Gilles Eyquem est le coach qui connait le mieux la jeunesse française dans le football féminin. Il a géré les U19 de 2013, la Coupe du Monde 2014, les U19 de 2015, les U19 de 2016 et la Coupe du Monde à venir U20 de 2016.
Arrivé 3ème au championnat du monde de 2014 en s’inclinant devant l’Allemagne en demi-finale (pas mérité disait Kadidiatou Diani) mais en prenant la médaille de bronze à la Corée du Nord (4è), la France (3è) revenait contente du Canada bien qu’ayant gagné l’Euro U19 en 2013.
Cette édition semble être la copie conforme avec un titre européen en 2016 et le titre à jouer en U20 dans la foulée. La France se présente donc comme une équipe qui doit aller sur le podium, voire mieux et qui a la possibilité de prendre la Coupe à l’Allemagne (2014) ou la finale à la surprenante équipe du Nigéria (2è) qui ne s’était inclinée qu’1-0 aux prolongations.
Ce sera une Coupe difficile. D’une part les équipes sont de qualités et d’autre part, elle se fait au bout du monde, faisant plonger toutes les équipes du Top dix mondial, dans l’inconnu total.
La Papouasie Nouvelle Guinée qui s’est substituée à l’Afrique du Sud défaillante, est plus qu’une terre d’aventure. Elle peut-être une terre de rêves.
Entretien avec Gilles Eyquem, Résidence Elite, Clairefontaine.
« 2014, une belle aventure humaine. »
Comment vous voyez cette Coupe du Monde U20 ?
Je vois cela de façon très compliquée avec une découverte totale par rapport à un si long voyage – je crois que l’on n’a jamais fait aussi long – (27 heures avec l’escale à Singapour) dans un pays qui n’est pas très football et visiblement, si j’ai bien compris, avec des installations qui ne sont pas toutes prêtes. On nous a dit d’oublier ce qui était les compétitions traditionnelles et que nous allions découvrir quelque chose de nouveau. Je pense que l’on va s’adapter mais c’est le propre des entraîneurs. On va s’adapter.
Que reste-t-il de la Coupe du Monde U20 2014 au Canada (médaille de bronze face à la Corée du Nord). ?
Une belle aventure humaine car à l’époque je découvrais. On partait un petit peu dans l’inconnu avec un groupe qui a appris à se connaître dans la compétition et qui a surtout adhéré à un projet humain intéressant. Cela reste un très bon souvenir, avec une belle compétition bien organisée où on a eu de la réussite aussi puisque l’on a pas trop bougé et que nous sommes restés à Montréal. Dans la préparation et la compétition, c’était quand même un atout.
Vous évoquez les mots « projet humain », c’est à dire plus concrètement ?
Comme je dis aux filles, il y a nécessairement le sport avec le terrain. Si elles sont là, c’est qu’elles ont des qualités. Mais ce qu’on recherche aussi, c’est que si on part un mois ensemble et qu’on aille « juste après la finale », il faut pouvoir vivre ensemble et que cela se passe bien. On est très attentif « au vivre ensemble », à l’état d’esprit, au groupe, aux relations entre les filles et avec le staff . C’est vraiment un projet de groupe, et pour moi, une bonne joueuse, ce sont des filles qui savent vivre ensemble.
« Les filles, vous avez des capacités. Il faut mettre en route tout cela ! »
Si on regarde un peu le parcours de la France, comme étant une équipe bien partie pour ramener quelque chose, comment gérez vous le fait d’être dans un groupe interrogatif (USA, Ghana, Nouvelle-Zélande) et en même temps être crédible pour avoir un objectif de titres ou de médailles ? Comment gérez-vous cela ?
C’est quelque chose que l’on aborde avec les filles rapidement. Il ne faut pas se dire que l’on va rencontrer les Etats-Unis. Il ne faut pas se dévaloriser. Il ne faut pas non plus arriver en se disant : on est Champion d’Europe, c’est un grand continent de football et on va tout casser. Il faut arriver à dire : « les filles, vous avez des capacités et un gros potentiel. Il faut maintenant que vous en soyez persuadé et mettre en route tout cela. »
En Slovaquie (Euro 2016 U19), pourtant on démarre mal. On a eu du mal à mettre en route tout cela. Les filles se connaissaient, il y avait de bonnes choses qui passaient entre elles mais c’était un peu dur à démarrer. Peut-être que c’était avant le début de championnat avec une reprise non effectuée encore, il fallait tout remettre en route et c’était un petit peu compliqué. Là, j’espère que cela va aller, les filles sont en plein championnat, il n’y aura pas ce temps de latence.
On a très peu joué ensemble mais je pense que les filles étaient déjà ensemble en Israel en Juillet 2015. Cela devrait aller.
Qu’arrive-t-il à Marie Antoinette Katoto ?
Elle s’est faite une blessure à l’insertion des ischios jambiers lors du match de dimanche entre le PSG et Montpellier (sortie à la 54′).
« 2016, plus de choix ». Le niveau monte
Justement, par rapport à ce vivier que vous avez après la blessure de Perle Morroni. Est-ce qu’il y a une grande différence entre vos choix de 2014 et de 2016 ? En fait est-ce que la structuration du football féminin s’est ressentie dans votre sélection ?
Exactement cela. En 2014, je crois que pour construire le groupe, on n’a pas fait de choix. On est allé chercher des filles. Alors que là, il y avait vraiment 30 à 35 filles sur lesquelles on pouvait se dire que celle là aurait pu y être aussi. Après, il y a toute cette alchimie qu’il faut arriver à faire entre l’équilibre des postes, les cohérences, les affinités. Et là, sur cette Coupe du Monde, j’ai fait ces choix là.
2014, 2015, 2016. Votre objectif à vous.. C’est quoi ?
Le titre. Même si on a perdu deux atouts importants avec Perle Morroni qui s’était blessée contre l’Allemagne au mois de Septembre et Marie Antoinette, qui sont deux joueuses offensives qui pesaient lourds dans notre effectif. Il nous reste un groupe plus que cohérent, du potentiel. Après, il y a ces points d’interrogation liés à l’exotisme du déplacement, la découverte là-bas.
Ce qui est sûr, c’est que l’on va connaître nos adversaires. Les américaines, car j’ai mis mon collègue à travailler depuis deux mois sur tous les matches. De ce côté là, on sera prêt et j’espère que les joueuses seront prêtes aussi. Je leur fais confiance. Je sens un enthousiasme et une envie. Je n’en doute pas.
Le premier match face aux USA , c’est déjà un gros match ?
Ce sera un gros match qui va nous situer très rapidement. Une défaite ? Et le Ghana ne sera pas simple alors car c’est surtout souvent athlétique et difficile à manoeuvrer.
« Je n’ai pas été sollicité pour les A, mais je suis bien avec les jeunes ! »
Dernière question : il y a eu un changement de sélectionneur chez les A. Vous auriez pu être candidat. Est-ce que l’on vous a sollicité ou pas ?
Non. Cela ne m’a pas surpris que je n’ai pas forcément de sollicitations. Je suis bien avec les jeunes et j’arrive à un âge ou peut-être, il vaut mieux faire appel à plus jeune ! C’est pas mal aussi. Non, mais j’avais un beau projet avec cette Coupe du Monde et je suis bien avec Elles.
Vous êtes certainement celui qui connait le mieux l’avenir du football féminin français et ses adversaires. Quel est votre sentiment ?
Je suis très enthousiaste. J’ai découvert cela récemment. En Octobre 2013. C’est fabuleux et je fais la promotion du football féminin aujourd’hui avec des éducateurs que je rencontre et qui m’interrogent des fois : « alors, qu’est-ce que ca vaut ? « . Et là, je leur répond qu’il faut y aller à fond. Il y a vraiment des choses qui se mettent en place avec des jeunes de qualité en pagaille. Il faut bouger comme le football féminin aujourd’hui. C’est quelque chose qui va grandir encore et encore plus. »
Clairefontaine. Lundi 31 Octobre 2016. ITW avec Gilles Eyquem, sélectionneur des U20 féminin.
L’équipe de France part Mercredi matin pour atterrir en Australie à Brisbane pendant six jours et jouer un match amical face au Canada avant de décoller pour la compétition qui démarre le 14 novembre pour la France.
William Commegrain lesfeminines.fr
- Groupe A : Papouasie, Brésil, Suède, Corée du Nord.
- Groupe B : Espagne, Canada, Japon, Nigéria
- Groupe C : France, USA, Ghana, Nouvelle-Zélande
- Groupe D : Allemagne, Vénezuela, Mexique, République de Corée.
Les matches de la France :
- 14 Novembre – 16 heures – France Vs USA
- 17 Novembre – 16 heures – France Vs Ghana
- 21 Novembre – 16 heures – Nouvelle Zélande – France.