Ne cherchez jamais de renseignements du côté des féministes sans savoir à l’avance que ce que vous lirez sera toujours négatif et insuffisant. C’est un fait et c’est tout autant leur droit. La tendance est donc de préciser la différence de dotation entre l’Euro masculin et celui féminin.

Le sport féminin vu par les féministes, quand on parle d’argent et de couverture médiatique, a une approche très syndicaliste. On est donc dans un rapport connu en France quand il s’agit de compter les manifestants : entre la Préfecture de Police qui les minimise et les syndicats qui les surcotent.

En conclusion, à l’évidence les sommes allouées à l’Euro féminin sont bien inférieures aux dotations masculines. Les raisons sont simples : sponsors différents, publics différents, merchandising différents, droits TV différents. Libre à chacun et chacune de ne pas les entendre comme de faire avancer les messages.

Le match gagné en football vaut 100.000 €

Revenons au football. La dotation féminine a été portée par l’UEFA à 16 millions d’euros, le double de celle octroyée en 2017. Soixante pour cent iront aux seize fédérations participantes à l’Euro et les quarante restants seront répartis en fonction des résultats.

Une première répartition qui donnera 600.000 € de base à chaque équipe ou plutôt fédération. A ce plancher, chaque équipe vainqueur d’un match de groupe recevra 100.000 € ou 50.000 pour un nul. Rien n’étant versé en cas de défaite.

Aller en quarts attribuera 205.000 €, ce qui concernera les deux premières équipes de chaque groupe (quatre groupes de quatre équipes). La qualification en 1/2 sera payée 320.000 € et l’accès en finale attribuera 660.000 au vainqueur pour 420.000 à son finaliste.

Selon la Voix du Nord, la fédération vainqueur encaissera au maximum 2.1 millions d’euros, en comptant trois matches de poule gagnés.

La comparaison masculine arrive. La fédération italienne, vainqueur de l’Euro 2021 masculin, a touché plus de 28 millions d’euros. Une différence qui s’explique par l’économie du football comme par l’historique part du Lion que le sport attribue aux sportifs masculins.

L’UEFA versera en plus, et pour la première fois, à chaque club ayant des joueuses sélectionnées 500 € par jour, en tenant compte des jours de compétition comme des jours de préparation (10 jours) et la journée de retour. Une indemnité qui laisse un bénéfice pour les clubs payant une joueuse à moins de 12.000 € mensuel (sur la base de 24 jours ouvrables). Une indemnité de participation pour ceux ayant des joueuses à une rémunération supérieure.

La fédération française reverse 30% au groupe, le même pourcentage que pour les hommes.

Chaque fédération a ses méthodes de répartition.

Pour la France, les joueuses bénéficient de l’accord réalisé avec le football masculin, soit 30% des sommes encaissées. Une somme à répartir entre les 23 joueuses, qu’elles soient titulaires, remplaçantes ou dans les tribunes, puis Corinne Diacre et ses deux adjoints.

Si on calcule sur un match, une victoire (100.000 €) donnera à chaque membre du groupe : 1.153 € brut (*), soumise à charges sociales, soit 865 net. Un nul, 432 euros net. Rien d’exceptionnel sur le plan individuel. Encore moins si il faut prélever les charges patronales sur cette somme.

Pour la Voix du Nord, le revenu maximum pour le staff français (26 personnes), en gagnant tout, serait de 24.058 € brut.

Certains vont dire c’est peu. D’autres répondront, il s’agit d’un sport collectif, il faut partager à vingt six. Ceux qui connaissent les joueuses à très haut niveau de salaire diront qu’il s’agit au pire d’un mois de salaire. Un 13e mois … quand pour d’autres, issues de championnats moins rémunérateurs, elles en connaitront plus la saveur.

On pourrait alors proposer un plancher ? La réponse vient de Philippe Diallo, vice-président de la FFF qui résumait la situation ainsi, lors de l’AG de Juin 2021 : « La participation des Bleues au tournoi représente 2,9 millions de dépenses. Dans cette compétition, même si vous gagnez sportivement, vous ne gagnez pas économiquement« 

Il faudrait demander à l’UEFA plus. Sauf que le système des compétitions masculines et féminines n’aident pas à cela. Chaque Euro est indépendant. Celui de 2021 a eu ses recettes, celui féminin en 2022, a ses propres ressources. Pour l’instant bien différentes. Dans le tennis, souvent utilisé comme comparaison, les compétitions se pratiquent au même moment.

Ce qu’il faudrait, c’est diluer une partie des ressources masculines vers celles féminines. Pour cela, il faut qu’il y ait un univers marketing à financer, justifié. C’est ce qu’il est en train de se réaliser avec les records de spectateurs et d’audiences télévisuelles. A mon avis, il faut encore un peu de temps pour l’obtenir. Ce qui ne poserait pas un énorme problème du côté masculin, les salaires des joueurs sont bien au-dessus des rétrocessions de leurs fédérations.

Fiscalité et charges sociales.

Un gain potentiel qui sera soumis à l’impôt sur le revenu (exonérée jusqu’en 2011) tout en offrant l’étalement sur quatre ans pour revenus exceptionnels afin de lisser le taux d’imposition sur les tranches nouvelles qui vont obligatoirement apparaître. Pour certaines et pas pour d’autres, déjà dans la tranche supérieure maximale, compte tenu de leur revenu mensuel et de leur célibat fiscal (sauf niches fiscales).

Les taux d’IR en France sur les revenus de 2021.

  • Première tranche jusqu’à 10 225 € annuel net imposable : taux d’imposition à 0 %
  • Seconde tranche de 10 226 € à 26 070 € : taux d’imposition à 11 %
  • Troisième tranche de 26 071 € à 74 545 € : taux d’imposition à 30 % (salaire brut mensuel de 4.023 (**) à 13.000 €)
  • Quatrième tranche de 74 546 € à 160 336 € : taux d’imposition à 41 % (salaire brut mensuel de 13.000 € à 28.000 €)
  • Cinquième tranche au-delà de 160 336 € : taux d’imposition à 45 % (salaire brut mensuel supérieur à 28.000 €)

On peut discuter de cette fiscalité en créant une niche fiscale.

Le principe d’une niche fiscale est simple. On donne au particulier la possibilité d’investir dans un domaine lié à l’intérêt général, où l’Etat ne peut ou ne veut pas intervenir bien qu’il y trouve son intérêt. Ce faisant, l’Etat nous donne la possibilité de choisir notre investissement en nous offrant un avantage de déductibilité. Ce que nous faisons est prélevé sur notre participation à la collectivité. Tout le monde est gagnant.

Là où la niche fiscale se discute, c’est lorsque notre investissement nous redonne un bien en propriété. Là, le particulier est doublement gagnant. Il dépense là où l’Etat ne veut pas aller et en plus, il obtient un capital qui augmentera son patrimoine.

Dans la prime pour résultat sportif, en représentant son pays (Euro, Coupe du Monde, JO), le sportif donne bien un avantage à l’Etat et à son pays. Il augmente sa notoriété. A l’évidence, il pourrait y trouver un retour de l’Etat en lui attribuant une exonération de revenu. Le système serait « gagnant-gagnant ».

Le tennis féminin, leader des dotations féminines.

Comparons avec le tennis. Sport individuel. Souvent fer de lance des fortunes féminines. Qu’il soit masculin comme féminin, le tennis a pris comme politique de verser les mêmes dotations, tant pour les hommes que pour les femmes.

43,6 millions d’euros ont été partagés à Roland Garros, dont 2,2 millions euros pour Nadal et la même somme pour Swiatek, vainqueurs 2022 de l’épreuve masculine et féminine.

Au final, on est assez loin de la rémunération au tennis. Le sport étant maintenant un choix de revenu, on comprend l’émergence des talents des ex-pays de l’Est dans le Top mondial des tenniswomen.

En football, on divise. Au tennis, on « coffre ». Première idée, souvent incomplète.

Sauf qu’au tennis, la somme est brute et il faut retrancher l’intégralité des frais nécessaires à la performance sportive de haut niveau. La joueuse prend tout en charge. L’aventure de la jeune Harmony Tran à Wimbledon montre la difficulté financière puisque ses parents ont dû vendre des biens immobiliers pour assurer l’activité de leur fille.

Alors qu’en football, le salaire de base est mensuel. Tous les frais de la performance sont à la charge du club. Une rémunération qui tombe de la même manière que l’on soit sur le banc, blessée ou titulaire. Il octroie les avantages du salariat, en terme de droit du travail comme de l’environnement social. Il est fiscalisable et peut être même défiscalisé sur certaines primes (prime d’impatriation), ce qui n’existe pas dans le milieu libéral.

William Commegrain Lesfeminines.fr

(*) 100.000€ * 30% = 30.000 €/(23+1+2) = 1.153 € brut – 25% charges sociales ouvrières = 865 €. A supposer que la fédération prenne à sa charge la part patronale.

(**) 26.071 revenu net fiscal après déduction / 0.72 = 36.209 € net imposable / 0.75 = revenu brut annuel, soit 48.280 €/12 = 4.023 brut mensuel.

Pour les spécialistes : 0.72 est une estimation car il y a des plafonds pour les déductions de frais professionnels que je n’ai pas pris en compte.

source vérifiée : Euro féminin : combien vont toucher les équipes et les clubs ? – La Voix du Nord / Euro 2022. « Cela ne me regarde pas » : Corinne Diacre évacue le débat sur les dotations de – Paris.maville.com