Il n’y a rien à dire sur l’Olympique Lyonnais. Que voulez-vous dire sur cette équipe construite pour gagner des titres (série de 13), espérant réaliser l’objectif stratégique d’obtenir une vingtaine de titres nationaux afin d’égaler le record des handballeuses du FC Metz (23 titres) ou des volleyeuses du RC Cannes (21 titres nationaux). Il n’y a rien à dire, sauf à constater qu’il y a encore du chemin.
A l’exception de l’appétit légitime et attendu des aficionados du football féminin, à la recherche des gouttes de sueurs et d’efforts se devant d’accompagner les championnats, rien ne restera de cette rencontre dès lors que l’OL l’emporte sur le Paris Saint Germain prenant les trois points d’avance qui feront l’obstacle inextricable sur lequel les parisiennes ont toujours buté.
Sauf à constater que l’Olympique Lyonnais bute sur un obstacle depuis cinq saisons, et que rien ne dit que l’OL va gagner avec les certitudes passées. Le Paris Saint Germain, club de la capitale du football masculin, les bouscule et est en droit de penser à le faire, pour -sur un souffle de plus-, les voir s’emmêler.
Une première défaite lyonnaise en 2014 (18 janvier) en championnat qui a fait le Tour du Monde sur un but de leur ex-coéquipière Laura Georges, laissée la veille sans contrat, repris par le PSG. Une autre, en Coupe d’Europe quelques mois plus tard (Novembre 2014, saison 2015) après une précédente défaite face aux allemandes de Potsdam (Saison 2013-2014). Une défaite au Camp des Loges en 2017 (1-0), perdant pour la première fois la tête du championnat, repris par un jeu de tapis vert en janvier 2018. Des finales de Coupes de France 2017 et d’Europe gagnées seulement aux tirs au but. Et en début 2019, un nouveau titre, gagné encore sur le fil (1-1), quand la finale de la Coupe de France 2018 pris par le PSG sur un but de Marie-Antoinette Katoto avait transformé Reynald Pedros et Jean-Michel Aulas en club de district, au bord du terrain, à réclamer à l’arbitre, réparation d’un scandale ressenti, quotidien du football populaire, inadmissible quand il est subi par l’OL.
Le tout contre le Paris Saint Germain, version « professionnelles depuis 2012 ».
Aucun club autre que le PSG, même le Vfl Wolfsburg (championne d’Europe en 2013 et 2014), n’a autant bousculé les lyonnaises dans son histoire footballistique depuis qu’elles dominent la France (2007) et l’Europe (2011).
L’Olympique Lyonnais, un peu trop au-dessus des autres ?
Bousculées, et pourtant, elles se pensent imbattables. Elles sont même convaincues d’être les Reines du football féminin. Pas loin de croire qu’elles sont dans « le meilleur club au monde », d’où elles écriront l’Histoire. Revendiquant les honneurs (Ballon d’Or) et les récompenses (six joueuses sur la liste 2019), toutes présentes sur les listes européennes, asiatiques, mondiales, escomptant sur un Président qui connait de son coeur, la raison : Rien n’existe en dehors de l’OL. Juché haut dans un donjon de réseaux, connaissances, performances. Trente ans de présidence. Sonnant comme un Héraut, les injustices raisonnables comme irraisonnables à travers le réseau twitter.
Voilà Lyon.
Pourtant,
Rares sont les joueuses sorties de la formation lyonnaise qui explosent en dehors de Lyon. Lyon, cannibale d’un talent partagé et qui jette, après digestion, le talent utilisé moyennant rémunérations, obligeant à constater que plus rien ne sort de la compression lyonnaise.
Rares sont les lyonnais heureux, d’avoir écouté l’introduction lyonnaise (OL Groupe) en Bourse, à hauteur de 24 € (février 2007) pour se retrouver avec une valeur descendue à 3,13 € (15 novembre 2019), avec un plus bas à 1,81 en février 2015. Un capital descendu en flamme pour le quidam passionné qui a transformé son PEA dans l’espoir de le voir atteindre le nouveau plafond des 225.000 €, initialement à 75.000 € à quelques miettes, bien loin des poussées du CAC40 . Pourtant pas un mot sur l’excès de l’introduction de Jean-Michel Aulas, fort seulement d’un bénéfice de 4 millions d’Euros à l’introduction, quand aucun club de football, n’était à cette valeur dans l’histoire européenne boursière.
Les marchés n’ont pas été à l’écoute pour une structure bénéficiaire. Les faits obligent de le constater. Peu concernés, ils n’en veulent pas. Un indicateur du regard porté par ceux qui sont en dehors du plat « football ». L’affirmer comme une vérité serait une erreur ; mais l’ignorer, se qualifierait d’incompétence.
Lyon est certainement trop cannibale. Tout cela m’oblige de le constater. Ce serait Paris, on dirait que « Lyon a la grosse tête ».
Paris aime fort le rôle de challenger, trop tôt pour être leader, habitué au second rôle qui vient pour prendre celui du premier rôle.
Paris est moins fort. C’est une évidence. Mais pas tant que cela, comme vu plus haut.
Elles ne savent pas être leader et espèrent plutôt « ne pas le savoir encore ». Prête à l’apprendre cette saison. Un sentiment légitime, si peu les ont séparés tant de fois. Les féminines du Paris Saint Germain ont buté sur le rôle de leader que les équipes du championnat lui ont proposé. Dijon, dernier de la D1F Arkema lors de la 6e journée en réalisant l’exploit d’un (0-0) face aux lyonnaises donnant la première place du championnat au PSG qui l’a reperdu dans la foulée en faisant match nul face aux bretonnes de Guingamp. (1-1, 8e journée).
Reste à savoir si, ce qui doit être considéré comme une contre performance, a peut-être mis le PSG dans la bonne situation face à l’OL.
Challenger des lyonnaises depuis 2012, elles connaissant avec précision cette situation et vont arriver au Groupama Stadium avec la même émotion que celles des saisons précédentes. Quelques fois des défaites. Pas si courante. Des fois des victoires, pas si nombreuses. Souvent des matches nuls.
Dans cet ensemble, elles savent qu’elles peuvent perdre, mais tout autant gagner. En D1F, voire en Europe, ce sont les seules qui peuvent se le dire.
Et pourquoi pas d’ailleurs.
Paris va venir en humilité, juste pour dire des vérités. Quand bien même, elles n’aiment pas être entendues. C’est ainsi que les victoires parisiennes se sont faites à Lyon. Des matches de défenses, des hold-up bien menées pour une seule chose : accrocher l’ogre au tableau des souvenirs et émotions, hier. A celui de la renommée et des futurs contrats aujourd’hui, dans un football féminin international, bien plus professionnel et rémunérateur.
Pour les Diani, Paredes, Perisset, Endler ou Kiedrzynek, Katoto, Diallo, Formiga, Geyoro, Morroni, Lawrence, Nadim, Daebritz et consoeurs. Tout va reposer sur ce slogan « Paris est Magique ! ».
Victoire, tête du championnat, et la renommée est garantie.
Mettre un « ! » au slogan, Paris est Magique !
Bon nombre des 10 millions de spectateurs déclarés pour l’audience des Bleues au Mondial 2019 poseraient un « ? » au slogan parisien face aux lyonnaises. « Paris est Magique ? ». Faute de savoir. Faute de renommée. En raison d’exclusivité lyonnaise sur le football féminin. Un territoire revendiqué et possédé par le Rhône.
A l’excès.
Bien entendu, la bourgeoisie et royauté lyonnaise se gardera bien de dire « qu’elles pensent être les Reines du football féminin ». Comme tous les bourgeois, il y a un décalage conséquent entre les mots et les pensées. On maitrise la communication médiatique. Pourtant, elles ont même demandé l’installation informelle d’un code de langage et de reconnaissance la saison dernière quand on parle d’elles ! Les joueuses parisiennes avaient revendiqué la victoire. Les lyonnaises n’avaient eu qu’un mot, qu’elles se taisent.
En infligeant un (5-0) à domicile sur le plan sportif. En réclamant des les premiers micros, le respect des Maîtres par les obligés. Sous-entendu, baisse la tête quand tu parles de l’OL. Imposer un Code quand on parle de Lyon, c’est gonflé quand même. C’est limite « Grosse tête ».
Lyon qui, pourtant, ne reçoit le football mondial qu’au niveau des demis et d’une finale de Coupe du Monde ! Repoussant le Parc des Princes à un second rôle. Ecartant le Stade de France et ses 80.000 places. Regardant au loin, le quotidien du football, intéressé uniquement à construire des records d’affluence. Là, encore 30.000 attendus au Groupama Stadium. A Lyon et pas ailleurs.
Devant. Devant. Un environnement médiatique qui centralise les « a-cotés » du football féminin (sponsoring, contrat d’image) vers les joueuses lyonnaises. Ignorant les autres.
Dans un monde d’aujourd’hui où toutes les paroles se libèrent, ou l’équité doit être une vérité et non pas des mots exclusivement intéressés. C’est bourgeois. L’illustre Molière l’a décrit. C’est pas « d’aujourd’hui », et il faudrait être sacrement imbu de sa personne et de sa pensée pour dire « que ce genre humain » n’atteint pas l’immensité du club de l’OL ».
Lyon est bourgeois.
On a jamais vu une Révolution à Lyon. L’histoire lyonnaise est bourgeoise. C’est ainsi. Ce n’est pas pour rien qu’on y trouve une restauration de niveau mondiale. Lieu privilégié de la bourgeoisie. Entre code de préséance, d’élocution, d’attitudes et de comportements pour s’extasier, tout autant d’un plat réduit à une notion microscopique, qu’à l’affichage sur le terminal de paiement, des unités qui justifient au bourgeois, de sa réussite. Lyon doit accepter d’être devenu bourgeois.
Quand Paris reçoit le monde et sa diversité.
Avant le PSG venait à Lyon en se demandant si elles allaient pouvoir gagner, les bousculer. Aujourd’hui, elles savent qu’elles peuvent le faire. Elles l’ont fait. D’autres l’ont déjà fait. Elles sont devenues les « chevalières du PSG ». Sabrina Delannoy, Laure Boulleau, Kiedrzynek, Kosavore Asllani, Marie-Laure Delie, Laura Georges, Cristiane, etc..
La Révolution vient toujours de la Capitale.
Alors Sportives de Haut Niveau Parisiennes, même sans les Ultras, face à 30.000 lyonnais et lyonnaises. « Révolutionnez-nous ! », « Révolutionnez-vous ! ».
C’est certain, vous le méritez tout autant. Quatre vingt dix minutes. Un ballon. Des règles. Et du talent individuel et collectif.
« Révolutionnez-nous ! », « Révolutionnez-vous ! »
C’est ce que l’OL a fait pour dominer. Juvisy était leader de la D1F. Même en 2012, cinq ans après sa prise de pouvoir du football féminin, quand l’OL a gagné à Bondoufle, elles ont fait craquer la porte de leur vestiaire visiteur. En tapant dessus. De joie, d’avoir bousculé les anciennes leaders. Faisant crier de colère et de dépit Juvisy. Riant sous cap d’avoir gagné, pour les partenaires de Lotta Schelin, devant personne. Et puis Juvisy s’est embourgeoisé. Regardant moyen, pensant moyen, peur de perdre l’acquit, à la recherche de bénéfices autre que sportif.
Quoi qu’on vous dise, avec ou sans Ultras. Le football est fait de Révolutions. Demandez à Laure Boulleau, à Sabrina Delannoy, à Kiedrzynek et à d’autres. Un souvenir me reste de cette période. Je n’avais pas vu le premier match mais le second, en coupe d’Europe, était télévisé. Au coup de sifflet, Laure Boulleau et Sabrina Delannoy sont tombés dans leurs bras respectifs. A travers l’écran, elles marchaient sur l’eau. Tout simplement. Un titre leur aurait donné autant.
Dijon est encore dans le bonheur et le plaisir d’avoir réussi un (0-0) face aux lyonnaises devant 5.000 personnes. 12e et dernière et en 90′, première dans leurs coeurs et celui des spectateurs.
Vous êtes jeunes. Qu’attend-on de la jeunesse ? La volonté de faire des choses que l’expérience refuse de tenter. La détermination de s’imposer. Nous sommes dans des lycées où même le plus freluquet s’armera de courage pour s’opposer, menton contre menton, au plus fort qui vient le chercher. Chacun, regardant sous cape, pour voir jusqu’où ira le courage ? Et puis après, tout se calme. Comme dans un match.
Alors mettons un point d’exclamation au slogan « Paris est Magique ! ».
Parisiennes, « Révolutionnez-nous ! » « Révolutionnez-vous ! » comme pourrait avoir écrit Jacques Seguela, publicitaire octogénaire à l’ADN baigné de jeunesse. Non pas contre les lyonnaises, mais pour vous imposer au club de l’OL. Vous y gagnerez du respect.
William Commegrain Lesfeminines.fr
- Samedi 17h30 en direct sur Canal Plus.
- L’Ol vous remerciera. Quoi de plus présent que de passer de Bourgeois pour redevenir aventurier de son parcours et de sa destinée.