Lorsque le tableau d’affichage affiche les dernières minutes du match, les Bleues de Corinne diacre ont fait le résultat que la différence de classement demandait entre la France (5e) et l’Uruguay (67e au classement mondial).
Des joueuses qui rectifient et améliorent
Le contenu a été intéressant avec vingt minutes sans grande occasion montrant que les sud-américaines avaient du caractère dans le sang, justifiant leur courte défaite face à la Norvège dans la première rencontre de ce 3e Tournoi de France, gagné par deux fois par la France. Et surtout un contenu démontrant que, même face à des équipes classées très loin, la dimension physique, athlétique et technique sont maintenant présents chez les adversaires d’un match international féminin.
On ne pourra plus écrire « qu’il a fallu attendre » la 26′ (1-0) pour voir l’ouverture du score de Kessya Bussy (Stade de Reims) parce qu’il n’y a plus rien à attendre si tu ne vas pas le chercher tout simplement !
Et la jeune rémoise (21 ans), pour sa 6e sélection, au physique de pinson dans un football vitaminé à la créatine, est allée chercher ce but qui s’offrait, devant Sandie Toletti, prête à la mettre au fond.
Le second viendra de Lindsey Thomas, à la faute précédemment sur un centre en retrait qu’elle aurait dû adresser à Sandie Toletti, toujours là, trois mètres derrière en général, plutôt que de trouver droit. La joueuse du Milan AC n’a pas refait la même erreur ; une erreur que personne ne lui reprochait sauf qu’elle, avec un esprit de perfection, s’était infligée. .
Dans un de ses nombreux autres débordements, plutôt que de centrer droit, elle a bien cherché derrière, et Kenza Dali (34′, 2-1), a pu la mettre au fond, deux minutes après que l’Uruguay ait égalisé (32′, 1-1) sur une balle en retrait d’Hawa Cissoko, oubliant que si l’Uruguay a une qualité, c’est sur la vivacité de ses appuis.
Luciana Gomez, dix mètres derrière la balle, avait senti le retrait, anticipée la longue passe, et dans ses jambes, le feu pour aller la chercher et égaliser (32′ 1-1).
Reprendre l’avantage deux minutes après une égalisation, c’est plutôt un avantage. Et savoir que tout vient d’une longue balle de Wendie Renard, la capitaine, montre que les Bleues ressemblent à un troupeau d’éléphants sous la direction matriarcale de leur leader : Wendie Renard (140 sélections et 33 buts).
C’est d’autant plus vrai qu’elle plantera le 3e à la 43′ (3-1).
Là aussi, sur un excellent corner de Kenza Dali, et comme Lindsey Thomas, se concentrant pour ne pas refaire la même erreur quand l’opportunité s’était présentée dix minutes plus tôt. Elle avait fait la tête un peu avant de l’avoir, la prenant tête trop baissée, au-dessus du crâne, cou tendu et tête au-dessus.
Là, elle attend, et renvoie cette balle, déposée une seconde fois par Dali, au fond des filets.
Là aussi, ce qui est intéressant, c’est l’analyse individuelle des deux joueuses (Lindsey Thomas et Wendie Renard) à comprendre le pourquoi du comment et à rechercher, ensuite, une meilleure efficacité.
Une équipe changée et qui rechange : adaptabilité.
Huit joueuses n’avaient pas joué la première rencontre. Cela a fait une nouvelle équipe et pourtant, le jeu n’a pas démérité. Cinq joueuses ont changé en seconde mi-temps, et l’ensemble n’a toujours pas démérité.
A la mi-temps Corinne Diacre va changer beaucoup de choses mettant même Julie Thibaut, sur la gauche dans une défense à trois quand le match précédent, la bordelaise avait été placée à droite. On l’a vu, pour sa deuxième sélection, être très scolaire, appliquée dans ses plats du pied et gestes, consciente que cela avait coûté sa première mi-temps à Hawa Cissoko.
Le milieu tourne bien. Les joueuses qui entrent cherchent à appliquer les nouvelles consignes de la mi-temps et Sandy Baltimore a lâché des tirs cadrés bien plus nombreux, avec Sandie Toletti comme Kenza Dali et Delphine Cascarino.
L’ex-montpelliéraire, championne du monde U17 en 2012, partie en Espagne, joueuse du Real Madrid, a fait une Amandine Henry en envoyant avec la même fougue et le même feu, un boulet qui est parti puissant puis resté dans la ligne, en ayant pris soin de ne pas trop enlever son tir, et toujours ce poids dans la cuisse.
La balle est montée puis est descendue d’un mètre seulement, après avoir lobé la gardienne (4-1, 71′). Sans perdre de puissance.
Le cinquième viendra d’un centre sur la droite, là encore de Lindsey Thomas, déposé sur la tête de Naomie Feller, tout juste entrée et buteuse, plus sur une erreur de la gardienne que sur une tête vengeresse. Peu importe, c’est toujours bon signe de marquer pour sa première sélection, Gaetane Thiney l’avait fait (163 sélections, 58 buts), Kadi Diani (81 sélections, 22 buts) aussi. Des références plutôt significatives.
En fait, sans le vouloir mais de manière irréductible, les vingt-six Bleues sorties du chapeau de la sélectionneuse, ont mis définitivement à la retraite des joueuses excellentes comme Amandine Henry, Gaetane Thiney, Eugénie Le Sommer.
Qui peut reprocher à ces joueuses de faire partie des Bleues de France ?
Après, à elles d’écrire leur Histoire.
Si on prend une image de montagne. Elles ont gravi le Kilimandjaro. Il va falloir aller chercher l’Everest pour le titre et un huit mille pour une médaille.
Ce n’est pas facile.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Fiche technique
Samedi 18 février 2023, Angers (stade Raymond-Kopa)
3e édition du Tournoi de France féminin – 2e journée
FRANCE – URUGUAY : 5-1 (3-1)
Spectateurs : 9 070
Arbitre : Lorraine Watson (Écosse)
Buts : Bussy (26e), Dali (34e), Renard (43e), Toletti (71e), Feller (79e) pour la France ; Gomez (32e) pour l’Uruguay
Avertissements : Geyoro (39e) à la France ; Martinez (24e), Velasco (27e), Farias (31e), Lacoste (35e), Ramondegui (38e), Lemos (65e) à l’Uruguay
FRANCE : Picaud – Lakrar, Renard (cap.), Cissoko puis Thibaud (46e), E. Cascarino puis Sarr (81e) – Toletti puis Hamraoui (81e), Dali, Geyoro puis Baltimore (46e) – Asseyi puis Feller (69e), Thomas, Bussy puis D. Cascarino (46e). Sélectionneure : Corinne Diacre
URUGUAY : Olivera (cap.) – Martinez, Ramondegui puis Tregartten (46e), Farias, Ferradans – Lacoste, Bermudez, Velazco puis Rolfo (63e) – Gomez, Aquino, Lemos. Sélectionneur : Ariel Longo