Après l’annonce d’Alex Morgan, tout juste championne du Monde de sa future maternité. L’intention délivrée publiquement d’Amandine Henry, d’une envie de maternité et la dernière annonce de la gardienne de la Mannschaft, Almuth Schult (Wolfsburg), d’une future maternité. La situation n’est plus factuelle, la tendance réelle. Le prochain événement du football féminin sera celui des bébés.
Dans un monde réputée de femmes, le cri des bébés venait plus des tribunes. Là, où s’entasse gaiement la famille des joueuses, emportant frères et soeurs, accompagnant seuls un premier temps, puis au bras d’un homme ou d’une femme, les efforts de la petite soeur.
Là, sur le terrain, les joueuses, d’années en années, voyaient pousser les bambins des autres. La tête droite, les larmes le soir, au creux d’un canapé, maudissant ou non son coeur ouvert aux femmes pour certaines, la solitude du sport de haut niveau pour les autres. Une pratique qui a tout d’un usage militaire. Tout le temps ensemble, avec des femmes, loin d’un homme.
Les bébés des joueuses étaient rares.
Les joueuses ont envie de maternité.
Aujourd’hui, en 2019, Amandine Henry, capitaine de l’Equipe de France, tout juste 30 ans, le million certainement économisé après tant d’efforts, au bras d’un jeune homme qui semble son double, exprime dans les colonne du Parisien et auprès de Gala, de son envie de maternité. En plein football. Joueuse essentielle de l’OL, certainement la joueuse la plus connue aux USA, d’où elle est revenue avec quelques médailles. Pourtant, la blonde du Nord a le coeur maternel.
Le mariage entre couple du même sexe a facilité la chose
30 ans, bien plus tôt que ses aînées qui ont attendu de passer la barre des 35 ans pour pouponner. Lotta Schelin (35 ans) est allée au bout de son corps. Après l’Euro 2017, voilà l’ex-meilleure buteuse de l’Olympique Lyonnais, star suédoise, partie auréolée de l’Ol pour s’installer à Rosengard constater des « troubles de la vue ». Une pratique excessive du sport de haut niveau. « Je souffrais de douleurs au cou et à la tête depuis des années. J’ai vraiment atteint mes limites après une blessure en juin 2017 », affirme Schelin. « J’étais prise d’atroces maux de tête et je savais que je ne me sentirais pas bien à la fin des matches » se confie-t-elle sur le site de la FIFA. Partie à la retraite de ce jeu, elle s’engage avec sa femme dans un autre parcours et annonce la naissance d’un fils au lendemain du Mondial 2019.
L’évolution de la société a, sans souci, fait fleurir l’envie de maternité des couples sportifs homosexuels. En France, Amélie Mauresmo, en a été l’exemple le plus brillant. Mère, coach, professionnelle, responsable un moment de l’équipe de France féminine pour l’être ensuite de l’équipe masculine. Mais une maternité bien après la compétition avec sa compagne et femme.
Les enfants après le sport
La nouveauté est ailleurs. Les joueuses attendaient la fin de carrière pour se faire un don. Une attente prononcée de plus en plus jeune. Jessica Houara d’Hommeaux (32 ans) répondait aisément après son mariage (2014) que dans ses projets, l’envie de maternité était très présent. Une envie forte que la raison repoussait à une fin de carrière sportive. Elle qui découvrait sur le tard, l’attrait des Bleues et l’émotion des grands matches dans les grandes compétitions (Euro 2013, Mondial 2015, JO 2016, Euro 2017, Ligue des Champions avec le PSG et l’OL). Un heureux événement qu’elle prépare maintenant, avec son mari, en tant que consultante professionnelle sur différents médias. Comme toute femme au travail. Après avoir confirmé sa retraite néanmoins.
La nouveauté, c’est les enfants pendant le sport de haut niveau et de plus en plus jeune
30 ans et Alex Morgan élimine l’Angleterre le jour de son anniversaire en buvant royalement un thé sans inviter la Reine d’Angleterre. 30 ans et Alex Morgan devient double championne du Monde (2015 et 2019), une des trois capitaines américaines avec Megan Rapinoe et Carli Lloyd, soulier d’argent du Mondial 2019, citée dans la short list du Ballon d’Or 2019, seconde au Best FIFA 2019 et l’élégante américaine annonce l’arrivée d’une petite fille pour avril.
A quelques mois des JO 2020 de Tokyo où les américaines n’auront qu’un seul objectif : récupérer un titre olympique gagné quatre fois qui ne leur a échappé qu’en 2000 (Norvège) et 2016 (Allemagne).
« J’espère retourner sur le terrain le plus tôt possible, a déclaré l’attaquante championne du monde en 2015 et 2019 et championne olympique en 2012 au USA Today. Après avoir donné naissance à un bébé en bonne santé, je veux retrouver mon équipe nationale et jouer à Tokyo. »
« Il y a tellement de femmes qui ont pu revenir à la compétition après leur grossesse et qui continuent à avoir une famille épanouie tout en pratiquant le sport qu’elles aiment au plus haut niveau », a ajouté Morgan, qui inaugurait un terrain de soccer à Gardena, en banlieue sud de Los Angeles.
Une maternité en pleine compétition. Avec l’intention affirmée d’y être. Une aventure que sa coéquipière d’Orlando Pride, Sydney Leroux (31 ans) avait vécu, ratant les JO de Rio mais depuis, jamais revenue chez les Stars and Stripes. Moins connue et moins titrée quand même mais avec un beau palmarès (Championne du Monde 2015, 77 sélections, 35 buts).
Il faut dire que les techniques se sont bien améliorées maintenant. Finie la semaine de la maman à la maternité. Aujourd’hui, on accouche la veille et on repart le lendemain. Pour le sport de haut niveau, l’évolution du regard est la même.
Sur le site « Au féminin.com » Alexandre Marles, responsable du Pôle Performance de l’OL s’exprime ainsi : Je cite. « Alors football et maternité sont-ils vraiment incompatibles ? Eh bien non. « Physiquement, on ne peut pas dire que c’est compliqué. Après, tout dépend de comment s’est passée la grossesse » commente Alexandre Marles, responsable du Pôle Performance de l’OL, sur le site Footmercato. « Il y a deux priorités après la grossesse. La première est de savoir la prise de poids qui va être prise post grossesse. On a des joueuses ou des athlètes de haut niveau qui prennent quelques kilos. Il faut commencer par perdre cet excédent de poids avant de se remettre à la compétition. (…) Ensuite, une à deux semaines après la grossesse il faut reprendre un travail avec un kiné pour remuscler le périnée qui est endommagé. Il faut environ un mois pour le remuscler. Une fois que c’est fait, on peut retrouver le haut niveau sans trop de problèmes deux mois et demi après la grossesse ».
Les allemandes, précurseuses ?
28 ans, c’est l’âge où la gardienne de la Mannschaft, Almuth Schult vient d’annoncer qu’elle attend un enfant. Une année où l’Allemagne ne sera pas Olympique, faite d’un bon parcours au Mondial (1/4 de finale comme les Bleues). Une année qui ne sera que celle du championnat, déjà bien gagné pour Wolfsburg et de la Coupe d’Europe. Une coupe européenne que les louves n’ont plus gagné depuis 2014. Tant pis, malgré son coeur Volskwagen depuis 2013, l’envie d’un enfant est plus fort.
Des allemandes obstinées. Souvenez-vous, Célia Sasik, au lendemain d’une excellente Coupe du Monde 2015 (meilleure buteuse avec Carli Lloyd), la franco-camerounaise d’origine avait annoncé à 27 ans la fin de sa carrière. Mariée avec le footballeur Marko Sasic, elle avait fait un enfant. Des allemandes vraiement obstinées puisque, un peu avant, c’était l’excellente milieu offensive, Fatmire Alushi (27 ans), finaliste avec le PSG de la Women’s Champions League 2015 qui annonce qu’elle ne participera pas à la Coupe du Monde au Canada deux mois plus tard. Elle préfère faire un enfant.
Avant 35 ans, maintenant 30, 28, 27. Les joueuses deviennent mères de plus en plus jeunes. Quitte à jouer leur carrière ou de placer une maternité dans les années sans compétition internationale.
A quand les crèches au bord des stades ?
Le sport de haut niveau va devoir prévoir des crèches aux abords des stades. Médicalement, rien n’empêche une joueuse d’avoir un enfant et de rejouer au haut niveau. Les filles le savent. Le mur de l’infranchissable n’existe plus, seule la différence de gestion de la maternité par la joueuse pourra lui poser un problème.
Une paille pour des filles qui font exploser leurs corps depuis leur plus jeune âge. La rigueur elles connaissent.
On dit que les Présidents de clubs font tout pour que leurs joueurs trouvent « bague à son doigt ». Une situation qui case le placement et la performance. Régularité, encadrement. Tout va bien. Là, les Présidents vont se faire des cheveux blancs !
Il est interdit d’interdire une future maternité. En droit, c’est impossible. Moralement c’est suicidaire. Techniquement, lesbiennes ou pas, cela ne pose plus un problème. La révolution à venir du football féminin sera celle des bébés.
Tout à fait compréhensible pour une joueuse mal payée dans sa pratique au regard des autres femmes au travail et qui trouvera avantage, dans un temps plus ou moins court, à partager sa vie avec une autre personne. De cette liaison, pourra naître facilement une maternité. Comme pour toute autre femme au travail.
Les joueuses se décideront de plus en plus jeunes, d’autant qu’elles récupéreront plus facilement. Les assistances sociales peuvent vous confirmer à quel point, dans les environnements non sécurisants, la maternité est en croissance.
Les responsables de la fédération espagnole s’arrache les cheveux pour des euros à donner aux joueuses espagnoles en grève. Il faudrait leur dire, que dans peu de temps, il va leur falloir réviser les règles des conditions de travail et de bien être des salariées pour toutes bonnes pratiques de Ressources Humaines.
A quand des clubs qui intègrent des crèches dans leurs propositions. A quand le recrutement de joueuses en prévision d’un congé maternité. Si Jean-Michel Aulas le met dans ses propositions, alors c’est que tout cela sera une réalité.
Jean-Michel Aulas, Jean-Luc Vasseur, Olivier Echouafni, Bruno Cheyrou, Frédéric Mendy, Jean-louis Saez, Laurent Nicollin, Pedro MARTINEZ LOSA, Ulrich Ramé, Joe DAGROSA, Préparez les crèches, les poussettes.
Bébés arrivent !
La grande nouveauté du football féminin à venir : ce seront les bébés.
William Commegrain Lesféminines.fr