Le contexte. Un chat est un chat. Le Chili n’est pas une grande équipe (37e FIFA) du football féminin. Elle a perdu tous ses matches depuis 2019. Sa dernière victoire remonte face à l’Australie en 2018 et les chiliennes, vice-championne de la Copa America 2018 ont été défaites deux fois par la Jamaïque avant de venir en France. Toutes doivent travailler ou étudier quand les USA sont totalement professionnels, réunis dans des camps pour travailler ensemble. 

Si on doit écrire que les USA sont une très grande équipe capable de ramener le titre 2019 pour réaliser leur premier doublé, ce n’est pas due à l’opposition chilienne, conduite sur 95’ à ne venir que trois à quatre fois dans les trente mètres américains.

Dire cela n’est pas déconsidérer les chiliennes qui ont fait un match courageux, mais c’est préciser une réalité. Pour l’instant, les USA ont été extraordinaires face à des équipes faibles (Chili, Thaïlande). Qu’elles s’en fichent est une chose, qu’elles puissent le contredire, est impossible.

Le tempérament américain : des dragsters.

Il reste que ces filles sont des dragsters. Si on doit comparer le jeu des américaines de la capitaine Carli Lloyd, ce serait de les associer aux dragsters. Ces monstres de voitures ou motos biberonnées à une propulsion nucléaire et qui ont déjà fait 15 mètres avant que vous n’ayez dit « Partez ! ». Du feu sortant des pots d’échappements. 

Un match, « tambour battant »

Les américaines vont démarrer « dragster » leur match, « tambour battant » pour qu’en 3 minutes, on puisse voir 3 réelles occasions (1’, 2’, 3’) de but dont un poteau qui renvoie la balle à l’excellente Cristiane Endler, ne mesurant pas encore tout son bonheur, mais qui ne tardera pas de le savoir.

La meilleure joueuse du Mondial 2015 sur qui les années sont restées collées est posée en avant-centre. A 36 ans et quelques peccadilles, seul le grand Roger Milla a fait quasiment pareil. Plus vieux, dans une équipe moins talentueuse et avec moins de réussite.

Carli Lloyd, un neuf qui joue en dix.

Jill Ellis a inventé un nouveau poste. Un numéro 9 qui distribue comme un 10 et toute la mi-temps sera celle de l’américaine. Appui, balle décalée, initiative, lancement de ses troupes. A se demander si elle n’est pas venue sur le terrain avec des galons de Général. 

C’est elle, en patronne, qui ne laissera surtout pas Julie Ertz lui prendre cette balle qui vient en deuxième rideau, mal dégagée par Galaz, pour placer un gauche autoritaire qui finira puissant, au fond des filets. La surface est à elle, et elle le fait savoir (1-0, 12’).

L’arbitrage, tendance USA ? 

Aurait-elle été décontenancée par l’égalisation chilienne sur une balle qui passe anodine, sous les mains de la gardienne américaine pour un coup franc « gag », refusé en raison d’un hors jeu alors que la joueuse ne la touche pas. Juste l’accompagnant du regard et de la course. Le but avait été validé, après discussion et intervention de la VAR, pour Australie-Brésil. Il sera refusé par l’arbitre de cette rencontre.

Même avec cette égalisation, en aucune manière, les américaines se seraient arrêtées. Mais il faut bien reconnaître que l’arbitrage peut avoir ses faveurs. Un corner discutable est accordé aux USA, peut-être déjà le dixième à ce stade de la rencontre, et Julie Ertz marque le second but américain sur une puissante et magnifique tête retournée qui aura tout d’un boulet de canon. Un corner travaillé et bien terminé. (2-0, 24’).

La force américaine aurait été là.

Ce sera encore sur un corner que Carli Lloyd, en mouvement, viendra chercher la balle qu’elle a décidé d’avoir pour la propulser de la tête au fond des filets de Cristiane Endler (3-0, 34’), mettant à terre son adversaire. 

Sur les trois buts, la gardienne chilienne n’a pas eu une once de possibilité de réagir. Trois boulets de canon. Voilà la puissance des USA.

En même temps, il faut rappeler la faiblesse adverse, qui semblait condamner à des tacles défensifs du bout du soulier tellement elles étaient débordés en vitesse. Et les soucis de qualités techniques des américaines. Perdant des ballons par précipitation, manque de contrôle avant ou ) la sortie d’un dribble, à l’image d’une Mallory Pugh, en-dedans, amenée plus d’une fois à remettre derrière. 

Reste que le score est logiquement en faveur des USA. (3-0) à la mi-temps, le score face aux Thaïlandaises. Le Chili allait-il en prendre autant (10) sur le second acte de jeu ?

Cristiane Endler fait le show.

Une mi-temps qui sera l’exploit de Cristiane Endler. La gardienne parisienne, très heureuse de jouer au Parc des Princes, antre du club masculin, ira chercher des arrêts de classe mondiale. A dégoûter Christen Press.

Une superbe reprise bien nette repoussée à la 58’, une tête à la 64’, un tir cadré à la 74’ sous l’oeil noir de Carli Lloyd passée milieu depuis l’entrée de Mac Donald (46’). Voilà de quoi poser un doliprane sur la table de chevet de Press, excellente sur le côté gauche des USA.

Mais Cristiane Endler avait plus que la main chaude. Son poteau ou la transversale étaient de la partie. Mac Donald, un bébé qui a tout d’un trois quart, tentait sa chance d’un beau brossé qui s’achevait sur le poteau (62’). Carli Lloyd était à deux doigts d’un quadruplé historique qui l’aurait placé à égalité avec Alex Morgan dans cette Coupe du Monde. Une tête qui descend en cloche sur la transversale (74’) et un pénalty donné par la VAR qui sort extérieur (81’).

Le match se terminera sur la même puissance américaine, de meilleures liaisons offensives, et une deuxième mi-temps « performante » du Chili qui repartira du Parc avec un (0-0) et le titre de meilleure joueuse pour Cristiane Endler. Une juste récompense, en plus au Parc. Totalement méritée. Des parades qui pourraient la placer comme la gardienne de la compétition, quand bien même, le Chili reparte à la fin de son dernier match de groupe.

Bilan, une victoire puissante à relativiser.

Avec le retour sympathique de Lindsey Horan, Tobin Heath (La Pirate du dribble), restée sur le banc, Allie Long la première au PSG, Megan Rapinoe et Alex Morgan (restées sur le banc) en France, les américaines ont renversé une équipe jeune, fragile physiquement et tout cela s’est transformé par la force américaine en démonstration réelle mais qu’il faut relativiser.

Du déchet technique excessif en première mi-temps. Le manque de solutions face à une gardienne en feu pour la seconde.

A noter aussi une équipe puissante avec ses supporters. Remplir le stade du Parc et faire mieux que l’ouverture des Bleues (45.594, le record de la compétition). Les Boys et Girls américains sont sortis de l’antre du PSG avec la certitude que leurs joueuses allaient être championnes du Monde.

Je demande néanmoins à voir les USA face à une autre équipe qui sache tenir l’impact et jouer des contres. Un bon test les attendent avec la Suède.

Sur le plan de l’ambiance, trois équipes ont des supporters pour être la 12e femmes du titre. Les USA, les Pays-bas et les Bleues. Si j’étais la France, je me renseignerais sur les billets déjà vendus au prochain quart de finale. Achetés par quel pays ? 

Les USA peuvent très bien un 1/4 avec la France avec 3/4 du public déjà américain.

William Commegrain Les feminines.fr

Groupe F de la Coupe du Monde.

USA (3-0) CHILI. Groupe F. 16 juin 2019. Parc des Princes – Paris. Riem Husseim (Ger). Assistantes : Cockburn (Sco) Tepusa (Rou). VAR : Turpin Clement. VAR HJ Striletska. Cartons jaunes : Horan (23’) Long (88’) ; Huento (80’) galaz (94’), Lara (76’)

Carli Lloyd (12’, 36’), Ertz (26’).

USA : Naeher – Krieger, Dahlkemper (82’,Sonnett), Sauerbrunn, Davidson – Brian, Ertz (46’, McDonald.), Horan (59’, Long)- Press, Lloyd, Pugh. Coach : Jill Ellis.

Banc : Mewis, O’hara, Morgan,, Rapinoe, Lavelle, Heath, Harris, Dunn, Franch,

Chili : Endler – Galaz, Guerrero, Saez, Toro – Soto (46’ Lopez), Araya, Lara (89’, Pardo)- Zamora, Urrutia (68’ Huento), Balmaceda. Coach : Jose Letellier.

Banc : Campos, Torrero, Soto, Diaz, Rojas, Aedo,, Grez,, Pinilla,, Duran