Après réflexion, une telle prestation dans le cadre de l’enjeu et de la pression française de passer les quarts, impassables depuis longtemps, demande à ce que les joueuses puissent lire, dans les différentes presses, les impressions qu’elles ont donné à ceux qui les ont regardé faire :

Pauline Peyraud Magnin fêtait sa 30e sélection. Avant que Corinne Diacre ne l’appelle et que Sarah Bouhaddi décide de se mettre en retrait, elle n’était rien en terme de médiatisation. Aujourd’hui, elle assure, joue son rôle parfaitement dans une situation privée compliquée où son ex-compagne a été trouvée décédée en Italie sans qu’on en sache les raisons. Et sur le terrain, elle est juste impeccable. J’ai aimé la voir « gueuler » sur un corner donné. A (0-0), elle sait que la moindre erreur de sa part et c’est la sortie immédiate de l’équipe. Elle nous a montré qu’une gardienne, sans arrêt, est autant impliquée qu’une autre joueuse. Ma note est de (6).

Eve Perisset, latérale droite. On démarre toujours les feuilles de match par la droite. La joueuse de Bordeaux, a connu une saison délicate. Elle rebondit à Chelsea, bien plus au niveau que le club de l’Aquitaine. Elle prend un risque. En tirant le pénalty, ce n’est pas la meilleure joueuse du groupe qui le tire. Elle prend un risque. Lorsqu’elle a signé au PSG, venue sans temps de jeu de l’OL, elle a pris un risque. Quand tu regardes son jeu, plus elle est au « charbon », plus elle aime et plus elle s’impose à son adversaire. Pelova la passera deux fois. Au début, ensuite plus jamais. Pour le jeu, elle vaut 7. Pour le pénalty réussi à la 102′. La pression, la conséquence, elle mérite un (8).

Griedge M’Bock, défenseur centrale. En face, il n’y a pas eu un travail défensif à risque. Elle devait faire attention de ne pas faire de fautes qui génèrent un coup franc, toujours dangereux dans la zone où elle évolue. Je crois qu’elle n’a fait aucune faute, acceptant le jeu d’appui de Viviane Miedema. Sur les centres, on a trouvé sa tête et deux tacles bien sentis. Elle vaut un (6,5) n’ayant pas grand chose à faire. Certains lui mettraient un (7) pour sa maitrise. Pas contre.

Wendie Renard, défenseur centrale. J’ai aimé le jeu de la capitaine de l’Equipe de France. Dans cet Euro, elle a trop varié ses possibilités, noyant un peu la qualité du contenu dans trop de tentatives différentes. A la manière de ses propos, elle sait son rôle. Elle a été efficace dans sa zone de réparation et dans celle hollandaise, plus encore quand Selma Bacha a été à la baguette des corners. Ce qu’elle a fait qu’elle fait rarement d’habitude, quand elle a lu la passe adverse, elle a fait les trois mètres devant, pour couper la transmission aves ces longues jambes. Ca, j’ai trouvé cela nouveau de défendre en avançant. Pour sa maitrise, sa concentration, son innovation, elle vaut un (8).

Sakina Karchaoui. Latérale gauche. D’habitude, tu ne sais pas si elle est défenseur ou milieu excentrée voire attaquante. Là, elle a fait un match de défenseur et sur son match, elle doit faire partie du onze de l’Euro sans souci. C’est simple, la jeune Pelova, qui a un jeu à dribbler, a tellement été bloquée que plusieurs fois, tu la vois remettre la balle en arrière, en sachant déjà, qu’elle ne passera pas. Seule Van de Donk va bousculer ce duel. Sakina Karchaoui a été la seule défenseur à prendre mentalement le dessus son adversaire. Pour cela, je lui mets (8.5)

Charlotte Bilbault. Milieu défensif. Je ne sais pas si Charlotte Bilbault a deux oreilles ? Je ne sais pas si elle aime lire ? Ce que je sais, en ayant la place qu’Amandine Henry n’a pas, c’est que la bordelaise en a tellement entendu et lu que je ne sais même pas si cela l’intéresse. Montpelliéraine en 2023, j’ai aimé, depuis deux rencontres, son jeu sans tacle. Elle a été présente au moment où il fallait mais pas plus ou pas trop ce qui aurait eu tendance à moins impliquer les autres et surtout à l’exciter encore plus. Ce qu’elle n’a pas besoin de faire. Par exemple, elle s’est bien gardé de tenter des tirs de loin qui sont rarement cadrés. Le milieu s’est mis au service de l’attaque ou de la défense, ni plus, ni moins. Et tout cela a fait du bien. Ma note est de (7).

Sandie Toletti, milieu gauche ou droit. Là encore, la joueuse de Levante n’a pas surjoué. Elle a une occasion qu’elle rate et cela aurait crée, à la répétition, un sentiment négatif qui pèse sur la performance dans la durée. Elle a fait son rôle. En a pris, en a mis. Régulatrice, derrière les attaquantes, à reprendre la balle pour relancer devant. Comme les autres milieux, elle a du mal pendant vingt minutes mais son jeu n’a pas changé. Elle a fait confiance à ce moment, naturel. Cette maitrise vaut un 6.5.

Grace Geyoro, milieu gauche ou droit. En général la parisienne est très présente dans la surface. Un truc, deux saisons auparavant, qu’elle ne faisait jamais. Planquée dans une forme de sûreté avec des plats du pied assurés, elle a pris le risque et le physique d’évoluer. Ce qui fait qu’aujourd’hui, elle est appelée à rater des occasions de but. Ce qu’elle a fait par deux fois dans ce match. Pour le risque pris d’être buteuse, pour les erreurs de les rater, pour l’envie de continuer à vivre cette aventure, elle mérite un (6). Cela aurait pu être un 6.5 si il n’y en avait pas eu deux.

Kadidiatou Diani, attaquante à droite. Avant il y avait Elodie Thomis, un TGV qui arrivait en gare, envoyait des valises d’occasions à gauche. Des fois, bien posées, d’autres fois non. Diani, c’est un avion. Physiquement, elle t’envoie dans le mur rien qu’avec un coup d’épaule. Si elle avait à revivre dans sa cité, personne ne la touche. Intouchable. Sur le terrain, elle a envoyé sur ce match. La latérale gauche, pendant vingt minutes, a pris du vent et du vent. On dirait qu’elle fait du Wheeling avec son corps et sa vitesse. Pas rattrapable. Au centre, elle a plus de mal. Les balles n’arrivaient pas et surtout, au centre, le HJ, c’est un truc que tu as tout le temps à l’esprit. Une fois, elle a vu l’espace. Une fois elle l’a pris. Une fois, pénalty. Diani, c’est physique, c’est technique. Il parait, d’après Kenza Dali,que c’est une business women. Alors mettez lui un $ dans les filets. Et c’est le titre ! Sa note est de (7.5).

Melvine Malard, avant-centre. Sans surprise, elle n’a pas pu faire la même prestation que face à l’Islande. L’avant-centre est toujours face aux deux joueuses les plus difficiles à passer de l’équipe adverse. C’est une règle. Comme deux gardes du corps de leur but. Schéma « Rooftop » pour les jeunes. Donc il faut passer et Melvine, à vingt deux ans, n’a pas l’expérience pour le garantir et l’imposer. Elle essaye. Hier, c’est tombé sur une Stéfanie Van der Gragt, videuse de son état et d’une gardienne, choisie par le Dieu du football, pour mettre la pression aux françaises. Donc, ce n’est pas entrée. Pour sa prestation, son combat, elle mérite un (5.5).

Delphine Cascarino, attaquante à gauche. La lyonnaise, je ne l’ai jamais vu comme cela sur un match. D’habitude, elle est effacée dans sa communication. Là, elle s’est transformé en leader de gestes, de mots, d’actions. Poussant Wendie Renard, concentrée sur le plaisir qu’elle ressentait à avoir tenté un truc qui aurait pu passer. Allant au bout de son action, sans chercher à l’équilibrer, car comme une sprinteuse, elle savait qu’elle allait passer. Et elle passait. C’est une belle transformation, je lui mets 8.5. cela aurait pu être un neuf avec un but.

Corinne Diacre, coach. Pour la gestion de ce quart, avec sa stratégie et son analyse, elle a montré peu de défauts. Présente, maitrise, choix, motivation, décision. C’est pas loin de la perfection. Il manque des buts pour le jeu mais cela aurait donné moins de coaching alors. J’ai aimé comment elle a motivé Selma Bacha à l’écran. On le voit, elle sait ses joueuses et ses joueuses la connaissent. je lui mets (9) car la pression d’une demi-finale jamais atteinte depuis 10 ans était forte.

Selma Bacha, entrée à la 62′. Elle a un jeu atypique et on pourrait se tromper en ne pensant qu’à son enthousiasme et son culot. Depuis, elle a beaucoup appris et j’ai aimé sa routine quand elle tire les corners. On dirait une joueuse de golf avant un putting. Tout est calculé et effectivement tout est déposé où il faut comme il faut. Elle a été élue meilleure joueuse du match, je lui donnerais plutôt la note de 7.5. Avec des tirs plus cadrés, elle serait passé à 8, 8.5.

Les entrées pendant les prolongations. Elles ont été quatre. Une pression plutôt forte vu que le résultat était très serré. Elles ont toutes assurées sans apporter plus que ce qu’elles devaient faire. Le même travail que celles remplacées pour que le score, au mieux, s’aggrave et au pire, ne se réduise pas. Dans ce cadre, je donnerais entre 5.5 et 6,5 à Clara Mateo, Ouleymata Sarr, Marion Torrent et Ella Palis.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Pour les néerlandaises, la gardienne Daphné Van Domselaar, aurait pu être la meilleure joueuse du match. Je ne pense pas qu’elle réalisera souvent des prestations d’aussi bonnes qualités mais je lui souhaite. Je lui mets (9). Elle va bien dormir et se souvenir.

J’ajoute Stefanie Van Den Gragt, une présence continue sur ce match. Je lui mets (8.5). Janssen (6). Les latérales ont moins que la moyenne (4).

Sur le milieu, Spitze n’a que 32 ans, déjà 206 sélections, mais elle joue comme une vétéran. Elle endort son équipe dans un jeu féminin qui demande de la vitesse (5). Van de Donk, joueuse de l’Ol que je voie pour la première fois, n’ayant pas Canal+, a du caractère, de l’envie et de la force. Je propose (6.5). Quand à Groenen, elle a besoin de repos pour se souvenir de ce qu’elle était et se donner le coup de pied aux fesses pour en revenir (4.5).

Devant Pelova n’a pas le physique pour tester les latérales d’un Top 10 mondial. Il va falloir qu’elle réfléchisse à cela (4.5). Miedema a fait ce qu’elle pouvait, et elle ne pouvait pas grand chose (5.5) et Beerensteyn a montré les limites qu’elle avait avec le Bayern (4).

Le coach néerlandais a jugé que son équipe était équilibrée. A mon avis, à tort. Il a fait entrer bien tardivement la jeune Egurrola (115′), très cotée au près de l’Olympique Lyonnais. Je lui mets (4) pour son manque de charisme et d’efficacité dans ses choix.