Dijon FCO, capitale footballistique de la Bourgogne depuis que l’AJ Auxerre est tombé en Ligue 2, a tenté plusieurs fois de monter en D1Féminine, butant aux premières places. Loin derrière Marseille (-20 points), mais deuxième en 2016 du groupe B ; laissant le Val d’Orge, future FC Fleury 91 monter avec 1 point de plus en 2017 ; le graal arrivera en 2018 terminant premier avec cinq points d’avance sur Saint-Etienne.

Une section féminine dans un club professionnel qui remonte à quelques années.

Un projet féminin démarré en 2011, année de la première montée en Ligue 1 pour les professionnels masculins. On sort des nombreuses restructurations récentes des sections féminines, quasiment ordonnées et rendues obligatoires par un cahier des charges fixé par la FFF, de plus en plus contraignant.

Etape par étape, voilà la philosophie bourguignonne

Je ne sais pas si on n’a pas affaire à un trait culturel de la région bourguignonne, instauré par l’historique Guy Roux, figure octogénaire de l’AJA, mais Dijon correspond assez bien à un profil qui s’améliore doucement mais sûrement de saison en saison.

2019, une première saison correcte.

Une première saison très bien commencée avec des scores serrés pour finir par craquer en encaissant quatre et plus face à des équipes de haut tableau dans le parcours retour, notamment contre le Paris FC lui rendant 9 buts sur les deux rencontres aller et retour. En même temps un parcours en Coupe de France correct, avec Guingamp en 1/8e au tableau de chasse, butant sur Grenoble en 1/4 (D2F) qui fera une excellente 1/2 finale face à l’OL.

Emmeline Mainguy (30 ans) comme gardienne titulaire, Ophélie Cuynet (26 ans) au club depuis 2011, Kenza Dali qui viendra se relancer après le PSG et des blessures à l’OL, trouvant une place dans le groupe de Diacre pour 2019, Une arrivée au mercato de décembre d’Elise Bussaglia (33 ans), cherchant une place de titulaire demandée par Corinne Diacre qu’elle avait perdue à Barcelone, amènera au groupe des certitudes dans les moments de doute. L’internationale française (33 ans) ayant joué à Juvisy, Montpellier, PSG, Olympique Lyonnais, VFl Wolfsburg et le FC Barcelona. Le CV le plus diversifié du football féminin avec, à chaque fois, une place de titulaire gagnée.

Un ensemble dans lequel on peut intégrer Léa Declercq (23 ans), joueuse du PSG qui n’a pas réussi à trouver sa place à Juvisy devenant la saison suivante le Paris FC.

Des joueuses au profil garanti, venant se relancer dans ce club promu. Montrant une qualité de persuasion évidente, à réunir autant de profils différents sur un même objectif.

Le tout portera à la 8e place le club bourguignon dans un championnat qui laissera sur le carreau, le Losc (11e) et Rodez (12e).

2020, la saison décisive

Si la première saison bénéficie de la dynamique de la montée, la seconde saison est celle qui demande du caractère. Arrêtée à la 16e, pour autant le Dijon FCO a réussi la performance de ne pas couler après les quatre premières journées, ayant encaissé 16 buts pour un seul de marqué. En effet, le calendrier offre tous les ans l’enfer à un club. Cette saison, le parcours était pour Dijon (Paris FC, Bordeaux, Montpellier, PSG).

La performance (0-0) contre l’Olympique Lyonnais sera le match « référence » des dijonnaises, regroupées autour de joueuses d’expérience : Solène Barbance venue de Bordeaux (16 matches), Elodie Nakkach (25 ans), Tatiana Solanet (27 ans), Rose Lavaud (29 ans). Des joueuses à 15 matches et une surprise, la réussite de la jeune lorraine Lena Goetz (20 ans, 15 matches) venue de Vendenheim (D2F).

2021, D1FArkema pour longtemps ?

Emmeline Mainguy et Pauline Dechilly partent sur d’autres cieux. Un poste de gardienne qui sera repris par Maryne Gignoux (FC Fleury) en concurrence avec Mylene Chavas, jeune gardienne au palmarès en U19 et U20, qui doit maintenant confirmer chez les A. Elise Bussaglia (192 sélections) a confirmé l’arrêt de sa carrière. Pour compenser, le club bourguignon enregistre l’arrivée d’Helène Fercocq (FC Metz, 22 ans), entre 6 et 8.

Si la présence de la capitaine Ophélie Cuynet est confirmée (11e saison), Alexia Trevisan et Tatiana Solanet sont sur le départ. Mais le gros coup du coach Yannick Chandioux, c’est la signature de Salma Almani. La trentenaire, marocaine, leader d’Issy FF qui vient de monter, a marqué 9 buts sur les 15 matches de joués.

Déjà, essentielle à Guingamp depuis 2011, réussissant à Issy FF en région parisienne, elle peut apporter la touche offensive qui a manqué à Dijon pour ne pas sentir le vent de la 11e place, synonyme de relégation, trop fort. Sauf à se rendre compte que le niveau tactique a tellement évolué en D1F Arkema qu’il faut plutôt une vitesse de transmission entre les joueuses qu’un talent offensif déstabilisateur certes mais limité sur la durée d’un match.

Il va falloir trouver un profil d’avant-centre pour valider le jeu d’Amani, notamment après l’arrêt de Laura Bouillot (27 ans, meilleure buteuse du club avec 71 buts) pour des raisons d’incompatibilité professionnelle entre son métier et les obligations de joueuse.

Bilan du DFCO féminin

Un club qui construit posément sa place en D1FArkema et qui devra, dans un temps rapide, développer une stratégie plus aguerrie face à un marché qui évolue financièrement sans recette significative et donc de possibilité d’agir, demandant de prévoir et de préparer des talents futurs à un niveau à anticiper, en leur donnant des raisons d’évoluer au moins pour un cycle (quatre saisons) au DFCO.

Sur le plan de la performance, les deux dernières oppositions face à l’Olympique Lyonnais (0-0 et 2-0) étant des armes qualitatives pour retenir l’attention.

Un avantage indéniable. Le nombre de spectateurs qui approche le millier de manière continuelle. Une caractéristique assez rare en football féminin pour les clubs de milieu de tableau, que cela en devient une force.

William Commegrain Lesfeminines.fr

@credit photo DFCO