Ce qui se passe au Paris Saint Germain féminin est difficilement compréhensible. Que veut le Paris Saint Germain dans le football féminin après cette sortie médiatique d’un problème passé en Août 2021, entrainant une disponibilité du coach en Mai 2022 et une information judiciaire dans la foulée ?

Que veut faire le PSG dans ce monde du football féminin. C’est une question qui se pose après 2022.

Les faits

Août 2021. Factuellement, le coach Didier Ollé Nicolle, 61 ans, coach professionnel masculin depuis 22 ans, arrivé en fin de saison le 6 juillet 2021 au PSG dans son quinzième et premier club féminin, a eu des gestes déplacés sur une joueuse mineure lors de la tournée parisienne aux Etats-Unis d’avant-saison (18 au 24 Août 2021).

Une main aux fesses est décrite sur les réseaux sociaux, par Tiffany Henne et des propos désobligeants par SMS.

Des faits qui auraient été reconnus par le coach, s’excusant à l’époque auprès des joueuses après que les parents se soient manifestés auprès d’Ulrich Ramé, directeur sportif et responsable de la section féminine.

Les parties en étaient restées là.

Une gestation médiatique de neuf mois

Mai 2022. Une affaire sortie médiatiquement, neuf mois plus tard, lors de l’avant-dernière journée de championnat, à quelques jours de la rencontre entre l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain, prévue dimanche 29 mai au stade Jean Bouin à Paris.

De base, l’affaire semblait réglée. On peut être surpris de cette sortie tardive.

En se posant la question des sources internes qui communiquent un fait passé et supposé réglé hiérarchiquement comme entre les parties ou/et des sources externes qui auraient intérêt à faire connaître cette situation dans un moment médiatique très sensible aux comportements sexuels avec des tiers, femmes comme en hommes.

En réfléchissant, on se demande comment un coach expérimenté, avec plus de vingt années de pratiques au plus haut niveau, peut tomber dans ce genre de difficultés, d’autant que de récentes interviews auprès du Parisien soulignait qu’il avait demandé conseil auprès de coaches spécialisés dans le football féminin et retenu celui de prendre distance avec les joueuses.

Et, dès le premier mois, il part dans le décor. Surprenant.

D’autant que, à regarder avec précision les photos et vidéos de remise de la Coupe de France, rien ne semble annoncer que les joueuses aient boycotté le coach.

L’antériorité du Paris Saint Germain en 2022

Pour le quidam peu intéressé au football féminin, voilà une nouvelle affaire parisienne.

Pour celui qui situe les choses factuellement, l’affaire Hamraoui et Abidal, touche deux ex-joueuse et ex-joueur de l’Olympique Lyonnais comme du FC Barcelone. Le Paris Saint Germain est observateur de cette situation qu’il subit. La joueuse venant juste de signer après cinq saisons ailleurs.

Un PSG devenu protagoniste seulement quand Kheira Hamraoui avait supposé l’intervention possible de sa coéquipière et amie Aminata Diallo, ce qui transforma l’affaire en affaire du PSG. Une piste qui s’est étouffée très rapidement, sauf sur le terrain. Trois jour plus tard, laissant les braises d’un (6-1) subi par le PSG au Groupama Stadium, ouvrant grande la porte d’un titre à l’Olympique Lyonnais. Pour à contrario, perdre le sien acquit en 2021.

La même joueuse lance ensuite d’autres pistes, proches des joueuses du PSG. Là encore, le PSG n’est pas acteur de la situation.

Une cohésion mise à mal

De novembre à avril 2022, des relations très complexes sont mises à jour, tant au sein du club qu’en Equipe de France amenant Corinne Diacre à ne plus reprendre Kheira Hamraoui, tout juste rappelée. Une situation interne lourde qui visiblement a amené la joueuse à invoquer par écrit, une situation d’harcèlement sous la plume de son avocat.

Kheira Hamraoui à bout : elle dénonce « le harcèlement » constant de la part de trois joueuses du PSG ! – Purepeople

Un phénomène tendu, sans solution alors que la gestion aurait demandé qu’elle en ait une, amène, dans la semaine du match aller de la 1/2 finale WCL face à l’OL, à une altercation entre Kheira Hamraoui et Sandy Baltimore. Obligeant à la mise à l’écart institutionnelle de la joueuse pour le reste de la saison.

Dans la foulée, le PSG perd sa double confrontation européenne avec un (3-0) au Groupama Stadium plus que surprenant : trois boulettes de la gardienne parisienne.

Didier Ollé Nicolle, au lendemain de la finale de la Coupe de France gagné en 2022, allant même jusqu’à faire une interview dont le titre est ravageur : « L’adversaire ne peut pas venir de l’intérieur », ciblant la situation vécue par le vestiaire pendant ces longs mois.

Une mise en disponibilité

23 mai 2022. A quelques jours du match retour de championnat face à l’OL, l’affaire tombe sur Didier Ollé Nicolle. La remontée récente sur les réseaux sociaux aurait fait bouger le club parisien qui a décidé d’une enquête interne suivie d’une mise en disponibilité conservatoire du coach, en contrat jusqu’en Juin 2023.

Didier Ollé Nicolle aurait, hier, eu à s’exprimer devant le groupe avec l’intervention du directeur sportif, arrivé de Bordeaux, Ulrich Ramé, à qui il pourrait être reproché de ne pas être intervenu au moment des faits. Sophie Perrichon, historique au club, serait aussi concernée.

Une action judiciaire en cours

25 mai 2022. Voilà pour l’interne quand l’Equipe donne une nouvelle information venue, selon les écrits du journal, de la procureure du Tribunal de Versailles, Maryvonne Caillibotte.

La juge d’instruction en charge de l’affaire a été destinataire d’informations, dans le cadre de sa recherche sur les personnes ayant attaqué Kheira Hamraoui, sur « la nature du comportement inapproprié du coach, l’amenant à ouvrir une nouvelle information judiciaire, sans lien avec l’affaire ».

Le journal précisant que cette procédure n’a rien à voir avec la fuite sur les réseaux sociaux, précisant que c’est la même juge qui a été désignée pour suivre cette affaire.

La section féminine du PSG

Pour un club champion de France 2021, stoppant la série de 14 titres consécutifs de l’OL, l’année 2022 a été très spéciale. Elle confirme que tout ce qui se passe au sein du PSG se sait. Faut-il avoir envie de le savoir.

a) le départ d’Olivier Echouafni incompréhensible ?

L’année précédente, le directeur sportif de la section féminine du Paris Saint Germain, Bruno Cheyrou part du PSG pour aller à l’OL en 2020, remplacer Florian Maurice, à la tête de la cellule de recrutement. Se joue un jeu de chaises musicales, un coup devant, un coup derrière, il va même jusqu’à s’occuper de la section féminine de l’OL Reign aux USA, pour revenir à l’OL.

Personne n’a compris et personne n’a expliqué, qu’à la surprise générale, Olivier Echouafni ne soit pas reconduit alors que l’équipe venait de prendre le titre 2021 de championnes de France à l’Ol qui l’attrapait depuis quatorze saisons. Sans que son staff ne soit d’ailleurs remis en question, mais ni même promu. L’argument, de mémoire, avait été : fin de cycle !?

Assez surprenant pour un coach vainqueur d’un titre jamais acquit par le club.

b) le travail d’Ulrich Ramé peu convainquant

L’ex-gardien professionnel arrive au PSG en ayant réussi de bons recrutements pour Bordeaux, surprenant 3e du championnat et qualifié pour la Coupe d’Europe 2021.

Une belle performance qui laisse penser à des espoirs quand il est choisi au PSG en 2022. De manière surprenante, ses décisions au PSG n’auront pas la même qualité.

c) Stéphanie Labbè

En revenant sur le site du PSG féminines, je note que des joueuses essentielles sont venues très tard dans la saison et on en peut que s’interroger sur l’opportunité de la signature de Stéphanie Labbé (27 Août), tout juste médaillée d’Or aux JO avec le Canada, décidant cinq mois plus tard, d’arrêter définitivement sa carrière et négociant à l’amiable son contrat, en totale harmonie entre les parties.

d) Barbora Votikovà

Deux jours avant (25 Août), une gardienne tchèque inconnue, Barbora Votikovà, signe au Paris Saint Germain et réalise une très bonne saison, sauf …. lors de la demi-finale aller de la Coupe d’Europe face à l’Olympique Lyonnais, où elle prend trois buts dont un qui a fait le tour du petit monde féminin !

Une performance qui fait dire à Didier Ollé Nicolle, en conférence de presse du match retour, à quel point son regret venait du match aller. De plus, juste avant la mi-temps du retour, elle se fait toute seule, un problème de genou qui l’indispose « pour le reste de la saison » et fait plonger l’équipe dans le doute bien que Charlotte Voll ait réalisé une seconde mi-temps très correcte.

La gardienne du PSG Barbora Votikova sort sur blessure à la mi-temps contre l’OL – L’Équipe (lequipe.fr)

On apprend, dans le courant de l’année, que la joueuse tchèque est instagrameuse, en plus de son activité professionnelle de footballeuse ? Se baladant sur la pelouse avec sa caméra et son bras télescopique. Passant devant M’Bappé, elle saute sur l’occasion pour faire une vidéo, en le saluant qui fera plus d’un million de vues.

e) le recrutement de Kheira Hamraoui

Le recrutement par Ulrich Ramé a-t-il été une erreur ? C’est une question qui doit se poser.

Dans un milieu où les concurrents sont rares mais acteurs d’une volonté de leader ; le choix de faire entrer ou non une joueuse doit être un axe de réflexion et de décision. Une joueuse vient avec son passé et ses liens dans un monde où beaucoup se connaissent.

A l’évidence, le raisonnement ne peut pas être celui masculin avec de nombreux clubs pouvant proposer des offres. Dans le football féminin, les employeurs significatifs sont rares. Plus vous montez, moins vous avez d’opportunités d’emplois à revenus similaires ou plus conséquents. Donc vous faîtes attention.

Un raisonnement qui était moins prégnant dans le passé.

Un raisonnement qui doit maintenant l’être dans un sport dont l’intérêt européen donne de nouveaux enjeux, et laisse supposer de belles pages médiatiques à écrire.

f) dans la foulée, le recrutement de Didier Ollé Nicolle

Si Olivier Echouafni est sorti, c’est qu’il fallait choisir un nouveau coach. Des noms illustres sont sortis dans la presse et c’est dans l’incompréhension générale que Didier Ollé Nicolle est choisi par le directeur sportif. Sans connaissance du milieu féminin, sans carte de visite significative pour un sport dont l’approche médiatique demande des choix reconnus et identifiés, notamment au PSG.

La question était restée sans réponse.

f) la gestion de la situation

Le groupe du PSG demandait à ce qu’il y ait une décision. Le droit ne permettait pas cette dernière sans souffrir d’une indemnité hors budget pour Kheira Hamraoui. A l’évidence, les mots, réunions et décisions n’ont pas été à la hauteur pour les deux parties laissant un conflit latent devenir ouvert pour finir par remettre en cause des objectifs collectifs.

Ceux de chaque joueuse, ceux de l’équipe et l’image du club.

La cohésion et la performance en ont souffert. C’est une évidence.

Conclusion

Aujourd’hui, après un titre en 2021 gagné. Après une 1/2 finale européenne 2021 perdue face au Barcelone mais que le PSG pouvait nettement gagner. A deux pas de l’identité européenne, qui va vouloir aller dans un club qui subit l’environnement sans le maitriser ?

Aujourd’hui, le football féminin est un enjeu et une identité.

Par et pour les joueuses, par et pour les médias, il est aussi un lien social et sociétal fort avec le monde. Beaucoup de filles investissent leurs valeurs dans cette pratique, bien plus que pour d’autres sports féminins. Cette démarche est même proche d’en être l’identité.

Sans entrer dans le droit ni la morale, puisque la situation était visiblement entendue après avoir été gérée. Elle est à sauvegarder. je dirais même qu’elle est le socle du football féminin de cette décennie à venir.

A l’évidence, les liens forts des joueuses et la rareté du marché féminin font que tout se sait, encore plus quand tout est fait par les clubs concurrents, pour qu’ils puissent savoir.

Un problème, quel qu’il soit, devient une arme.

Tout le monde ne peut pas faire ce job au niveau d’enjeu où se trouve le PSG, sans garantie spécifique.

En dehors du côté pénal qui se trouve inscrit dans le droit,

Dans un monde financier, ce qu’est le football à travers tous ses acteurs, la signature d’une clause spécifique au contrat d’un coach en matière de mode opératoire avec le management des joueuses, ramènera lesdits coaches à la raison dès lors où l’indemnité à demander est significative en cas d’actes condamnables en la matière.

D’un autre côté, il faut aussi insérer une clause dans les contrats des joueuses pour garantir une relation professionnelle donnant aux coaches, la possibilité juridique de se protéger, en dénonçant une situation compliquée. Que le coach soit masculin comme féminin.

On ne peut terminer ce raisonnement sans se poser la question :

Après le contenu de l’année 2022 et les décisions qui ont suivi face au succès incroyable de 2021 :

Le PSG veut-il vraiment être acteur leader dans le football féminin ?

William Commegrain Lesfeminines.fr