Le football féminin de l’élite est mariée avec le football professionnel masculin. Qu’en sera-t-il du football féminin, dans cet univers qui à l’opposé de la COVID-19 -international et mondial- est spécifique à la France, s’étant mis tout seul « les pieds dans le tapis » avec l’affaire MediaPro ?
Le football féminin ne devrait pas subir de changements radicaux. Il risque d’être stagnant et de subir la concurrence des marchés espagnols, italiens et anglais. Les joueuses cherchant une meilleure rémunération vont certainement aller jouer ailleurs.
Quelle est la part du football professionnel masculin sur le football féminin de l’élite ?
Sur les 36 sections féminines de l’élite française (D1FArkema, D2F groupe A, D2F groupe B) ; seuls 18 clubs ont un lien avec le football masculin professionnel. C’est donc un mariage à 50%.
1°) Ligue 1 masculine.
Six clubs de Ligue 1 sur 20, recevant 85% des droits TV de la Ligue professionnelle de football, font partie de la division d’élite, sponsorisée au naming de la société Arkema (1.200.000 euros par saison), équitablement répartie entre les douze clubs du championnat.
Il s’agit de l’Olympique Lyonnais, du Paris Saint Germain au budget supérieur à 5 millions d’euros. Suivi de Bordeaux, Montpellier, sur une base inférieure à 2 millions. Dijon et le Stade de Reims, sont plus éloignés, avec un budget tournant au million d’euros.
On a là, les quatre premiers de la D1 française. On peut donc dire que les budgets les plus importants de la D1F font les premiers du classement. A la course pour une troisième place européenne et/ou pour un titre ; les budgets ne devraient pas changer.
Neuf autres clubs de Ligue 1 se trouvent en D2F.
Nantes, Lille, Metz, Strasbourg, Lens, Brest pour le groupe A ; Saint-Etienne, Nice, Marseille dans le groupe B. Dans cette période de restrictions financières qui durera quelques années, que feront ces clubs sur ces divisions féminines ? Faut-il monter en D1F et augmenter le budget ? Faut-il laisser le championnat décider ? Faut-il maintenir ?
Mieux servies financièrement par les droits TV du football professionnel ; ils seront ceux qui serviront d’indicateurs pour connaître les conséquences de la descente attendue de ces droits du football masculin sur le football féminin pour les quatre saisons à venir.
On sait juste que l’Olympique Lyonnais, sept fois championnes d’Europe, a ses propres sources de revenus et de sponsoring ne puisant qu’à hauteur de 2 millions d’euros sur le budget professionnel masculin et que le Paris Saint Germain possède, au capital, un actionnaire en capacité d’apporter les fonds propres.
2°) Ligue 2 masculine
La D1FArkema est, dans son ventre, tenue sur une petite partie par les clubs de Ligue 2 (3) faisant un effort conséquent pour le football féminin, ne recevant que 15% des droits TV du football professionnel.
Il s’agit du Paris FC, l’EA Guingamp et du Havre. Chacun avec des budgets différents. Les parisiennes touchant les 2 millions d’euros ; l’EA Guingamp et le Havre inférieur à 1 million. Peu sensible à la baisse des droits TV, ils devraient garder les mêmes budgets.
La Ligue 2 (20 clubs) est peu présente en D2F : Nancy (groupe A) ; Rodez et Grenoble (groupe B).
Au total, cela fait seulement six clubs de Ligue 2 sur 20 présents dans les deux divisions d’élite françaises.
3°) Les clubs amateurs ou semi-professionnels forment l’autre partie de l’élite du football féminin.
En National, la division d’élite masculine de la FFF et porte d’accès à la LFP, seul Orléans à une équipe féminine en D2F. Cela fait peu pour une division à 20 clubs.
4°) La section féminine est plus haute que la section masculine, en N2 voire moins pour 11 sections de l’élite féminine.
En D1F Arkema, le FC Fleury 91 réalise une superbe performance. Club de N2 masculin, 17e clubs français au nombre de licenciés (masculins et féminins) avec 1.139 licenciés au 15 février ; le club de Pascal Bovis est placé à la 5e place du championnat après une montée récente en 2017 (reprise des droits du Val d’Orge).
En D2F, Saint Malo, Le Roche sur Yon, Vendenheim, Saint-Maur jouent plus haut que la section masculine ; Yzeure, Albi, Thonon-Evian, Montauban, Le Puy, Arlac Merignac dans le groupe B
A l’évidence, les clubs ne restreindront pas leur budget pour conserver cette division d’élite, intéressante en terme d’image et de positionnement local.
5°) Les clubs féminins autonomes.
La vraie question concerne la capacité d’autonomie des clubs exclusivement féminins comme Issy FF et Soyaux Charente en D1FArkema et Nîmes en D2F.
Le football féminin ne devrait pas subir de changements radicaux. Il risque d’être stagnant et de subir la concurrence des marchés espagnols, italiens et anglais. Les joueuses au revenu inflationniste et en capacité de prendre une place et une part du budget, vont certainement aller jouer ailleurs.
William Commegrain Lesfeminines.fr