Une équipe SDF au Canada
L’adversaire des Françaises, le Canada (6e FIFA) est une équipe bizarre. Différente des autres. Le football féminin existe si peu au Canada, que sur le site internet de la fédération canadienne, ils ont tout simplement oublié d’insérer le profil d’Ashley Lawrence (PSG – voir en bas de l’article la liste sans la canadienne) dans la sélection qui viendra en France !
On parle d’une joueuse à plus de cent sélections ! Pourtant bien présente avec le Canada sur twitter (tweet du 7 avril) !
C’est assez simple à comprendre. La personne a dû prendre la liste des billets d’avion puisque la canadienne, championne olympique, joue en France depuis 2017 ! Mais même là, avec Vanessa Gilles (OL) dans la liste, on a du mal à comprendre. Tous simplement, personne ne s’en occupe sérieusement, personne ne lit pour relever l’anomalie. Personne ne voit.
Exactement la caractéristique des SDF. Anonymes dans une ville pleine.
On va dire que c’est la démission récente du Président de la Fédération canadienne, Nick Bontis (27 février) suite au conflit avec l’équipe nationale féminine ou un partisan confidentiel, dans l’esprit « Trumpiste » qui a décidé sa petite sanction individuelle comme plutôt, la preuve d’une négligence habituelle.
Mal tombée, la joueuse canadienne est excellente en France, joueuse cadre du Paris Saint Germain et de l’équipe nationale. Un club, Top 5 mondial, loin d’être anonyme sur le plan mondial, surtout pour une fédération de football !
Rendez-vous compte, sans cette situation, qu’elle a réussi l’exploit de gagner les Jeux Olympiques de Tokyo (2021) en n’ayant aucun championnat domestique professionnel, similaire à une D1F Arkema ou à une D2F. Pourtant les chiffres canadiens sont de 900.000 adhérents quand la France est à 2 millions. Une statistique bien placée, beaucoup de fédérations mondiales sont à moins de 500.000, sans les mêmes titres.
SDF car sans domicile fixe.
Sur les vingt-cinq joueuses sélectionnées par Bev Prietsman (Anglaise), seules deux jeunes sont issues du championnat universitaire … américain (Simi Awujo, 19 ans, University of Southern California et Jade Rose, 20 ans, Harvard University). Toutes les autres évoluent à l’étranger.
Neuf en NWSL « from USA » (Amanda Allen, Gabrielle Carle, Allysha Chapman, Sydney Collins, Jordyn Huitema, Sophie Schmidt, Kaiken Sheridan, Bianca Saint Georges, et la célèbre capitaine Christine Sinclair, 39 ans, meilleure buteuse mondiale de l’histoire). La FAWSL de nos voisins anglais représente le deuxième contingent avec cinq joueuses (Jessie Fleming, et Kadeisha Buchanan, Sabrina D’Angelo, Adriana Léon et Jayde Rivière) suivis de la Suède (Sura Yekka, Evelyne Viens, Clarisse Larisey) et de manière surprenante le Portugal (Marie-Yasmine Alidou d’Anjou, Cloé Lacasse, Lysiane Proulx).
Pour la France, nous avons Vanessa Gilles (OL) et Ashley Lawrence (PSG) quand l’Italie reçoit Julia Grosso (Juventus).
Et pourtant de la performance
Pourtant, retenez qu’elle a la particularité unique d’être la seule équipe féminine mondiale, à avoir obtenu une médaille aux trois derniers jeux Olympiques. Le bronze en 2012 (Londres), le même métal en 2016 à Rio pour finir par l’Or en 2021, à Tokyo. Même les USA (sortis en 2016) et la Suède (absent en 2012), n’y sont pas arrivés.
Rendons grâce aux meilleures, sur la série des sept JO de l’Histoire, les USA et l’Allemagne ont réussi une série continue de médailles sur trois olympiades. On parle là, de la première et seconde équipe mondiale depuis le classement FIFA.
À resituer avec un Canada (2016-2018) qui a navigué de la 4e place à la 11e mondiale (2009) et qui n’est pas la meilleure équipe mondiale.
Les joueuses canadiennes jouent ailleurs et partout dans le monde.
Un constat qui a amené, l’ex-internationale, Diane Matheson à proposer la création prochaine d’une compétition féminine professionnelle (2025) dont on ne sait si elle aura une réalité.
Cette équipe a du caractère
On leur a souvent reproché d’avoir gagné cette médaille au combat. Elles sont bien obligées, tant elles semblent ignorées à demeure. Elles ont bien essayé d’obtenir, avec un préavis de grève, mais sont vite revenues sur le terrain.
Les joueuses de l’équipe canadienne de football mettent fin à leur grève (lemonde.fr)
Un combat que les Américaines, là où la plupart évoluent, ont communiqué sur leurs réseaux confidentiels, après qu’elles aient reçu au cou, la médaille d’Or en 2021.
Une compétition faite de petits scores. Des matches de groupe aux détails. (1-1) contre le Japon, tombée Top 10 mondial après un titre en 2011 et une finale olympique (2012). Une modeste victoire contre le Chili, éloignée au classement FIFA (2-1) et un nouveau match nul contre la Grande-Bretagne (1-1).
Avec un tel premier parcours, rien ne prédestinait le Canada à jouer l’Or face à la Suède. En quart, les voilà opposées au Brésil, un match qui se termine aux tirs au but (0-0, 4-3) pour un combat d’anthologie, en demi-finale face aux voisines américaines qu’elles n’avaient pas gagnées depuis 20 ans et terminées victorieusement sur un but de Jessie Fleming (1-0).
Même là, aucun raz de marée dans ce grand pays fait de 35 millions d’habitants avec plus de 11.000 lacs.
Quand l’Or sera gagné aux tirs au but face à la Suède dans un duel onirique entre la gardienne Stéphanie Labbè et la capitaine suédoise, Caroline Seger, star mondiale, dernière tireuse, ratant le cinquième pénalty de la gagne (1-1, 3-2), toutes les deux coéquipières au FC Rosengard ; aucun cil canadien n’a laissé une larme couler.
Le constat est réel. Le football féminin au Canada, malgré l’organisation d’une Coupe du Monde 2015, n’existe pas. C’est d’ailleurs ce que disaient les joueuses françaises, lors de leur promenade dans leurs hôtels. Elles y naviguaient de manière totalement anonyme.
Ce qui justifie le titre, le football féminin, SDF au Canada.
Au bilan, elles n’ont rien et ont obtenu titre et médailles.
Le Canada, une équipe au caractère courage.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Extrait du site internet canadasoccer.