Le football féminin navigue dans les eaux de la médiatisation sans avoir de références à communiquer à ceux qui viennent le découvrir. Qu’existe-t-il d’autres que Megan Rapinoe et sa personnalité ou d’Alex Morgan et la finesse de sa gestualité ? Sans aucun doute, il faudra laisser une place pour évoquer la canadienne Christine Sinclair qui vient de battre le record mondial du nombre de buts marqués en sélection nationale, hommes et femmes confondus.
185 buts (289 sélections) avec un doublé face à la modeste équipe de Saint Kiffs et nevis (11-0), le 30 Janvier dernier dans le tournoi de qualifications aux JO de Tokyo qui devrait voir se qualifier le Canada, restant dans l’attente de la production de stars américaines (quatre médailles d’Or), toujours nettement en-dessous quand les matches leur semblent faciles.
CHRISTINE SINCLAIR, UNE FILLE AUX VALEURS OLYMPIQUES.
Si on doit résumer la force de la numéro 12 du Canada, on peut sans souci lui reconnaître l’esprit Olympique, qui souvenez-vous, n’acceptait que les athlètes amateurs, considérant que vivre professionnellement du sport était opposé à la devise de Pierre de Coubertin : « plus vite ! Plus haut ! Plus fort! ». L’Olympisme voulant mettre en valeurs les qualités intrinsèques des athlètes.
Les premiers professionnels n’intervenant qu’en 1981, lors du 11e congrès Olympique. Chaque sport évoluant de manière différente, la Boxe anglaise sera toujours amateur à Tokyo en 2020.
Christine Sinclair a l’esprit Olympique. John Herdmann, le coach anglais qui a pris l’équipe canadienne en 2011 s’exprime ainsi sur le site de la FIFA : « Elle pourrait et elle devrait être multimillionnaire mais elle n’a jamais demandé un centime de plus que ses coéquipières. Elle a toujours donné la priorité a son équipe, son pays. » Capitaine depuis 2007, soit 13 années continus, sans bouger d’une seule ligne, sur ses valeurs.
Elle a l’esprit Olympique de la Performance car c’est elle qui donne la victoire canadienne pour un Bronze Olympique à Rio en 2016, confirmant la performance exceptionnelle de 2012, battant la France dans les arrêts de jeu et obtenant le bronze Olympique. La première médaille canadienne obtenue depuis 1936 dans un sport collectif aux jeux d’été.
C’est encore elle qui sera l’identité du Mondial 2015, joué au Canada, dans un pays qui n’a pas de championnats professionnels de football, leurs joueurs et joueuses évoluant aux USA. Organiser un Mondial professionnel, il fallait le porter. Un symbole qu’elle saura imposer, quitte à prendre une sanction, en invoquant l’arbitre d’une 1/2 finale mondiale en 2011, permettant aux USA de l’emporter (4-3) dans les arrêts de jeu, bien trop long au goût des observateurs et de la canadienne. Un goût d’autant plus amer qu’elles avaient menées a chaque fois.
Elle a d’autant plus l’esprit Olympique, le jeu avant tout le reste, qu’elle est depuis 2013 à Portland, après avoir joué à Vancouver pendant un peu moins de 10 ans. Une quinzaine d’années, deux villes qui ne sont séparés que d’une frontière et seulement une centaine de miles. Les propositions, certainement nombreuses, n’ont jamais pu supporter la comparaison avec ses valeurs. Être bien là où elle est.
C’est un joli cadeau que L’Olympisme lui fait. Battre le record d’Abby Wambach pour un match olympique , et se placer devant un trio d’americaines. Une juste récompense après qu’elle ait fait un joli cadeau aux valeurs de l’Olympisme.
L’histoire n’est peut-être pas terminée entre ces deux univers. Et si le Canada prenait l’Or à Tokyo.
Alors Christine Sinclair, les Jeux Olympiques auront fait un cadeau à ceux qui savent regarder : « Ne te départie jamais de tes valeurs, surtout si elles sont Olympiques ! »
William Commegrain Les féminines.fr