Trois joueuses me semblent ressortir de ces deux dernières journées du championnat français de l’élite féminine.
Wendie Renard est une star du football féminin
La première est connue comme adulée des lyonnais. Wendie Renard. 8e du Ballon d’Or 2022, en défaillance face à Arsenal à domicile (1-5), auteure d’une passe hasardeuse qui donna le quatrième but de Foord (67′).
Dès le match suivant, elle réussira l’exploit de faire une superbe passe à Lindsey Horan, pour le premier but lyonnais (0-1) face à la Juventus et le dimanche dans la foulée, c’est elle qui sort l’Olympique Lyonnais de l’embarras en mettant le seul but de la rencontre à la 90’+3 (1-0).
Confirmant ainsi la première place lyonnais quand le nul qui s’annonçait mettait l’OL et le PSG à égalité parfaite et permettait au Paris FC (-2) de croire en ses chances, à une encablure des deux habituels premiers et second de la D1F Arkema.
Au four et au moulin, portant même Selma Bacha sur son dos, musculairement blessée à la fin du match européen face à la Juventus. Indisponible pour deux à trois semaines.
Cette joueuse est une joueuse à part dans le monde du football. A chaque fois que l’OL a failli tomber, je l’ai toujours vu réussir l’exploit de remettre son équipe sur les rails gagnants.
C’est une star.
Mathilde Bourdieu montre une confiance et une compétence en Or
La seconde est bien moins connue. En fait, on ne sait pas réellement quel est son niveau et un appel en Equipe de France A par Corinne Diacre permettrait d’avoir une première réponse. Si on peut écrire ne pas connaître son niveau, c’est bien entendu pour la situer face aux meilleures défenseures du monde dans le cadre du prochain mondial 2023 et des JO 2024.
Il s’agit de Mathilde Bourdieu (23 ans), en étude de kiné, depuis sept saisons au Paris FC. Ce n’est pas une joueuse aux statistiques extraordinaires, avec une grave blessure au genou en 2021, sept buts en 2022 et quatre en six journées mais elle possède une détermination incroyable quand elle joue.
Son dernier but face à Montpellier est un exemple à suivre pour tout sportif ou sportive dans l’exercice de son sport.
Elle reçoit la balle en mouvement vers l’avant. Son adversaire, une joueuse expérimentée de D1FArkema est mangée par l’intention de la parisienne qui bute sur elle sans pour autant dévier de son intention : avancer. Luna Gevitz, 28 ans, s’essaye à l’impossible. La retenir par le maillot, elle qui a déjà un bon mètre d’avance.
Il reste de l’espace, avant une très bonne gardienne : Lisa Schmitz (30 ans). Mais pas tant que cela.
L’attaquante parisienne pourrait envoyer un boulet de canon. C’est d’ailleurs souvent sa marque de fabrique.
Elle lève la tête, voit la position de la gardienne, une possibilité qui s’offre. Elle la joue extérieur et ouvre la marque pour le Paris FC à l’extérieur (0-1) sur un match qui se terminera à (1-3).
Ce mouvement d’horloge, associant envie, lecture, opposition et finalisation, dans n’importe quel sport, reflète de la compétence et de la confiance. Des armes essentielles pour postuler au plus haut niveau.
Gaetane Thiney rate si peu de choses qu’on pourrait écrire qu’elle ne rate rien
Historiquement, si vous allez regarder ses titularisations depuis 2001 sur le site footofeminin, vous remarquerez qu’elle a joué depuis maintenant un peu plus de 20 saisons, quasiment tous les matches de chaque saison, sur les vingt-deux matches possibles. Les seuls trous sont dus au Covid, avec un arrêt de la compétition en 2020 et son passage aux USA à la mi-saison en 2022.
Essentielle, jamais blessée, voilà une réalité.
Autre qualité du moment, à part Selma Bacha avec l’OL, je ne sais pas s’il y a une joueuse française qui est aussi précise sur les corners que la plus que trentenaire (37 ans) ? J’en doute ! Là, encore, c’est elle qui dépose la balle sur la tête de Théa Gréboval, peu habituée à se trouver aussi seule dans la surface de réparation adverse.
Regardez la puissance de sa passe. Cela me fait repenser à ces deux buts américains. Deux boulets de canon dont l’un sur coup franc. C’est le genre de joueuse dont on ne voudrait pas qu’elle vous botte les fesses.
Déposer un ballon sur la tête dans un fait de jeu que les féminines aiment le moins. C’est une qualité à retenir.
Autre souvenir récent, c’est sa maitrise face à l’adversité. La journée précédente, elle joue un ballon en profondeur pour Mathilde Bourdieu alors qu’elle l’a reçu en appui. Prise par une adversaire, au marquage serré. Sauf que l’expérimentée parisienne contrôle calmement, attend sereinement et de dos, ouvre sur dix mètres pour Mathilde Bourdieu, lancée comme un bulldozer et qui marquera dans la foulée.
L’adversaire a tout fait pour faire bien sans servir à rien. Dans la tête de la française, elle était bien présente sans être un souci. Une maitrise totale de la situation.
Au bilan, à 37 ans, elle a le talent d’être toujours aussi essentielle à son équipe en adaptant son jeu à ses possibilités du moment. Elle a su évoluer. Ayant compris que le sport de haut niveau, c’est faire la différence par rapport à l’autre et qu’avec l’âge, on utilise juste, pas les mêmes terrains de différences.
Si on doit la comparer à une image grand public, prenons la musique classique pour son côté organisé, codé, différent. Cette femme s’est transformée en premier violon, proche du chef d’orchestre. À son écoute et en même temps, libre d’écrire son talent.
Avec elle, on ne peut pas douter de sa capacité à être au niveau de ce que demande le très haut niveau. Le site de la fédération parle de 163 sélections pour 58 buts. La dernière remontant à novembre 2019 contre la Serbie.
Corinne Diacre nous a fait comprendre qu’elle construisait une équipe pour l’avenir, mais l’avenir c’est l’inconnu quand le présent pose questions.
À 37 ans et plus, quand tu agis, l’avenir n’a aucun sens. Tu es très présent dans le présent. Dans le réel.
Cela c’est une qualité pour le Paris FC. Cela pourrait être une qualité pour la France.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Footofeminin.fr – Gaëtane Thiney – Championnat de France de D1 2022-2023 (statsfootofeminin.fr)