Ewa Pajor, 21 ans, est un talent pur du football polonais. Comme bon nombres de joueuses hors normes qui se trouve être d’une nationalité où les équipes nationales ne passent pas le cut des qualifications aux compétitions internationales féminines, son seul fait d’armes est d’avoir été élue meilleure joueuse U17 de l’Euro 2013.
Au delà de cette tranche d’âge, pour la Pologne comme pour bon nombre d’autres équipes nationales, il devient difficile de se qualifier. Les différences de structure des clubs transforment les joueuses. De plus dans les pays organisés, une partie reste. Chez les autres, l’appel de la vie et du travail l’emportent sur la passion et qualité du jeu, et surtout sa rémunération. Les jeunes joueuses se transforment en femmes, avec leurs vies et des souvenirs d’adolescence privilégiés.
Pour 2019, le constat est encore le même. Actuellement troisième du groupe 2 de qualification pour le mondial 2019, la Pologne de Katerzyna Kiedrzynek ne sera pas en France, trop éloignée de la Suisse (-8 pts), leader du groupe et de l’Ecosse sa poursuivante (-2 mais avec deux matches en plus).
Pourtant cette joueuse est un véritable talent qui d’ailleurs n’a pas échappé au Vfl Wolfsburg, lui proposant d’intégrer son équipe en 2015. A un âge, 19 ans, où le voyage reste une aventure mais inquiète moins.
Voilà trois ans que la jeune joueuse s’est formée dans le club leadeur de l’Allemagne sans jamais apparaître comme nous aimons faire apparaître les jeunes pousses prometteuses françaises. Déjà, au firmament de nos rêves sans tenir compte de l’évolution physique et mentale à ce jeune âge.
Depuis septembre 2016, elle apparaît comme titulaire dans l’équipe nationale après avoir commencé en 2015 assez jeune, dans les phases de qualifications et l’ouverture s’est faite seulement en 2018 pour le VFl Wolfsburg, malgré des participations constantes (16 en Champions League et 34 en Bundesliga) pour la former certainement, avec des titularisations en Women’s Champions League au stade des demi-finales contre Chelsea.
Elle sera Jeudi, certainement à la pointe de l’attaque du double champions européen (2013, 2014), en course pour un deuxième doublé, championnat national, coupe d’Allemagne et Coupe d’Europe.
La limite actuelle d’Ewa Pajor se mesure non pas à sa taille mais à son nombre de buts (10 en Bundesliga sur les trois saisons). Bien moins grande qu’Alexandra Popp, elle n’a pas son physique qui pose des problèmes aux défenses centrales adverses. A l’inverse, et comme toute joueuse qui doit privilégier autre chose dans son football, elle a un mental de conquérante qui se voit aux premières images.
Elle joue avec le numéro 17. Ce numéro, c’est celui des joueuses qui joue avec de la finesse et surtout de la détermination.
Ewa Pajor, que nous connaissons bien moins que Lara Dickenmann (Suisse, ex-OL), que Pernille Harder (Danoise, seconde meilleure joueuse FIFA 2017) qui parait en baisse de forme, Nilla Fisher (Suèdoise) l’éternelle au centre de la défense, Caroline Graham Hansen (Norvégienne) qui n’a jamais gagné contre un club français, ou Lena Gossling (internationale Allemande) comme Alexandre Popp, elle sera un numéro 17 à suivre dans cette finale européenne.
Pour elle, les grand matches à vivre ne se feront qu’avec son club. Même si Alexandra Popp sera de la partie, même si Stephan Lerch, le coach allemand précise un jeu défensif fait de contres : «Nous devons essayer d’être très compactes dans la défensive et être aggressive dans les duels. Lyon ne connaît pas cela dans le championnat français. » Ewa Pajor pourrait très bien être celle qui donnera la Coupe au Vfl Wolfsburg. Il faut faire attention à elle.
Finale WCL 2018 – Jeudi 18h00, le Vfl Wolfsburg face à l’Olympique Lyonnais, les deux leaders du football féminin européen.
William Commegrain lesfeminines.fr