Je ne vois pas comment Marie-Antoinette Katoto peut rester au Paris Saint Germain sans accepter l’idée d’un consensus. A mon sens, la joueuse s’enferme, plus le temps s’allonge, dans une situation qui ne peut qu’être pénalisante pour elle et son football.
Ce raisonnement tient sur une seule et unique base, qui pour autant ne manque pas de réalités :
Une fille face à l’Institution ?
Je ne vois pas un club de football masculin obéir aux demandes d’une joueuse. Cela s’est très rarement fait dans le football masculin, avec les enjeux que l’on connait. D’abord dans l’importance du gain d’une compétition, ensuite dans la force mondiale d’un joueur à la faire gagner, enfin dans le tempérament des joueurs qui savent la difficulté de faire plier l’institution.
Si c’est déjà une rareté dans le football masculin alors n’imaginons même pas que cela puisse subsister dans le football féminin. Pour l’instant, source d’aucun revenu et plutôt générateur de dépenses.
D’autant que même en droit, les filles sont rares à être allées faire poser les fesses de leur club sur un banc de Justice. Alors, quand là, il ne s’agit même pas de droit mais de revendications … !
Croire que cela est possible et surtout que cela se fera, relève du narcissisme. Une faute professionnelle quand on exerce le métier de Conseils.
Supposons que Gérard Prêcheur, ait mis comme condition de ne pas avoir Kheira Hamraoui dans son effectif, donnant ainsi du soutien à Katoto.
En ayant la Une de l’Equipe, cette dernière a montré quelques forces. Si ce n’est pas pour dire, une force. Jamais vu, une femme en première page, de l’Equipe, sans actualité !
Sur le plan du droit, faire gagner des revendications nominatives, en droit du travail cela n’existe pas. C’est même direct, préjudice et médiatisation. Un risque augmenté comme la réalité augmentée, sauf que là, c’est plus réel.
D’autant que le PSG n’a aucune obligation envers ses fans pour gagner la Women’s Champions League. Les joueuses sont bien payées, elles resteront et feront leurs jobs en espérant aller au bout. Elles ne subissent pas une très forte concurrence et conservent donc leur valeur sur le marché tout en ayant les appels internationaux qui conviennent.
Gagner la WCL c’est bien, mais ne pas arriver à la gagner, ce n’est pas mal au PSG.
Cette situation amène à une position essentiellement solitaire. Jamais simple à tenir pour gagner, plus facile à tenir quand on ne veut pas perdre. Mais là, la situation voulue par Katoto est la victoire ou rien.
A réfléchir, je ne vois pas la sortie gagnante d’autant que le PSG joue la technique de négociation chinoise : de laisser le temps au temps. Le temps dilue beaucoup de choses.
Les autres possibilités ?
Les réseaux ont parlé de l’OL
L’Olympique Lyonnais a montré qu’il savait chasser sur les terres du Paris Saint Germain tout autant pour l’affaiblir, que pour recruter. On pourrait même dire plutôt l’affaiblir, quand on connait la qualité du service de recrutement lyonnais, qui piste les joueuses depuis longtemps. Surtout pour l’affaiblir quand par exemple, en 2016, la plupart des joueuses parties à l’OL ont eu du mal à prendre une place de titulaire : Kenza Dali (2 matches joués), Kheira Hamraoui (9 matches joués), Aurélie Kaci (1 match) , Joséphine Henning (3 matches).
Seules Jessica Houara D’Hommeaux (18 matches pour 3 matches en 2018) et Caroline Seger (18 matches) ont tiré leurs épingles du jeu.
Faire signer Marie-Antoinette Katoto, la plupart des fans de l’Olympique Lyonnais ont été contre. On ne met pas en concurrence Ada Hegerberg, était l’argument essentiel. Jean-Michel Aulas, n’est pas homme à aller contre son avant-centre norvégienne. Son impact mental sur le jeu est tel que l’idée en était même plus risible, que réalisable.
Si lui ne le fait pas, alors qui le fera ? Peu importe, pourvu qu’il y en ait un et que Katoto ne joue plus au PSG.
On avance Barcelone ou ailleurs
Faut-il qu’elle pense être forte pour tenter l’aventure barcelonaise ?
D’abord, on sait que le risque de blessure est bien plus réel en football féminin que chez les hommes. Le championnat espagnol est de 16 équipes. Cela fait beaucoup de matches. Le jeu, les pelouses ne sont pas les mêmes. Barcelone n’a-t-elle pas été surcotée par les médias et la sororité.
Une blessure du genou, blessure qui s’enfile comme des perles aujourd’hui dans le football féminin, c’est une saison en l’air. Avec les échéances qui s’affichent, c’est à réfléchir.
Si elle va ailleurs, aux USA, il y a aura la charge de la distance internationale en plus des conditions différentes. Certain stades sont empruntés au football américain. On a vu avec Eugénie Le Sommer, les difficultés au retour qui lui ont coûté sa place à l’OL et en Equipe de France, ce que personne n’aurait pu prévoir avec une telle joueuse.
C’est risqué en tant qu’enjeu personnel car son histoire va se construire maintenant, à 23 ans :
Des compétitions prestigieuses arrivent : Euro 2022, Mondial 2023, JO à Paris 2024.
Aurait-elle voulu partir que ces propos n’auraient pas d’intérêt. Si tu veux partir, pars, l’esprit libre. C’est l’aventure. Mais là, cela serait un départ : « parce que ….. » ; et cela, en général, ce ne sont pas les bons départs.
Ailleurs n’est pas la même chose qu’ici ; et pour y réussir, il faut y aller l’esprit libre. cela fait que les obstacles restent des obstacles et pas des problèmes. C’est quand l’obstacle devient un problème que cela pose problème. Et là, c’est pas bon signe pour la performance et la réussite.
Elle a dit, dans une récente ITW à RMC, sous la plume d’Anthony Rech : « tant que je joues au football, cela va » . C’est bien jeune comme réponse. La vie de Marie-Antoinette Katoto va au-delà de cela, sinon elle ne ferait pas tous les sacrifices qu’elle a sûrement comptés plus d’une fois.
Si tu veux le meilleur des émotions, ce n’est pas uniquement en jouant simplement au football que tu le trouveras. Cela, c’est une évidence. Le football existe grâce à sa hiérarchie, à ses trophées, à ses histoires. C’est bien plus que du ballon comme de l’émotion d’un moment.
Le consensus ?
Le consensus est une signature suisse. On gagne quelque chose ; plutôt que de tout perdre, à croire qu’on allait tout gagner.
Le consensus ne marche jamais en Droit. Effectivement si tu as le droit avec toi, et la patience, le droit te fera gagner. Bernard Tapie, a attendu vingt ans de procédures avant de proposer de faire un arbitrage, dans son affaire Adidas. Je me souviens de ces mots télévisés : « à mon âge, je n’ai pas le temps d’attendre ». C’était l’âge qui lui avait fait changer sa stratégie.
Si tu n’es pas dans une situation de droit, alors le consensus est la situation idéale. Tu prends ta partie gagnante et tu sors du chapitre des regrets, celle non aboutie, car rien ne dit que tu l’aurais obtenue puisque tu n’étais pas dans ton droit.
C’est un peu la situation actuelle de Marie au PSG.
Croire qu’une joueuse peut imposer la rupture contractuelle d’une autre joueuse à son employeur, pour signer. Je n’y crois pas.
Croire qu’une telle situation sera un pavé sur son CV, cela j’y crois.
Au même titre qu’il y a une sororité forte chez les filles ; il y a la même chose chez les Présidents.
Sur ce message : « On ne touche pas aux institutions. »
William Commegrain Lesféminines.fr