« Il faut savoir être présent dans les gros matches sans se laisser piéger dans les petits ». Dans cette phrase de Sabrina Delannoy, se trouve toute la philosophie du PSG version 2015-2016. Les messines, en tête de leur championnat de D2, venues au Camp des Loges pour vivre une belle aventure vont craquer de la manière la plus incroyable qui soit : en 10’’ ce qui doit constituer un quasi-record de rapidité et qui pourrait faire quelques lignes dans le Guiness des Records du football féminin français. Pourtant, cela va les libérer et elles fourniront une superbe rencontre, engagée, tout au long des 90 minutes de jeu.

Un détail qui va libérer Metz.

Sur une balle anodine mal dégagée par la gardienne, qui trouve aux abords de la surface la jeune attaquante Ouleye Sarr, si surprise de ce cadeau inattendu, que cette balle semble lui échapper. Pourtant, ce ballon, si près des buts, reste à disposition d’une intention offensive que la jeune avant-centre ne laissera pas passer pour du bout du pied, réaliser un pointu qui passera sous le bras de la portière messine ! Juste assez pour passer, pas assez pour immédiatement rentrer. Elle finira cependant, par finir sa course juste derrière la ligne, malgré le plongeon de l’infortunée numéro 1.

Tout le monde se regarde, l’arbitre Karine Lasalle montre le rond central. Pourtant est-ce la rapidité du but ? Sa manière ? Les deux tout à la fois mais aucune des vingt deux protagonistes ne montre le moindre signe d’acquiescement. Incroyable immobilisme dans le stade. Un plan de cinéma se propose, couleur Claude Lelouch, juste au lendemain de la remise des Césars. Chacun attend quelque chose qui fasse que ce but ne se fasse pas. Un hors-jeu ? Une faute ? Quelque chose ? Non, rien !

Il faut un sifflet autoritaire de l’arbitre central, ramenant chacun à une réalité, poussant même à cette réalité que tous semblent refuser … pour qu’enfin, chacun comprenne que le but est accordé. Pour autant, les parisiennes ne manifestent rien. On peut même voir Caroline Seger écarter les bras en signe d’incompréhension. Il en est de même pour les messines, dont une seule prend la décision de remettre la balle au centre. Signe d’un but validé dans le jeu. La réalité est bien là : le PSG mène bien 1-0. 

Un but « casquette » face au Paris Saint Germain fait de onze internationales quel que soit leur âge, face à Metz qui est en D2, bien qu’en tête de son groupe mais avec un passé récent de 16 buts encaissés en D1F, l’an dernier, face au même club. On a inévitablement une pensée pour la suite …

Que nenni ! la jeune gardienne sortira deux superbes arrêts coup sur coup, face à Kenza Dali et Marie-Laure Delie qui montreront toute sa qualité et son implication mentale, présente à chaque fois dans les situations qui le demandaient, obligeant Anjà Mittag, meilleure buteuse de la dernière coupe du monde, à forcer la troisième tentative consécutive pour la mettre sur la transversale.

A l’image de son équipe, ce but va complètement les libérer.

Metz prend des initiatives et bouscule le PSG, un peu endormi tout en étant présent. 

Qui aura vu les messines 2014-2015 ne les reconnaîtra pas en 2015-2016. Et voilà que les filles de l’Est s’opposent aux parisiennes, sans leur laisser le moindre souffle d’air. Les obligeant à faire plus que de normal pour aller chercher une différence que les féminines de Paris, ne semblent pas avoir encore à l’esprit. La tête ailleurs, peut-être ?

Il faut dire que pour nombre d’entres elles, la semaine FIFA qui s’annonce à une bien autre importance. Avec pour les suédoises, un tournoi sanguinaire à quatre équipes dont une seule sortira vainqueur pour un ticket olympien. Avec pour les brésiliennes, une place à avoir dans le jeu de l’équipe du Brésil qui recevra les JO en Août 2016, avec au coeur, l’envie de venger les hommes de 2014 .. ou les suppléer. Avec les allemandes et les françaises qui se rencontreront dans un tournoi amical où quatre des cinq meilleures équipes mondiales vont se retrouver en Floride, sur les terres américaines.

Alors ce début catastrophique semble même sécuriser les adversaires : plus rien n’est à craindre, la différence est faite. Il ne leur reste plus que la position idéale de challenger. Que voulez-vous de mieux pour un David face à un Goliath ? 

C’est dans cet esprit que les filles de l’Est joueront cette première mi-temps. Se battant sur chaque balle. Tacles, contacts, marquages. Elles font feu de tout bois poussant même Cristiane et Caroline Seger a des envies de « grognement » très significatifs et visibles dans ce monde du football pourtant bien élevé qu’est le football féminin.

Elle poussent les messines, en n’ayant plus aucune crainte et avec l’envie bien marquée de jouer leurs coups « au maximum de leurs possibilités » sans autre état d’esprit que d’accepter leurs maladresses d’un côté tout en défendant âprement leur but de l’autre.

Ainsi, Meryil Wenger aura une balle d’égalisation inattendue (34′) mais incroyable avec une remise arrière de Kheira Hamraoui qui lui tombe dans les pieds aux abords des seize mètres, n’ayant plus qu’à se retourner sans adversaire au marquage, et voyant Anne Katrin Berger, la portière parisienne, venir au duel. Est-ce l’inattendu ? Est-ce la taille de la gardienne ? Sa balle piquée-liftée part trop extérieure sous les cris stupéfaits des spectateurs, frigorifiés par un vent latéral, mais prêt à se réchauffer aux battements de leurs coeurs. Un coeur « Coupe de France ». Toujours prêt à s’enflammer à l’innocente vertue de la surprise. 

De son côté les parisiennes ont la main sur le ballon et les débordements et décalages de Jessica Houara d’hommeaux sur le côté gauche marquent une présence significative sans pour autant qu’il y ait de réels dangers dans le camp messin ; chacune des blanches et noires défendant sa ligne et son couloir, de la première attaquante à la dernière défenseuse. 

Les filles se tiennent et les parisiennes n’arrivent pas à trouver les décalages qui font mal. On doit attendre plus de vingt minutes pour voir un tir cadré du côté parisien (21′, Karchouni), puis une tête de Cristiane (23′) et enfin un mouvement initié par Seger et terminé par elle (41′).

Le Paris Saint Germain prend les choses en main. 

La seconde mi-temps est différente dans le sens où Paris prend le jeu à son compte et s’impose à son adversaire, quelque soit l’endroit où se trouve la balle.

L’expérience trouve la solution : aller chercher une cause, il y aura bien un effet. 

Difficile pour Metz alors de remonter le ballon voire de construire le moindre jeu. C’est la période forte de Paris qui se manifeste par Caroline Seger qui va chercher une balle dans les pieds de la capitaine et défenseur centrale, sur sa ligne de but, comme dans un jeu de sixte, pour la récupérer on ne sait comment autrement qu’à la détermination de l’avoir, de s’imposer à son adversaire, sans savoir pour autant si cette récupération aura un effet quelconque mais en sachant, avec l’expérience, que la victoire est faite de détails et que celui-ci en est justement un.

Effectivement, cette action intempestive est loin d’être anodine. La capitaine de l’équipe de Suède récupère la balle qui par un jeu de passes arrive dans les pieds de Rosanna qui choisit de servir Cristiane sur un point fort face aux plus petites messines. Le centre aérien. La balle s’élève dans les airs et la puissance de Cristiane l’emporte sur son adversaire pour marquer d’une tête imparable (49′) qui ira coin opposé, le second but qui éloignera définitivement Metz d’une possible remontée.

(2-0), le job est fait et la partie ne peut plus se retourner. Même dans ses contres, les messines savent qu’elles ne peuvent pas aller jusqu’au bout de leurs actions et elles cherchent des appuis latéraux qui ont l’avantage de la sécurité mais l’inconfort de la prudence ce qui permettra à la défense parisienne de se regrouper, pour récupérer le ballon.

Metz valeureux face aux capes internationales parisiennes qui ont fait le job. 

Si, sur le plan des occasions, la messe est dite. Dans le combat et dans la présence, Metz a fait très bonne figure et plus d’une fois, elles ont remporté des duels inattendus face à des joueuses qui ont, tout de même, un profil international à plus de 100 sélections pour certaines quand elles-mêmes sont tout simplement des joueuses de D2.

Le match s’est terminé sur un troisième but de l’internationale française Marie-Laure Delie (91′, 3-0) qui est allée au bout d’une intention pour scorer quand son homologue Anjà Mittag, internationale allemande, semble errer comme une âme en peine n’arrivant pas à transcender sa présence lors de matches dont on ne sait, s’ils sont -pour elle- faciles, ou si la meilleure buteuse de la Women Champions League a l’esprit ailleurs.

Avec un score de 3-0, c’est un Paris qui a « fait le job » dira Sabrina Delannoy devant un peu plus de 350 spectateurs face à Metz qui est revenu jouer le Paris Saint Germain en sortant avec un score bien inférieur à celui de l’an dernier (0-16 sur les deux matches) et avec l’espoir « de les jouer l’an prochain en championnat plutôt qu’en Coupe de France » dit avec le sourire David Fanzel, le coach messin. En effet, les messines ont montré du coeur et une volonté collective sans faille, un swing de qualité, face … au finaliste de la dernière Ligue des Champions 2015 quand même .. !

De leur côté, les parisiennes rencontreront le vainqueur de Montpellier-VGA Saint Maur en demi-finale de la Coupe de France, le 17 mars. L’autre demi-finale opposera Rodez-Aveyron à l’Olympique Lyonnais.

William Commegrain lesfeminines.fr

Reactions : 

« Il faut savoir être présent dans les gros matches sans se laisser piéger dans les petits ». Sabrina Delannoy. Pour moi, la phrase essentielle du PSG version 2015-2016.

Farid Benstiti (coach du PSG) : une première mi-temps pris à la légère même avec une volonté de bien faire mais on a inconsciemment senti que cela pouvait être facile. L’agressivité de Metz sur cette Coupe de France nous montre qu’il n’y a pas de match facile et donc une remise en cause à la mi-temps pour que l’on soit un petit peu meilleur. (..) On est toujours à demander à ce que l’on soit régulier et c’est une bagarre de tous les jours. On ne pas se négliger sur le jeu pour arriver à instaurer des principes qui nous permettent d’aboutir à un objectif ensemble. Il faut que l’on continue à aller vers l’excellence même contre des petites équipes.(..) Je n’ai pas d’explications sur Mittag. On attend beaucoup plus d’elle. Ce qui m’intéresse maintenant, c’est de savoir pourquoi elle manque d’efficacité. On la sent vouloir bien faire, peut être l’adaptation. Ce n’est pas le manque de volonté à l’entraînement. C’est une fille qui a beaucoup bourlingué, en Suède pendant de longues années. Venir en France, changer de culture. Pour une femme, ce n’est pas évident. On l’attend plus enthousiaste pourtant elle est charmante. (..) On est en liste sur les trois compétitions, il ne faut pas retenir le match d’aujourd’hui. l’équipe est très bonne depuis la rentrée, jamais je ne remettrais pas en cause ce qui a été fait depuis car on revient quand même de loin. Je veux juste que l’on soit dans la continuité et que l’on profite de tout ce que l’on a fait depuis la reprise du mois de janvier. »

Laura Georges (PSG, plus grand nombre de sélections françaises) : une coupe de France, il faut toujours être très sérieuse et mettre beaucoup d’applications et d’agressivité. On doit faire beaucoup mieux pour le prochain tour forcément. (..) Au niveau du jeu, ce n’était pas bon (..) Aborder les matches avec plus d’agressivité et de simplicité. (..) Ce n’est pas un match dominant mais un match où quand même le PSG a dominé car il y a quand même de la qualité au PSG mais Metz a été très valeureux. (..) La donne aurait pu changer très facilement. il faut que l’on fasse attention à ces matches là.

Sabrina Delannoy (PSG, joueuse emblématique du PSG). On va essayer de retenir la qualification et non le contenu. Dans tous les cas, on a atteint l’objectif principal qui était de se qualifier pour les demi-finales. On est tombé face à une bonne équipe de Metz bien organisée et agressive. On savait que cela n’allait pas être évident mais cela nous fait travailler. Aucun match n’est facile. (..) Quand les équipes sont  en-dessous, on a du mal. On se met au niveau de l’équipe donc cela a toujours été notre faiblesse. On a quand même fait le job avec un score assez large. Ce qui est important aussi c’est d’être présent dans les gros matches sans se laisser piéger dans les petits matches.

Fanzel David (coach du Fc Metz) . le sentiment, c’est que l’on prend 2 buts beaucoup trop vite. Le premier au bout de 10 ». Vite en deuxième mi-temps donc le match est quasiment fini. On savait qu’elles étaient plus fortes que nous, qu’elles étaient plus puissantes et qu’elles allaient plus vite mais j’ai trouvé mes filles courageuses, elles ont joué jusqu’au bout, elles n’ont pas lâché et c’est juste dommage que les deux occasions que l’on a en première mi-temps, on ne les mets pas au fond. Car sinon, cela peut faire 1-1 à la mi-temps. C’était une belle aventure, on est sorti par une belle équipe. Maintenant, place au championnat. (..) Si on avait tenu, j’avais prévu de faire rentrer des attaquantes pour jouer un peu plus haut, mais comme je vous l’ai dit, on prend le but trop tôt et trop vite. je ne voulais pas en prendre cinq, six sept et que les filles moralement soient touchés pour le reste du championnat.

René Francheschetti (Administrateur FC Metz, et fondateur d’Algrange) : J’étais fondateur d’Algrange, Le FC Metz, où je suis depuis huit ans, avait pris cette décision de faire cette équipe féminine et on a pris l’opportunité de fusionner l’an dernier. On a découvert la D1 un peu tard car le rapprochement s’est fait au mois de Juillet, ensuite nous avons fait un début de parcours difficile pour terminer par une saison correcte. On a changé d’entraîneur et on a renforcé la structure et aujourd’hui, on ambitionne la montée, ce qui n’est pas encore gagné. Car il reste sept matches sur la fin. Avec aujourd’hui, un grand bonheur de venir à Paris sur un match dont le contenu était intéressant avec des buts casquettes car on est un peu jeune. Cette fusion est un bilan positif. On avait une convention de deux ans, maintenant Algrange va créer sa section féminine avec des jeunes et cela va donner un nouveau point de football féminin et nous allons essayer de collaborer avec eux pour augmenter le volume du football féminin dans la région.

PARIS SAINT-GERMAIN – FC METZ : 3-0 (1-0)

Coupe de France Féminine – 1/4 de finale
Stade Georges Lefèvre (Saint-Germain-en-Laye)
Buts : Sarr (1er) Cristiane (49e) Délie (90e+1)
PARIS SAINT-GERMAIN : Berger, Erika, Karchouni (Dali, 55e), Georges, Delannoy, Seger (c), Hamraoui, Rosana (Délie, 70e), Sarr (Mittag, 61e), Cristiane, Houara-D’hommeaux. Entraîneur : Farid Benstiti.
METZ : Lerond, Mansuy, Brocheray, Papaix, Jatoba (c), Morel, Janela, Gaîhrat (Lhuillier, 68e), Wojdyca, Martins (Altunkulak, 80e), Wenger (Khelifi, 72e). Entraîneur : David Fanzel.