Six millions d’euros. Six patates ! Le montant d’un ticket du Loto. Quand l’annonce était parue, chacun y a cherché son beurre. De la bicyclette électrique pour toutes les joueuses pour les clubs les plus modestes aux trois mâts, direction stage de préparation aux Caraïbes pour les plus aventureux.

Laurent Nicollin, arrêté sur le bord d’une route montpelliéraine, sous un cagnard d’été, nous livre toutes les vérités de ce qu’il a négocié auprès de ses collègues de clubs professionnels et ensuite avec la FFF pour la fameuse répartition ! Tout cela devrait être validé demain au Conseil d’Administration de la LFP.

Les clubs professionnels masculins prélèvent sur leurs droits TV pour alimenter une caisse commune.

Personne ne peut comprendre voire accepter la répartition des 6 millions d’Euros votée par la LFP pour le football féminin si vous n’acceptez pas l’idée que cette somme provient des droits TV des clubs professionnels masculins de football. Elle doit donc revenir aux clubs professionnels en priorité.

Si on sort de cette base et qu’on lit les 6 millions d’euros à la FFF, alors on commet une erreur de base.

Laurent Nicollin rappelle : « Les clubs professionnels qui développent une section féminine au plus haut niveau ont 0 revenu. depuis 20 ans que nous sommes en D1F ; l’an dernier, c’est la première fois où j’ai reçu quelque chose avec la part des 80.000 € provenant du naming de la D1FArkema, en tapant un peu sur la table quand un club professionnel qui a une section féminine en D2F va recevoir, avec cette nouvelle formule, entre 75 et 80.000 €. Si on veut développer le football féminin, de le rendre compétitif face aux clubs étrangers il faut essayer de mettre des choses en place. J’en ai parlé avec Jean-Michel Aulas, Président du collège de Ligue 1. » D’où cette nouveauté de six millions en huit mois, « qui est énorme quand même ! »

La FFF n’a rien à voir avec cette somme. « L’argent ne vient pas de la fédération mais des clubs professionnels masculins ».C’est ce que nous dit Laurent Nicollin, Président de la récente association créée en Janvier de cette année par les deux syndicats des Présidents de clubs professionnels, Première Ligue et UCPF, et dénommée Association du Football Professionnel Féminin.

« On a essayé de trouver des deals ! » Laurent Nicollin 

Une somme « décidée par le Collège de Ligue 1, validée à l’unanimité moins une abstention pour une répartition similaire à celle des droits TV entre la Ligue 1 masculine et la L2, soit 85% pour les clubs de la D1FArkema et 15% pour les sections féminines de la D2F issus des clubs professionnels masculins. »

De fait et donc de droit, 900.000 € vont être répartis aux clubs professionnels de la D2F. « Soit entre 75.000 € à 80.000 € euros chacun en fonction du nombre de clubs concernés et 5.100.000 € pour les clubs professionnels masculins. » 

De 75.000 € à 175.000 € pour chaque club amateur

Quid des trois clubs amateurs de la D1F ? Soyaux Charente, FC Fleury 91, Issy FF. Il reste que l’esprit du football féminin doit rester là. « Ils doivent aussi recevoir une part. » Un message soutenu par Laurent Nicollin et discuté âprement avec la FFF qui aurait souhaité une répartition identique quand certains clubs professionnels ne souhaitaient pas les intégrer dans la répartition.

Au bilan, Laurent Nicollin nous confirme « des discussions animées avec Brigitte Henriquès et Jean Lapeyre, le DG de la FFF,  eux demandant une répartition identique quand l’association arguant que l’argent venait des clubs professionnels masculins ».

« L’idée de base était de donner 75.000 € aux trois clubs amateurs ». « Certains clubs professionnels ne voulant rien donner ». On a réhaussé, mais dans le monde pragmatique du football, sur quelles bases ? Quels paramètres ? « Je n’avais pas trop de paramètres. On a trouvé celui-ci. Pour ce faire, il avait été prévu une prime de 150.000 € pour le premier du championnat, 100.000 au second et 50.000 au troisième du championnat. Le président Le Graet voulait que l’on donne plus aux clubs amateurs. Après pour ne rien enlever aux clubs professionnels de Ligue 1 et Ligue 2, on a supprimé cette idée initiale. Un budget global de 300.000 € qui a été retiré pour pouvoir donner plus aux clubs amateurs »

Soit Soyaux, Issy FF et Fleury FC 91.

« Ils vont donc recevoir 175.000 € chacun ». « Il ne faut pas oublier que ce n’est pas leur argent », nous rappelle Laurent Nicollin. Un consensus a été trouvé. Une décision qui devrait être acté lors du conseil d’administration à venir de Vendredi par la LFP. Sans s’engager pour une structure dans lequel il n’est pas, Laurent Nicollin, dit que la FFF devrait peut-être faire un geste auprès de ces trois clubs amateurs pour compenser. A voir.

Quand tout cela sera versé ? « Simplement sur facture des clubs professionnels à la LFP » au moment des versements de droits TV. Un versement « en trois fois » et pour les clubs amateurs, la LFP rétrocéderait leur part à la FFF qui ensuite leur reverserait.

L’association, quelle(s) mission(s) ? 

Quand je soulève l’idée que l’association reçoit autant qu’elle décaisse, « un ticket enregistreur » dira Laurent Nicollin et qu’au final, il ne lui reste aucun moyen d’action financière ! Le Président est ferme « nous on n’est pas là pour avoir de l’argent. Nous sommes là pour faire progresser le football féminin dans les sections professionnelles masculines. Si en plus, il faut qu’on prélève plus sur nos droits TV pour travailler sur des projets dont la compétition appartient à la FFF. A un moment donné, on est sympathique, mais quand même ! Les projets, on les développera avec la fédération française de football en travaillant sur les nombreuses commissions que nous sommes en train de mettre en place ! ». 

« On fait un premier travail sur quatre ans. On va travailler avec la FFF. Peut-être qu’ils ne nous ont pas vu de manière sympathique au départ mais je pense qu’on va développer de bonnes choses pour le football féminin ».

Les clubs professionnels se sont organisés avec cette Association, ils ne sont pas la FFF.

Au final, si on sort du schéma classique « FFF-football amateur-football féminin » ; Laurent Nicollin ne manque pas de faire un bilan positif de la situation qui s’entend : « Avant, il n’y avait rien. En six mois, on a obtenu 6 millions d’euros ce qui est une somme. Chaque club issu d’une section professionnelle de D2F va recevoir 80.000 € alors que moi, après 20 ans de D1F, j’ai attendu 20 ans pour le recevoir ! Chaque club amateur de D1F va recevoir 175.000 € des clubs professionnels et enfin, les clubs professionnels vont avoir un peu de fonds pour enclencher des projets de formation, et l’association travaille avec la FFF sur des formats de compétitions auprès des jeunes U19, et la mise en place de commissions qui sont sur de beaux rails. »

Une initiative rapide, efficace et qui va permettre aux clubs professionnels français de rivaliser un peu plus et un peu mieux avec l’essor que prend les clubs étrangers professionnels dans ce domaine.

Un accord sur une année, en attendant de faire le bilan.

William Commegrain Lesfeminines.fr

On devrait arriver à cette répartition, à parfaire car Laurent Nicollin m’indique bien qu’il nous donne les éléments de tête.

  • 6.000.000 € pris sur les droits TV de la Ligue 1 masculine pour leurs clubs professionnels ayant une section féminine en D1F Arkema ou D2F.
    • 85% pour la D1FArkema = 5.100.000 €
    • 15% pour les sections féminines des clubs professionnels masculins de D2F = 900.000 €
  • D1FArkema
    • 5.100.000 – 300.000 € – (75.000 *3) = 4.575.000 pour les 9 clubs profs de la D1FArkema
      • chaque club professionnel ayant une section féminin en D1FArkema va recevoir 508.333 en 3 versements. facture à adresser à la LFP
    • 525.000 pour les clubs amateurs
      • chaque clubs amateurs faisant partie de la D1F Arkema va recevoir 175.000 €. En trois versements. Factures à adresser à la FFF après versement de la LFP à la FFF.