L’Olympique Lyonnais se qualifie pour la finale européenne 2022 contre le FC Barcelone à Turin (21 mai) en remportant le retour au Parc des Princes (1-2) sur un but d’Ada Hegerberg (14′, 0-1) et de Wendie Renard (83′, 1-2) pour une égalisation de Marie-Antoinette Katoto (62′, 1-1), devant 43.254 spectateurs, record français pour un match de football féminin entre clubs. L’aller s’était terminé sur la victoire lyonnaise (3-2).

L’olympique lyonnais va jouer sa 10e finale pour sept titres. Elles appellent leur mission : « la reconquête » après avoir perdu le titre en 2021, éliminé en quart par le PSG. Le Paris Saint Germain est éliminé pour la quatrième fois en 1/2 finale européenne (2016, 2020, 2021 et 2022) avec deux finales (2015 et 2017) au palmarès.

Je suis passé par toutes les phases avant d’écrire mon observation de cette rencontre.

Vu l’ensemble des organes de presse présents au Parc des Princes, remplissant les deux côtés leur étant réservés, donnant à chacun le texte et les images de la rencontre, j’ai préféré prendre un angle différent : celui du sentiment de fin de rencontre.

  • le PSG sans ambition pour la 1ere mi-temps
  • La tête lyonnaise, pour les balles servies sur un plateau de Selma Bacha, et les deux têtes vainqueurs de l’OL
  • 1m87 de détails. Pour mesurer la différence sur un mot « détails » souvent utilisé dans les CFP
  • On perd de manière cohérente de la part de Didier Ollé Nicolle.
  • l’intensité incroyable du nouveau football féminin
  • le stand up de Selma Bacha
  • Partir de la 1/2 finale, c’est sans garantie d’y revenir. Le niveau à partir des 1/4 s’est nettement relevé.

Le Paris Saint Germain sans ambition.

Le premier, au coup de sifflet final, avait été : « Le PSG, sans ambition ! ». J’avais encore en mémoire la première mi-temps avec seulement ou une deux présences parisiennes dans la surface lyonnaise, alors qu’elles n’étaient menées que d’un but sur la première rencontre.

Croire, en plus, qu’on peut mettre deux buts à l’OL, pour une qualification en finale européenne dans les 45′ restantes, me paraissait très exigeant.

De plus, j’avais le sentiment de vivre un match de Ligue 2 où la première mi-temps est signée pour ne pas prendre de buts. Avec la position surprenante de la jeune Fazer (18 ans), en pointe offensive du milieu, quand la seconde est celle où on joue sa chance, en espérant en avoir plus que l’adversaire.

Au final, on termine en faisant le rapport « occasions/but ». La victoire demandant une efficacité extrême. Peu d’occasions et un maximum de buts. Une statistique qui ne correspond pas au football féminin, dont on connait le déchet offensif. Un football qui demande beaucoup d’occasions.

Didier Ollé Nicolle, en conférence de presse d’après match, a rappelé l’utilité de donner du temps de jeu aux jeunes et d’un autre côté, il a relevé que l’expérience, en faveur de l’OL, était une force.

En mettant Fazer (18 ans) pour ce retour important, ce faisant, il diminue encore plus la moyenne d’âge du milieu parisien avec Grace Geyoro (24 ans), Sara Däbritz (27 ans) alors que l’expérience de Ramona Bachmann (31 ans), buteuse qualifiant le PSG en prolongations en 1/4 face au Bayern, aurait pu donner l’expérience manquante, nécessaire à l’égalisation. L’internationale suisse, trois fois finaliste de l’épreuve quand même …

Quitte à sortir ensuite, si comme pour certains, elle n’a pas le volume pour faire le match entier.

La jeune Fazer, 18 ans, titulaire au milieu de terrain pour la 1/2 finale retour de la WCL entre le PSG et l’OL

La tête Lyonnaise

Le second, après la conférence de presse, était « La tête lyonnaise ! » en référence aux deux buts lyonnais d’Ada Hegerberg (14′) et de Wendie Renard (83′), sans oublier le second refusé du Ballon d’Or 2018 pour quelques centimètres de sa passeuse, et aux mots de Sonia Bompastor en CFP d’après-match : « elles étaient connectées entre elles ».

A l’image du positionnement d’Ada Hegerberg pour le premier but lyonnais.

Elle s’éloigne du centre où elle aurait dû s’opposer aux 1,70 de Paulina Dudek voire aux 1.78 d’Amanda Ilestedt, pour se coller à Sakina Karchaoui et ses 1.60. Selma Bacha, petite boule de nerf, à qui Kadidiatou Diani laisse le temps de régler sa mire, lui dépose le ballon. Avec ses 1.80 et sa motivation, Ada s’impose en force et en puissance. Connexion.

Sans parler du but lyonnais refusé, avec deux coups de têtes consécutifs et en finissant avec le « plateau-repas » servi par Selma Bacha, à l’ogre européen Wendie Renard, pour l’habituel but vainqueur de sa capitaine (83′).

L’Olympique Lyonnais a joué la carte de l’expérience avec Amandine Henry, ex-capitaine de l’Equipe de France, 32 ans, multi-titrée et Lindsey Horan, 27 ans, championne du monde, au milieu laissant le jeu à Macario, peu en vue sur ce retour.

1m87 de détails !

But de Wendie Renard sur un service de Selma Bacha (83e, 1-2). Demi-finale retour de la WCL 2021-2022

En roulant dans un Paris endormi, j’écoutais la bande enregistrée de l’intervention de Grace Geyoro, capitaine jeune d’un Paris bousculé, avec une fin de phrase habituelle sur « le détail » lié à ces matches de haut niveau.

L’idée m’est venue, de substituer le titre précédent à celui-ci : « Le détail lyonnais fait 1,87 ! Petit ou grand détail ? ».

Je ne compte plus les buts que la capitaine lyonnaise a mis face au Paris Saint Germain, quelque soit la compétition ! Laissons cela au statisticien qui le fait très bien. Là, encore, elle donne la certitude de la gagne à son équipe.

La bande son de la conférence de presse d’après match de Selma Bacha et Sonia Bompastor (OL)

Conférence de Presse Selma Bacha et Sonia Bompastor – 1/2 finale retour de la WCL 2022 entre le PSG et l’OL

On perd de manière cohérente !

Tout juste garé, la bande terminée. J’ai claqué cette maudite portière. Un goût amer à l’esprit. Didier Ollé Nicolle, le coach parisien, expliquant sa première mi-temps : « On a eu une entame très cohérente » alors que les statistiques donnent une première mi-temps avec seulement deux tirs parisiens non-cadrés alors qu’à domicile, quand l’OL en a fait huit. Le mot phare issu des training en communication face aux médias.

Le mot d’excuse des perdants. Jamais vu un gagnant, le donner en explication. Puis, il continue avec l’objectif du PSG qui était « d’être dans le dernier carré », auquel personne ne peut croire d’autant que les joueuses disent tous le contraire, et quand tu connais la politique du PSG en termes de Performances, inscrit dans son slogan : « Rêver plus grand ! », tu ne peux pas croire que le club rêve à une demi-finale.

Je me suis dit. « Didier Ollé Nicolle, créateur de l’airbag amortisseur ». Il parait qu’il est discuté. Perte du titre en championnat, pas de coupe d’Europe, il manquerait plus qu’Yzeure (D2), créé l’improbable en finale de la Coupe de France. Je ne sais pas la part de réalité qui doit se mesurer en interne, mais je suis certain d’une chose avec lui : être sur le banc, c’est la garantie de ne pas entrer. A l’exemple d’Estelle Cascarino, Léa Khelifi, Jordy Huitema, Aminata Diallo.

J’ai préféré enchaîner sur la réalité, un brin tendancieux.

« Paris convoqué à rêver à la finale, l’Ol à la jouer ! »

Ci-dessous, la bande son de la conférence de presse d’après match de Grace Geyoro et de Didier Ollé Nicolle (PSG).

Conférence de presse après match Grace Geyoro / Didier Ollé Nicolle. 30 avril 2022 – 1/2 finale de la WCL 2022 – Paris Saint Germain – Olympique Lyonnais.

Une intensité au niveau de l’enjeu

Puis, j’ai imaginé la déception des joueuses.

J’ai revu Grace Geyoro en conférence de presse. Une immense poche de glace sur son bras droit. Dans la continuité, Selma Bacha qui entre à son tour avec une cuisse gauche strappée à la mode égyptienne de la momification. On a tous vu, Delphine Cascarino, quitter pas à pas, le terrain sans oublier Sakina Karchaoui, obligeant Estelle Cascarino à s’échauffer en urgence.

Les entrées du corps médical ont été du même nombre que lors d’un match de rugby féminin. Les contacts rugueux, les tacles nombreux. On est loin des joueuses qui se relèvent, aussitôt tombées. Là, elles pratiquent la même intensité que celle masculine.

Rester au sol. C’est un temps de repos, c’est loin d’être de trop.

Alors le titre physique qui devait s’imposer, dans ce match à forte intensité : « Coups de lattes au Parc ! »

Le stand-up de Selma Bacha

La joueuse lyonnaise de 21 ans est une artiste, c’est à dire, qu’elle joue avec l’environnement. Des Autres, elle s’en fait une Histoire. Motivée à l’aller, face à Diani, elle s’impose sur ce second acte avec deux passes décisives non sans avoir reçu des coups d’épaule de la parisienne, à vous renvoyer direct dans le TGV lyonnais.

Le côté artiste, elle en a joué en allant tirer les corners.

Voyez le cinéma. Visiblement sur le chemin du premier, Sonia Bompastor doit lui indiquer le tempo à suivre. Celui d’un slow en mode 78 tours réservés aux vinyles, pour les plus anciens. Soyons clair, la note de musique est si lente, qu’elle se transforme quasiment en une phrase.

Alors, Selma Bacha, 1,60 de culot, suit bien la ligne blanche du terrain et avance, d’un pas très mesuré, vers ce poteau de corner qui n’est pas si loin mais que la lyonnaise, dessine à l’autre bout du monde.

Un pas d’escargot. Souriante intérieurement. Attendant l’effet !

Au début, seul Bernard Mendy s’offusque auprès du quatrième arbitre.

Mais dès le second, le Parc et les Ultras s’enflamment. La bronca gonfle. Résonne. Exige. Réclame. Impose.

La lyonnaise s’en amuse. En joue. L’escargot continue d’avancer, à un pas d’escargot. Six corners plus loin, elle adore.

A la fin du match, elle est même tentée à suivre les parisiennes, pour aller jouer avec eux. La main sur son maillot. A s’éclater dans l’instant.

La future capitaine de l’Equipe de France a de la folie dans le cœur comme dans la tête.

Le bilan ?

C’est 43.254 spectateurs.

Record français pour une rencontre entre deux clubs. Du côté de la pratique sportive, c’est un jeu qui n’a plus rien à voir avec celui d’une dizaine d’années. Du côté parisien, c’est le lien entre les supporters et les joueuses face à l’opposition déclarée aux hommes. Du côté compétition, c’est le différentiel mental et tactique entre les deux clubs. Du côté des joueuses, elles sont sorties éreintées avec leurs envies respectives de s’améliorer. Ou pas.

Le Parc des princes au début de la rencontre.

Le haut niveau européen : c’est du niveau !

Le niveau des futures WCL va être au niveau de celui des matches de compétitions internationaux. Les quarts de cette année ont signé des performances de qualité avec la Juventus, Arsenal, Bayern de Munich et le Réal de Madrid, éliminés à ce stade.

Être en demi-finale dans les suivantes va être un combat. Laissant de côté, cette année, le Paris Saint Germain et le Vfl Wolfsburg. La finale jouant l’Olympique Lyonnais et le FC Barcelone.

A mon avis, on en est qu’au début, compte tenu que l’intérêt européen s’est préparé avec DAZN, pour se conforter dans le futur. Il va falloir y être à ce stade. Et y être ne veut pas dire y revenir.

A quel niveau les joueuses évaluent une qualification en finale européenne ?

Le professeur, une de mes professions, a souvent deux larges possibilités pour donner, à un apprenant, le diplôme. Reste-t-il dans la zone rouge de l’insatisfaction ou gradue-t-il dans celle de la satisfaction pour en mesurer la qualité ?

Le professeurs, ou plutôt les professeurs que nous avons tous eu, connaissent leur part de subjectivité. Sachez-le. Lors des réunions d’harmonisation qui regroupe la cinquante d’enseignants appelés à graduer un « corrigé pour tous » national, la discordance dans les notes, sur des copies rendues anonymes de l’épreuve, va de 6 à 15 …. pour la même copie.

Cela vous situe la largeur de la subjectivé et explique à ceux qui ont réussi, la part de chance d’un examen et à ceux qui ont raté, un bon 1er Mai, à la table familiale.

A l’inverse, ce qui n’est pas subjectif, c’est l’idée d’attribuer ou non, à l’apprenant, le niveau attendu de l’examen. Est-il ou est-elle au niveau de l’épreuve ? Ou pas.

Un niveau ne se discute pas, il a la forme d’une transmission de valeurs, de références. C’est la raison pour laquelle, instinctivement, les reconnaissances stylisées de « Meilleur ouvrier de France », données par des Artisans à de nouveaux artisans, se jouent aux détails, vers les 17-18-19-20, et forment une sorte d’excellence reconnue.

Ce qui me fait conclure que les personnes les plus habilitées à évaluer la demi-finale européenne entre le Paris Saint Germain et l’Olympique Lyonnais, sont les joueuses de football féminin.

A quel niveau de performances situent elles une demi-finale retour de Coupe européenne en 2022 pour une qualification en finale ? A quel niveau veulent elles que cela se situe ?

C’est à elles d’apporter la réponse. Entre bienveillance(s) et exigence(s).

Pour ma part, le niveau minimum doit se situer à 15. Je donne un 12-13 au PSG avec une première mi-temps sans intérêt significatif au regard de l’enjeu, et une présence bien plus significative en seconde, limitée par un manque d’efficience dans les intentions, et les occasions, pas assez nombreuses pour un match féminin.

Je donne un 16 à l’Olympique Lyonnais, pour la gestion de la rencontre, l’ajustement mutuel entre les joueuses (à l’image des buts marqués, servis sur des plateaux), sans diminuer à l’excès dans les temps dits faibles, le niveau exigé par l’enjeu et la force à réaliser ce qui valide la qualification : les buts.

Plus le fait de savoir continuer à mener au score à l’extérieur (0-1) et (1-2) et de reprendre l’avantage quand elles sont menées à domicile.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Le résumé de la rencontre : DAZN | Football | PSG vs. Lyon

UEFA Women’s Champions League – Demi-finale retour
Samedi 30 avril 2022 – 21h00 (DAZN/Youtube)
PARIS-SAINT-GERMAIN – OLYMPIQUE LYONNAIS : 1-2 (0-1) (cumulé : 3-5)
Paris (Parc des Princes) – 43 254 spectateurs
Temps nuageux (15°C) – Terrain excellent
Arbitres : Rebecca Welsh (Angleterre) assistée de Lisa Rachid (Angleterre) et Almira Spahić (Suède). 4e arbitre : Tess Oloffson (Suède). Arbitres VAR : Chris Kavanagh (Angleterre) assisté de Dennis Higler (Pays-Bas)

Buts
0-1 Ada HEGERBERG 14′ (Sur un long centre de Bacha venu de la gauche, Hegerberg passe devant Karchaoui dans la surface à 10 m du but au second poteau, pour placer sa tête sur la droite de la gardienne lobée)
1-1 Marie-Antoinette KATOTO 62′ (Lancée par Däbritz dans le dos de la défense à droite dans la surface, Diani voit son tir croisé du droit repoussé au sol par Endler devant son but. Katoto décale à gauche sur Baltimore dont le tir du droit de 5 m est repoussé devant le but par Carpenter et Endler. Katoto est présente à la retombée à 3 m et conclut du plat du pied droit plein axe)
1-2 Wendie RENARD 83′ (Coup franc excentré côté droit frappé rentrant par Bacha, Renard saute plus haut que Lawrence au second poteau à 5 m et place sa tête sous la transversale)

Avertissement : Selma Bacha 49′ pour Lyon

PSG :
1-Barbora Votíková (40-Charlotte Voll 46′) ; 12-Ashley Lawrence, 15-Amanda Ilestedt, 4-Paulina Dudek, 7-Sakina Karchaoui ; 18-Laurina Fazer (10-Ramona Bachmann 46′), 8-Grace Geyoro (cap.), 13-Sara Däbritz ; 11-Kadidiatou Diani, 9-Marie-Antoinette Katoto, 21-Sandy Baltimore. Entr.: Didier Ollé-Nicolle
Non utilisées : 16-Constance Picaud (G), 6-Luana, 17-Celin Bizet Ildhusøy, 19-Estelle Cascarino, 20-Aminata Diallo, 23-Jordyn Huitema, 25-Magnaba Folquet, 27-Léa Khélifi, 28-Jade Le Guilly

Lyon :
1-Christiane Endler ; 12-Ellie Carpenter, 29-Griedge Mbock (21-Kadeisha Buchanan 86′), 3-Wendie Renard (cap.), 4-Selma Bacha ; 26-Lindsey Horan, 6-Amandine Henry, 13-Catarina Macário ; 20-Delphine Cascarino (9-Eugénie Le Sommer 80′), 14-Ada Hegerberg, 28-Melvine Malard (11-Damaris Egurrola 58′).
Entr.: Sonia Bompastor
Non utilisées : 16-Sarah Bouhaddi (G), 40-Emma Holmgren (G), 5-Perle Morroni, 18-Alice Sombath, 23-Janice Cayman, 25-Inès Benyahia, 34-Kysha Sylla