-Katie Robinson, 7- Lauren James (suspendue).