A la fin du match, le sentiment dominant s’impose comme une vague d’une plage de l’Atlantique. Elle vient, part puis revient. Un ressac qui là, traduit en sensation humaine, se caractérise par un mot : le dépit.

(0-5) au tableau d’affichage. Quatre duels sauvés par la gardienne nigérienne du Paris FC. Au pire, c’était un sévère (0-9) à la maison.

Celui qui est venu sans histoire est certainement reparti sans rien. Celui qui est venu avec un passé a le sentiment que l’impossible est plus qu’une réalité. Un gouffre, un univers à qui on ne pourrait accorder le sentiment contraire qu’aux aveugles. Et encore, défaillant sur un sens, ils en ont développé bien d’autres et le parfum qui flotte sur ce stade de Bondoufle est bien loin de celui du haut niveau. On est dans l’habitude.

Avec une tribune de presse collée à deux pas des dirigeants, une autre évidence s’impose : personne n’y croit. Pour qui a connu ce stade des années auparavant, il y avait quelque chose. Les yeux brillants de ceux qui venaient, faisait passer le courant d’une émotion palpable. L’impossible était potentiellement là. Cette sensation excusait les résultats. Toujours en faveur des lyonnaises. Elle donnait une raison aux futurs RDV.

Aujourd’hui, il n’y a rien de comparable dans ce stade. Déjà peu versé à donner une âme. Un bâtiment Ceaucescu, marquant une puissance là où il n’y a rien. Pas d’âmes à l’horizon. Une petite forêt comme voisin, l’autoroute comme compagne, le funérarium à deux pas.

Les seuls cris et encouragements viennent des joueuses non-alignés sur la feuille de match, quelques sièges plus bas.

Au coup de sifflet final, Pierre Ferracci, Président du Paris FC, arrivé dans le courant de la rencontre, sort de son siège.

A mon sens, il a une forme de déception qu’on peut deviner. Non pas contre les joueuses ou Sandrine Soubeyrand particulièrement. Elles ont fait ce qu’elles pouvaient faire.

Une forme de dépit pensif quant au plaisir qu’il aurait aimé vivre face à un Jean-Michel Aulas qui le faisait rêver alors que le Paris FC était en National. Un plaisir qu’il pouvait espérer. en intégrant récemment (2017) l’équipe féminine de Juvisy qui luttait contre le club champions d’Europe, l’Olympique Lyonnais.

Quatre ans plus tard. Le Corse est en réflexion. Peut-être que cela n’a rien à voir avec le match. Il a assez d’obligations pour être pris par ses propres réflexions. Mais alors, le match ne l’a pas sorti de ce quotidien. L’apport, pour un homme du chiffre, avec son métier d’expert-comptable, est inexistant. Le débit est égal au mieux au crédit. Le compte soldé. Comptablement, il ne représente rien, sauf un historique du passé.

Certainement que cet homme avait les yeux brillants de croire qu’un jour, lui aussi, il bousculerait l’OL. L’aventure aurait été belle. Encore plus si ce club avait grandi avec le temps. Comme d’autres, Bordeaux, le voisin Fleury par exemple. Le constat est là. La section féminine de l’ex-Juvisy est loin d’avoir évolué. Elle a régressé en compétitivité. Le Paris FC ne peut qu’exploser (0-5, quatre duels gagnés par la gardienne parisienne) face aux coéquipières de Wendie Renard.

J’ai cherché le talent des jeunes issues de la formation récente. D’habitude, à cet âge, elles explosent. La seule Ould Hocine Celina (18 ans), de qualité, vient tout juste du PSG. Effectivement, elle explose de qualités. La différence est phénoménale avec une Binate Adja (17 ans) qui vient d’entrer.

Personne ne s’intéresse aux Présidents. Il sont là pour présider. Quelques fois, le statut les enferme dans un stéréotype de financier. Assimilé au Père qui sanctionne des fois mais souvent comprend et aide financièrement. Oubliant, comme tous les stéréotypes, son droit au plaisir, au bonheur.

J’ai pressenti un instant de dépit qu’on peut comprendre avec ce (0-5) sec et sans histoire. Cela n’a rien à voir avec les joueuses et la coach. C’est dans son passé qu’il faut y trouver les causes. L’histoire est à remonter de si loin qu’il faudra beaucoup de temps pour que cela puisse revenir.

Après, sans nul doute, que ce sentiment interprété, n’est resté que passager. Le corse est coriace. Peut-être était-il autant le sien que le mien ?

En partant, j’ai eu un flash. Avec l’évolution du football féminin, je me suis dis qu’un jour ; si la section ne peut pas apporter d’émotion, l’ex-Juvisy pourrait être Champion de France .. de D2F.

Il faudra se souvenir du bruit passé qui existait dans ce couloir attaché aux vestiaires. Il ruisselait de sueur et de transpiration. De cris de colère, d’émotions. Il avait un parfum. Aujourd’hui, en passant, le silence m’a paru d’Or. Seul, à un moment, je me souviens avoir perçu le son des lyonnaises.

William Commegrain Lesféminines.fr