Le Paris Saint Germain se lance dans une phase d’innovation avec les féminines.


C’est un peu passé au silence et cela me semble assez normal compte tenu d’une approche « marketing » que même Farid Benstiti qualifiait en zone mixte après la qualification parisienne en demi-finale européenne ; il n’empêche que l’organisation d’un « Ladies Qatar Tour 2015 », sorte de mises au vert, stage de 4 jours dans l’esprit des « teams building » d’entreprises des féminines du PSG , parties quasiment après leur victoire en Ligue des Champions, est une innovation dans le milieu du football féminin.

L’ambition était multiple : couper du quotidien et profiter de 15 jours de liberté pour créer une nouvelle dynamique en vue de l’échéance du 18 avril en Coupe d’Europe face à Wolfsburg (demi-finale européenne) ; faire connaître et découvrir les valeurs « de l’investisseur » aux joueuses comme les autres sportifs du PSG (football masculin et Hand) l’ont connu ; faire passer des messages à l’environnement du PSG.

Il faut dire que le Qatar est tellement imprégné « des logos des entreprises » dont il est propriétaire qu’on en oublie la couleur de son drapeau, ses origines, sa culture, .. ne lui donnant plus que celle de l’argent.

Un procédé connu dans le football masculin passé à la mode vintage.

Les fameuses mises au vert des années 70-90 qui ont foisonné à l’aube des grands matches ou des grandes périodes ont toujours été l’apanage du football masculin qui se construisait dans un environnement professionnel où « l’esprit club était essentiel à la réalisation de la performance » et au fait .. d’être choisi comme titulaire pour le match à enjeu qui se profilait.  Qui refusait était exclu du groupe et de la feuille de match.

LES MISES AU VERT ME FONT UN PEU CHIER » Serge Aurier regrette un aspect particulier de la vie au TFC : la rareté des soirées à l’hôtel, la veille des matches. Avec le PSG, il y a beaucoup plus de mises au vert et lors des déplacements, les joueurs n’arrivent pas sur place le jour du match, ce qu’il regrette légèrement : « Ce qui me fait un peu chier, ce sont les mises au vert. À Toulouse, on n’en avait pas trop et je pense que c’était bien : ça nous permettait d’arriver le matin avec le sourire ».
Aujourd’hui, le monde du football masculin est bien plus professionnel et le professionnalisme s’est reporté sur le joueur qui se prend en charge quasiment totalement, quand le club n’est devenu que le moyen d’exprimer sa profession.

A partir de ce constat, les « mises au vert » de plusieurs jours se sont raréfiées voire ont disparu, considérées comme puérils par les joueurs et contraignants pour leur vie privée, quelle qu’elle soit.  Les coachs ont remisé cela, dans la mallette à souvenirs hors l’utilisation en début de saison pour lancer la dynamique de groupe. Il ne reste que le déplacement la veille, considéré quand la rencontre est à domicile, comme contraignant (lire la réaction récente de Serge Aurier).

Farid Benstiti reprend cette idée et l’adapte à l’environnement du PSG.

Pour les féminines, la pratique ne se discute pas. D’abord, elles ont rarement des obligations privées lourdes. Ensuite, les départs la veille sont habituels, les équipes utilisant les moyens les moins coûteux, souvent le bus, dès lors que l’obligation de la D1 contraint à une présence la veille, dans la commune du futur match.

Le PSG a les moyens d’organiser ce « team building » certes, mais sa grande force, c’est de l’avoir fait accepter pour le football féminin
Alors, ils ne sont pas nombreux les clubs qui peuvent se permettre un tel séjour de quatre jours puisque la plupart des joueuses de D1, élite comprise, ont un travail à temps complet et partiel qui déjà rend impossible un départ de quatre jours, en plein milieu de semaine, pour incompatibilité scolaire, universitaire ou professionnelle.

Non, ils ne sont pas nombreux les clubs qui peuvent budgéter le départ de l’ensemble du team « des féminines » plus des accompagnateurs et prendre en charge une telle dépense qui doit avoisiner les 100.000/120.000 euros (40 personnes à 3.000 euros de moyenne en quatre jours).

Ils ne sont pas nombreux les clubs de football féminin qui pourraient le faire … mais il en existe en Europe et pourtant personne ne l’a encore fait en pleine saison.

C’est la nouveauté que je retiens et toute la force de ce projet. Hors les photos de vacances anecdotiques où on est surpris de voir des filles en canöe, où dans un souk, voire descendre une dune de sable ce qui nous semble bien plus près d’une vie privée  ; il y a là, de la part de Farid Benstiti, un vrai pari de coaching et surtout une vraie décision de manager que d’aller chercher une nouvelle énergie à cette époque de l’année, dans le cadre d’une grande première chez les féminines.

La volonté était de créer un lien entre les investisseurs et les joueuses, de créer une réalité et une identité de groupe, de fixer un nouvel objectif, rendant les autres, passés, inexistants.
La démarche est innovante, intéressante sur le plan du résultat à attendre, précurseuse et a une seule finalité : la victoire en Ligue des Champions.

Bien que le message soit d’associer « les valeurs de l’investisseur » aux valeurs des joueuses et du staff. Faire en sorte que le Qatar existe dans l’esprit des féminines autrement que par une direction, un chéque, un travail et son obligation de subordination ; on voit avec raison l’intérêt psychologique de donner une forte identité au mot « professionnel » et de créer l’univers de groupe qui permettra à celui-ci de se souder face à Wolfsburg et Franckfort qui sont soutenus par des partenaires très proches (Volkswagen pour Wolfsburg).

Avoir réussi à obtenir cette reconnaissance du PSG est une performance. L’avoir pensé est une chose ; le préparer une autre, le proposer une troisième : l’obtenir et le faire, alors un challenge que peu peuvent obtenir. La consistance d’une signature, une nouveauté pour … ce qui restera .. une performance ou un risque, selon le résultat en Ligue des Champions.

En même temps, cette dynamique de groupe, dont on dit, avec raison, qu’elle est source de 30% de plus de performances quand un groupe s’en fait une réalité profonde, est risquée à cette période de l’année puisqu’elle officialise « de manière indirecte » la création d’une nouvelle saison comme on vit « des plays-off » de fin d’année. C’est à dire en fixant un nouvel objectif, le véritable, mettant au passé la seconde place européenne acquise depuis trois ans maintenant et toute la saison déjà passée.

Si c’est bien une première sur le plan sportif et marketing, c’est « du tout ou rien ». En effet, l’échec européen donnera un caractère excessif à une telle recherche de coaching. Proche de l’innovation sociale sans qu’elle ait son caractère d’efficacité qui la rend nécessaire et utile.

Que le football féminin prenne des risques et soit entendu, voilà les deux nouveautés au PSG

En obtenant le Parc des Princes, en obtenant le Ladies Qatar Tour, les féminines me semblent avoir pris une autre dimension au PSG. Elles ont maintenant leurs propres identités et il ne s’agit plus de leur laisser les miettes du football masculin mais de créer « un domaine d’activité stratégique » pour ce qui est à considérer comme le troisième département du PSG : le PSG masculin, le PSG Hand-ball, le PSG féminin.

Avoir obtenu le Parc des Princes, le Ladies Qatar Tour, montrent que les féminines du PSG ont maintenant leurs propres identités au PSG.
Il y a un binôme qui s’entend entre Farid Benstiti et Philippe Boindrieux qui ont obtenu leur Graal : une identité stratégique au PSG.

Cela ne présage rien de l’aventure européenne 2015 face à Wolfsburg. Comme toute construction, elle ne deviendra solide qu’avec des titres. Dans ce domaine, rien n’est acquit et cela serait bien pour le PSG que 2015 soit la bonne année, car il me semble hors de question que l’Olympique Lyonnais laisse quoi que ce soit à quiconque en 2016. Notamment, le prochain titre européen.

En attendant, avec le Parc des Princes et le Ladies Qatar Tour 2015, les féminines ont pris une identité au PSG.

Si les féminines ont acquit leur identité au PSG, pourquoi les féminines de France ne l’auraient-elles pas dans les autres clubs de la D1 ? Je me souviens d’une phrase d’un de mes clients : « si vous voulez réussir, suivez les gros ».

William Commegrain lesfeminines.fr

Le Qatar reçoit pour la 8ème edition le Ladies Qatar Tour

Le Qatar reçoit aussi le cyclisme international pour la 8ème edition le Ladies Qatar Tour. lesfeminines.fr