Il y a quelque chose d’incompréhensible dans la volonté du football de conserver les matches de la L1et L2 pour les jouer à tout prix. Associant d’ailleurs la D1 féminine à cette idée fixe, sans autre raison que celle de l’équité de genre. Incompréhensible quand on sait que seulement 5,7% des français (source Le Monde) ont été en contact avec le virus, ce qui laisse présager un déconfinement compliqué.

Le Premier Ministre fait un cours de deux heures pour informer mais pour qu’aussi l’Histoire ne le rattrape pas !

Les deux heures d’intervention d’Edouard Philippe, Premier Ministre de la France, ont été glaçantes. Glaçantes car pragmatiques. Les vérités se sont affichées avec au coeur le mot « incertitudes ». D’ailleurs, il ne s’en est pas caché, sous les interrogations de la seule journaliste autorisée à une présence, associant ses questions à celles de ses confrères. Incroyable, on entendait pleuvoir les « Europe 1 », « RMC », allant même jusqu’à un support inconnu se terminant par « Le Pharmacien ».

A la France entière, il n’a pas dit autre chose. Nous établissons des « stratégies sur des incertitudes » ; mettant plus qu’au conditionnel le retour à une vie passée. Cherchant plutôt à nous faire comprendre que notre « vie future » se dessinerait ainsi. Une communication si loin de celle du Président Macron qu’elle ne peut avoir été faite qu’en l’imposant.

Nous disposons de peu d’informations sur les prospectives, chacun étant noyé par les faits actuels. Cependant, de leurs lectures, on peut en déduire les caractéristiques suivantes.

  • C’est du jamais vu dans les Républiques passées qu’un Premier Ministre fasse à la Nation un tel cours sur la situation. Loin de la démarche communicante et commerciale du Président. Cela ne m’étonnerait pas qu’il ait dû se battre pour qu’il en obtienne l’accord. Les historiens auront du pain sur la planche pour nous le décrire. Qu’il ait pu penser à cela montre le risque réel que le problème explose.
  • L’homme est pragmatique. A mon sens, il ne veut pas que l’Histoire le rattrape. Souvenez-vous du « responsable mais pas coupable » de Laurent Fabius (Premier Ministre) et Georgina Dufoix (Ministre des Affaires Sociales) sur le sang contaminé. Un seul homme en Chine a transmis ce Covid-19. Aujourd’hui, 100 millions de personnes ont le virus dans le monde et nous devrions croire que le problème n’existe plus, alors que seulement 4 millions de français sont ou ont été touchés par le virus mondial. Le pragmatisme impose de se dire que tout cela va considérablement augmenter.

La cacophonie du football

Et le football fait fi de tout cela. Son seul souci est de reprendre des matches et de tirer un trait sur ces deux mois pour les oublier. D’abord en repoussant les dates des calendriers pour faire subsister en théorie la fin du championnat jusqu’en Juillet, associant même des matches de Coupe.

Une réalité qui n’est pas celles des joueurs et joueuses, manifestant leur désaccord par Sylvain Kastendeuch, le vice-Président du principal syndicat l’UNFP quand l’UNECATEF, syndicat des entraîneurs, est plutôt sur une reprise. La Ligue de football professionnel conditionnée à la décision de l’UEFA qui sanctionnerait tout arrêt alors que la FIFA prône la santé avant le football. 

Maintenant, l’idée lancée par le Président de Nice, Jean-Pierre Rivère, reprise par Jean-Michel Aulas, le Président Lyonnais, pour que le championnat soit interrompu pendant les congés d’Août, reprenne en Septembre et se termine sur la fin d’une année civile. Pour une autre saison, avec un nouvel exercice comptable.

Une incroyable cacophonie quand le hand s’est arrêté dans le calme le plus complet. Idem pour le Basket et le Volley.

Il faut arrêter le championnat, poser tout le monde devant cette réalité.

Et si le COVID-19 venait à réapparaître dans le 4e trimestre de l’année 2020 ? Ce virus, sans vaccin et sans médicament, qui se promène dans un monde qui bouge et qui a autant de possibilités qu’avant de reprendre sa marche en avant. De quelles marges de manoeuvre le football va-t-il disposer ? Il risque fort de finir avec un championnat décalé et non terminé sans pouvoir démarrer un nouveau championnat en 2021.

Le Président Trump veut relancer les USA. L’Allemagne déconfine. Les compagnies aériennes font décoller des avions quasi-pleins. Le monde va repartir, il est dans les starting blocks. Economiquement, il en est contraint. Mais le football, sport de loisirs, ne veut pas mettre en pause son championnat.

Le Président Macron avait utilisé le mot « Guerre ». On le lui a contesté. Il n’était pas loin de la vérité. Une guerre ne se gagne pas à la première bataille. La débacle de 39 nous a montré nos limites. Elle dure assez longtemps.

Le football devrait ouvrir les yeux. Fermer son championnat. Faire le dos rond et attendre des jours meilleurs en s’adaptant. C’est un sport mais ce n’est qu’un sport. Le Hand français a su le faire. Le Basket aussi. Le foot veut maitriser. Pourquoi pas ! Mais ce virus est-il maitrisable ?

L’argent et ses enjeux sont le problème du football

Après avoir été son meilleur ami dans une dynamique de croissance ; l’argent et ses enjeux par les droits TV, les contraintes des clubs, les contrats des joueurs deviennent son pire ennemi. Les baisses de salaires ont un mal fou à se réaliser, parlant plus de reports que de diminution.

On le sait, l’argent a dépassé les bornes dans le football. Il est le moteur principal des décisions en crise. L’expression « il faut mieux se couper un bras que la tête » pèse très lourd – trop lourd ?- dans ce milieu qui ne lâche rien sur ses engagements. Arrêter le championnat ne serait que se couper un bras, même s’il a un prix conséquent. Si conséquent cependant, que plus personne n’a la force de le couper. A voir, si ce n’est pas l’argent qui enverra le football « dans le mur ». Tout simplement, pour avoir regardé trop court.

Fermons le championnat 2020, en L1 et L2 et D1F. Comme les autres devraient le faire. Laissons les choses se calmer. Réapprendre à vivre autrement et attendons que le football s’adapte à cette situation. Simplement.

William Commegrain Lesfeminines.fr