L’Allemagne-Danemark (4-0), le France-Italie (5-1) et l’Angleterre (8-0) Norvège ont été une démonstration de la différence d’intentions entre deux équipes au classement différent certes, mais pas si éloigné que ne l’ont été le contenu comme le résultat de leur opposition dans ces premiers matches de l’Euro 2022 anglais.
L’Allemagne-Espagne d’hier soir, remporté par la Mannschaft (descendue à la 5e place mondiale) sur le score de (2-0) a montré que malgré les meilleures intentions espagnoles (montée à la 7e place mondiale), le résultat s’est terminé sans discussion au profit de l’Allemagne, du simple fait de la différence de niveau.
L’Espagne, en dessous. Je vois deux arguments tirés du jeu espagnol pour illustrer ce propos.
Le premier concerne l’impossibilité pour l’Espagne de proposer autre chose que ce « jeu du chat et de la souris » qui fait que la balle navigue de pieds en pieds, dans le sens du but comme dans le sens contraire, sans que pour autant, dans la configuration d’hier soir, il y ait eu assez d’occasions significatives pour que cela renverse le cours de la rencontre, mal commencée depuis la 2′ (1-0).
Sans plan B adapté à la formule adverse, l’Espagne joue sa partition, romantique et alerte quand elle fonctionne, insipide et redondante dans le cas contraire.
Face à des équipes armées dans l’analyse, habituées à gérer les temps forts et faibles de son histoire, l’Espagne ne propose rien de nouveau quand l’adversaire lui a proposé quelque chose de contrariant.
Le second argument est individuel.
Jennifer Hermoso, seconde au Best Fifa de 2021, avant-centre vit son football international dans l’ombre de sa coéquipière barcelonaise et capitaine de la sélection, Alexia Putellas, Ballon d’Or et Best FIFA 2021. A mon sens, son absence pour un problème au genou a mis la Roja dans une difficulté bien plus conséquente que l’absence de son milieu de terrain, un poste dont les titulaires peuvent se substituer.
Lucía García, 23 ans, sa remplaçante, joue à l’Atletico Bilbao, dont la saison 2022 n’a pas été extraordinaire. 7e d’un championnat à 16, sans grande expérience européenne, jamais qualifiée en Women’s Champions League, habituée à des joutes très hétérogènes, tous ces gestes ont été anticipés, contrés par la défense allemande.
Elle bénéficiera d’un duel avec Frohms, la gardienne allemande pour égaliser (10′).
Son dribble sera bien trop excentré rendant son tir extérieur. Du côté allemand, partie hors jeu mais jouant le coup jusqu’au coup de sifflet final, Bull ou Huth, crochètera Panos dans le bon tempo et marquera dans le but ouvert. Si le but est refusé, l’argument vaut car le premier but allemand (2′) est aussi marqué dans ce type de mouvement.
Crochet court sur la gardienne et but dans un angle difficile (2′). Et cela sans parler de l’erreur de Panos, gardienne barcelonaise, qui lui donne le ballon.
En fait voilà ce qu’est une différence de niveau du côté du perdant : jouer sans occasion, rater celle qui s’annonce.
Du côté allemand, la tête d’Alexandra Popp a tout de la différence de niveau
Du côté du vainqueur, la différence de niveau est dans la réussite des opportunités qui se présentent. Ne parlons pas de la première mais la seconde, but d’Alexandra Popp de la tête sur un corner en est aussi une illustration.
La trentenaire allemande et capitaine, ne bouge pas d’un iota quand la balle lui vient. Ses appuis sont au sol. Elle est dans la configuration pour donner de la vitesse et de la maitrise à ce corner. Son adversaire, qui se maudira dans la minute suivante à l’écran, vient au contact. Elle est en mouvement. L’allemande n’a aucun doute qu’un mur va se taper contre elle. Elle s’est préparée aux deux : la force de sa tête, l’impact de l’adversaire pour l’en empêcher.
Cela fait deux zéros. Le match est quasiment plié.
Qui le pliera ? La gardienne Frohms. Quand votre équipe est forte, chez les féminines sensibles à l’environnement, elle attrape cette force et s’en font une vérité.
Mariona Caldentey fait un appel magnifique dans le dos allemand pour recevoir un ballon qu’elle reprend de volée. Un but extraordinaire se profile à l’horizon, Frohms se détend et sort cette balle qui aurait occupé les rêves de beaucoup d’espagnoles.
Hier, on a vu un match joué sur la différence de niveau. Beaucoup d’intentions espagnoles dans le jeu. Très peu d’occasions et deux buts allemands qui les qualifient directement en quart de finale.
William Commegrain Lesfeminines.fr
sources vérifiées :
Championnat d’Espagne Féminin de Football 2021/2022 Classement & Résultats (les-sports.info)