14 avril 2016. La Chine a des ambitions d’avenir. Il fallait tenter quelque chose et la Chine, qui nous parait être le pays le plus traditionaliste du monde l’a fait.
D’une part en se séparant de son coach HAO Wei qui les avait amené en quart de finale de la Coupe du Monde 2015, éliminée sur le plus petit des scores (0-1) par le numéro 1 mondial, les USA, qui deviendront Championnes du Monde quelques jours plus tard, en produisant une finale qui restera historique (5-2) face au Japon.
Ensuite en choisissant, parmi les candidats et candidates à la succession, le Frenchman Bruno Bini, l’homme qui serait celui qui, au delà de son expérience, de ses reconnaissances FIFA (3è en 2011 et 2012) et de ses diplômes, utiliserait le plus et le mieux, une autre compétence, à valeur égale, celle de la dimension humaine. Il ne s’en cache pas « C’est lors du second RDV informel que la décision s’est faite. Sa gestion de vie a eu autant d’importance que son projet de jeu ».
Enfin, dans ses choix institutionnels, la Chine a montré qu’elle savait aller à contre courant de tous les préjugés et stéréotypes qui sont devenus le carcan des sociétés développées ; protections utiles et sympathiques lorsqu’elles sont peu prononcées, cancer contre lequel lutte de plus en plus, les individus isolés pour se regrouper et former, ici ou là, des poches de différences si utiles à la société, qu’elles en deviennent l’illustration de son indépendance et le messager d’un avenir : par exemple #lesNuitsDebouts.
Il y avait eu les Indignés espagnols de Mai 2011 à la Puerta Del Sol, inspiré de Stephane Hessel, ce diplomate française de 92 ans qui avait écrit, aux portes du Grand Retour, ce fascicule « Indignez-Vous ! » vendu à 4 millions d’exemplaires et traduit dans 36 langues et qui avait donné, pour les espagnols, les Podemos en 2015 (46 députés) ; il y a maintenant les effrontés des « Nuit Debout » français qui, d’un peu, font beaucoup.
Utilisateurs de cette caisse de résonance sociétale que peut devenir l’internet social : ces applications tels que Périscope, Twitter, Facebook qui sont en train d’être détournées de leur application première : outil de marketing commercial pour devenir des outils de fonctions sociales : mettre en commun des gens sur des actions civiles en direct et en liberté. « Tu aimes ou tu n’aimes pas ». « Tu likes ou tu ne likes pas ». Simple, et certainement efficaces.
Bruno Bini propose la même chose à la Chine du football féminin. Nul plan de marketing qui pourrait sortir d’un esprit formé à l’intérêt d’un marché.
Le football féminin est une chose qui doit plaire. Si elle plait, alors elle rencontrera du Monde et en Chine, certainement beaucoup de monde. Mais l’effet ne doit pas être la lumière à suivre. Il est la conséquence d’une cause. Et cette cause : c’est le plaisir.
Le plaisir de jouer, le plaisir du jeu.
Les deux derniers matches face au Costa Rica se sont joués devant 21.000 et 33.000 spectateurs. « Plus » devant les écrans. Je trouve qu’il y a un parallèle entre les propositions de jeu de Bruno Bini et les propositions sociétales des « Nuit Debout » français. Une démocratie différente sans s’éloigner de la performance. Un autre chemin. A proposer et à prendre pour ceux qui s’y reconnaissent.
On sait que l’homme se prête à l’écriture des jeux de mots et des phrases. Cela lui a été reproché quand l’esprit européen demandait le pragmatisme de la victoire et des titres. « On ne peut pas avoir l’argent du beurre et le beurre ou la crémière », dit le proverbe français très populaire.
La patience asiatique, là bien servie avec une qualification aux JO qui est une performance dans la droite ligne des victoires face aux USA et l’Angleterre, pourra être certainement l’environnement le plus adapté à l’expression de ce talent humain. Quoi qu’il en soit du résultat de l’équipe de Chine aux JO de Rio, et même avec le titre olympique comme avec une médaille, le véritable rendez-vous de Bruno Bini avec le football féminin se fera en 2019 avec la Coupe du Monde organisée en France.
Un peu comme les habitués ou les Nouveaux des RDV français des « Nuits Debout ». La présence est maintenant, les idées sont maintenant, mais le rendez-vous se fera en 2017, au moment de l’élection présidentielle française. La démocratie humaine est une force incroyable, d’autant plus avec l’outil internet. Elle transforme cet outil de vente en outil sociétal.
Pour le football, le football féminin peut avoir la même dimension. Parti d’une même base, pour créer une autre Histoire.
Bruno Bini et la Chine ressemble assez bien à ces Indignés français. Faire les choses de manières performantes mais autrement. Visiblement la Chine construit sa nouvelle révolution #Chine Debout. Elle passe par 2016 mais elle éclatera en 2019.
Peut-être par une médaille. Pour les deux compétitions ? Qui a dit que la Chine était traditionaliste ? Elle est peut être tout simplement performante, et là autrement.
William Commegrain lesfeminines.fr
Statistiques Chine depuis la prise de fonction de Bruno Bini (9V, 6N, 1D)
- Chine – Angleterre (2-1)
- Chine – Australie (1-1)
- Chine – Italie (1-1)
- Chine -Italie (2-1)
- Etats-Unis – Chine (2-0)
- Etats-Unis – Chine (0-1)
- Chine – Mexique (0-0)
- Chine – Vietnam (8-0)
- Chine – Corée du Sud (2-0)
- Chine – Vietnam (2-0)
- Corée du Nord – Chine (1-1)
- Japon – Chine (1-2)
- Chine – Corée du Sud (1-0)
- Australie – Chine (1-1)
- Chine – Costa Rica (2-1)
- Chine – Costa Rica (1-1)