La Women’s French Cup, en proposant une opposition pour un titre entre deux clubs français concurrents -Paris, vice-champion depuis 2013, Montpellier vice-champion en 2017- a donné des indications intéressantes sur leurs potentiels.
Sans, -formule de rigueur- qu’on puisse y voir l’image future du résultat du championnat parmi les favoris pour la course au podium. Du simple fait que Paris Saint Germain et Montpellier se rencontreront bien plus tard en championnat. Pour la dernière journée (11e) des matches aller, soit le 7 décembre 2019 et un retour (20e journée) au 18 avril 2020. Comme le dit le proverbe populaire : « De l’eau aura coulé sous les ponts ! ».
A l’inverse, cette rencontre donne quelques idées sur les joueuses du PSG, leurs possibilités à court terme, les choix du staff -Olivier Echouafni et Bernard Mendy- après une Coupe du Monde qui aura accaparé tous les regards et les indicateurs de performance.
Le Paris Saint Germain 2019 est un PSG où des choix vont être faits. Pas simple !
D’habitude, en football féminin, les onze sont vite dessinés. Les équipes jouent à quinze sur une saison pour des entrées tactiques, faire face à des blessures. Voire imposer un repos, plutôt rare dans certaines équipes.
Notamment dans les équipes de tête, contraintes à ne jamais perdre pour rester à hauteur d’un match clé face à l’OL qui pourrait renverser le championnat. L’OL par exemple tourne rarement.
Pour Montpellier, sa première mi-temps a montré la différence entre ses deux onze. Celui de la première faite de jeunes et les joueuses appelées à être titulaires pour la seconde. Les possibilités seront donc restreintes. Paris, de son côté, possède cette saison une particularité. De nombreuses joueuses sont très proches. Pour certains postes, difficile de discerner à l’avance une titulaire.
Au poste de gardienne
Olivier Echouafni va avoir une tâche délicate qui existait déjà au palmarès de la D1F, lorsqu’il avait été proposé le duo parisien quand bien même Endler avait moins joué que Kiedrzynek. Choisir entre Katarzyna Kiedrzynek (28 ans), déjà à sa septième saison au PSG, capitaine d’une Pologne ressuscitée à la faveur d’une finale au Tournoi de l’Algarve en 2019 et candidate à une qualification pour la prochaine Coupe du Monde, passée de 24 à 32 équipes. Et, Christiane Endler, même âge et tout autant capitaine du Chili, deux centimètres de plus que la parisienne polonaise (182), auteure d’un match incroyable contre les USA en Coupe du Monde, notamment au Parc des Princes mais qui n’a jamais eu l’occasion de réaliser un match phare avec le PSG, au club depuis deux saisons quand même.
Les puristes donnent la préférence à Endler, les supporters parisiens ont des matches références de Kiedrzynek sous les couleurs du PSG. L’essai de jouer avec deux gardiennes numéro 1 étant passé de mode. L’une faisant une série, l’autre prenant le relais. Tout cela va obliger Olivier Echouafni à l’injustice. Celle qui sera numéro 2 a tout le profil d’une numéro 1.
Arrière droit ? La suédoise Glass ou la française Eve Perisset ?
Quand on regarde le PSG de cette année, on s’aperçoit que dans cette difficulté au poste de gardienne, on la retrouve à d’autres positions. Un phénomène assez rare en football féminin où les filles ne sont pas assez nombreuses pour être réellement en concurrence. L’une étant souvent devant, même si l’autre est proche.
Par exemple, le choix ne sera pas simple entre Hanna Glas (26 ans), suédoise excellente au Mondial 2019, titulaire en arrière droit et médaillée de bronze, arrivée l’an dernier sur la pointe des pieds et Eve Perisset (24 ans), dans sa troisième saison au PSG, choisie par Patrice Lair pour sortir de l’équipe B de l’OL, arriver dans la foulée dans la sélection nationale d’Olivier Echouafni, entrer plus tardivement dans celle de Corinne Diacre ensuite mais porter, assez souvent, le brassard parisien et surtout, être justement présente dans les vestiaires.
Perle Morroni sur la gauche ou Ashley Lawrence la canadienne ?
Perle Morroni, c’est une boule d’1m57. Petite de nature mais encore plus petite de ses aînées, Laure Boulleau ou Jessica Houara d’Hommeaux, dans la moyenne d’1m60-1m62. Elle possède un coffre unique, capable de réaliser les allées-retours que demandent ce poste, en ayant à 21 ans, l’impact d’une défense serrée que sa taille lui a imposé, et la puissance et volonté offensive que son talent et sa jeunesse lui donne. A cette place, elle libère Ashley Lawrence (24 ans), canadienne au PSG pour sa 3e saison.
Internationale avertie de l’équipe du Canada, cette joueuse arrivée à 21 ans au PSG sans parler un mot de français, est certainement une des étrangères ayant le mieux réussi son parcours dans les équipes du Top 3 de la D1F. Les erreurs se comptent sur les doigts d’une main. L’apport emporte l’agrément de tous. Capable sans souci d’être efficace et efficiente quelque soit les demandes du coach. Limitée dans le Top mondial où elle n’a pas encore réussi à passer le cap du Top mondial à ce poste, elle est cependant indispensable au PSG pour apporter l’énergie de l’opposition et celle potentielle de la victoire.
Où va-t-elle être placée ? Latérale et poser Perle Morroni sur le banc, faute d’un excès défensif qui peut coûter un pénalty ou un cran plus haut, dans le couloir pour imposer le jeu du PSG dans le camp adverse et envoyer des vagues qui donneront le ou les buts vainqueurs.
Un choix simple avec une Perle, concentrée sur sa défense et assez matûre pour laisser une joueuse s’infiltrer si besoin. Le football étant un jeu à onze, d’autres peuvent compenser. Le football étant aussi un jeu d’erreur, l’attaquante peut aussi se « rater ». Un choix qui s’impose, notamment de lancer le talent de la jeune française à s’exprimer. En fait, c’est elle qui aura la décision en mains.
L’expérience de Formiga (41 ans) et sa limite ou la force et le dynamisme d’une Aminata DIallo (24 ans) ?
Bien qu’Olivier Echouafni ne partagerait pas cette remarque, je pense qu’il y a un choix fort à réaliser entre Formiga (41 ans) et Aminata Diallo (24 ans). Pour ma part, la légende brésilienne avec sept Coupes du monde et six Jeux Olympiques à son actif est comme un limitateur de vitesse. Sécurisante jusqu’à 130 mais dans l’impossibilité d’aller plus vite en 2020. Rien de surprenant pour ce qui est une performance humaine et sportive mais aussi une réalité factuelle. La jeune parisienne, au tempérament fougueux, ne peut en aucun cas se comparer avec la brésilienne, sauf qu’elle a les atouts de la jeunesse pour elle, en plus du niveau requis. Là, où Formiga va demander aux autres de faire comme transpercer les lignes ou surprendre une adversaire ; elle, va le faire. La poussée n’est pas la même. Pour gagner dans le Top 3, Diallo présente plus de cartes. Pour une « cagade » contre une équipe du ventre mou du championnat, Diallo présente plus de risques. Sauf que le jeu se joue à onze, et que les coéquipières sont là pour compenser. Soit en défense, soit en marquant. Si le PSG veut le titre, il faudra prendre des risques.
La jeune Marie-Antoinette Katoto ou Jordyn Huitema, encore plus jeune ?
Le quatrième poste où le choix ne sera pas facile est celui d’avant-centre. Normalement, Marie-Antoinette Katoto (20 ans) s’impose. Une fois seconde au classement des buteuses (21 buts en 2018), l’an dernier meilleure buteuse de la D1F (22 buts). Deux ans plus âgée qu’une Jordyn Huitema (18 ans), canadienne filiforme qui vient juste d’arriver et qui montre des qualités d’appui intéressantes. Rien ne peut empêcher la parisienne d’être titulaire.
Sauf que, on attend tout d’elle. La moindre anicroche prend des proportions incroyables. Chez les autres mais aussi pour Elle. Il va falloir que le PSG et l’environnement fasse du Cavani avec Katoto. Laisser les critiques et compter le verre à demi-plein. Sauf que, c’est toujours difficile à maitriser surtout quand il existe une concurrence qui pousse, avec raison, pour demander une place. Voire imposer une place. Les « américaines » n’ont pas peur de cogner à la porte pour réclamer ce qu’elles pensent avoir, d’autant qu’un PSG qui tourne pourrait tout à fait avoir le titre au bout du fusil.
On le voit, le Paris Saint Germain est, en ce début de saison, encore en construction. C’est un inconvénient comme tout autant un avantage avec de telles joueuses.
Si l’amalgame se fait dans cette concurrence, elles pourront être redoutables. D’autant qu’ont peut identifier quatre leaders potentielles dans ce groupe. Des joueuses qui maintenant doivent gagner quelque chose pour s’imposer plus en France et surtout sur le plan international.
Quatre leaders qui peuvent booster le PSG !
Dans cet ensemble, on devine quatre titulaires incontestables. Irène Paredes (28 ans), internationale espagnole et déjà quatre ans au PSG. Capitaine, elle a l’âge des trophées. Peut-être que la gagne viendra de sa grinta. Grace Geyoro (22 ans), consensuelle et conviviale. N’a pas l’âge ni le caractère pour être leader mais qui donnera à une leader, la force et la qualité pour réussir. Partie pour être meilleure joueuse du championnat, très utile pour la leader qui voudra avoir un trophée. Sara Däbritz (24 ans), qui vient d’arriver au PSG après quatre années au Bayern et 65 sélections pour la Mannschaft. Une fille qui placée au centre, trouve toujours une solution offensive, compte tenu d’un pied gauche et d’une qualité de dribbles faits de feintes du haut du corps qui permet la petite passe technique sur une joueuse en possibilité de tirer. Enfin, Kadidiatou Diani (24 ans), excellente dans la perforation avec un dribble en deux temps qui fait la différence, et dont le niveau du TOP 5 mondial ne dépend que de ses centres.
Si ces quatre joueuses leaders montent d’un cran en ajoutant une carte à leur jeu ; l’équipe parisienne se mettra au diapason et alors, il faudra que l’Olympique Lyonnais soit très fort pour aligner leur 14e trophée national.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Source footofeminin.fr Composition du PSG lors de la finale Women’s French Cup 2019 face à Montpellier.
16-Christiane Endler ; 2-Hanna Glas (17-Eve Périsset 46′), 14-Irene Paredes (cap.), 4-Paulina Dudek, 20-Perle Morroni ; 8-Grace Geyoro (27-Léa Khelifi 75′), 24-Formiga (7-Aminata Diallo 46′) ; 11-Kadidiatou Diani (10-Nadia Nadim 68′), 13-Sara Däbritz (19-Annahita Zamanian 85′), 15-Karina Saevik (12-Ashley Lawrence 46′) ; 23-Jordyn Huitema (9-Marie-Antoinette Katoto 68′). Entr.: Olivier Echouafni
Non utilisées : 1-Katarzyna Kiedrzynek, 5-Alanna Cook, 18-Lina Boussaha, 33-Alice Sombath