La Jamaïque, très américaine, gagne le respect pour sa première.

La Jamaïque a surpris les observateurs en tenant tête au Brésil, qui depuis ses dix dernières rencontres amicales, n’a pas gagné un match. Des jamaïcaines qui sont élevées aux biberons universitaires américains (North Carolina, Tennessee, Florida) ou italiens (AS Roma) et qui venaient pour la première fois dans une compétition mondiale.

Show, future bordelaise d’1m80, physique a joué un match à un niveau mental exceptionnel. Le reste, la technique, tactique et physique se sont mis au niveau de la volonté de la joueuse de 22 ans. Marquer et marquer les esprits. Il reste à savoir si cela continuera, dans cette Coupe du Monde mais surtout en D1F.

Son coach, en conférence d’après match, n’avait qu’un seul mot pour souligner cette première : « une forte pression pour cette première qui nous a fait rater nos occasions de la première mi-temps et que l’on a pas pu retrouver en seconde ». A cause d’un Brésil qui s’est de plus en plus engagé et les a débordé.

Vadao, l’expérience de l’empathie au service du talent.

Vadao, coach brésilien, voyait lui un bon équilibre entre son système défensif et celui offensif, en regrettant les occasions manquées qui seront plus rares dans les matches à venir. Mais l’essentiel des interrogations de la presse portaient sur les blessures à foison subies par les auriverdes.

Le forfait d’Erika, Rafaelle, Benite et de Fabiana, essentielles à la défense brésilienne. Le repos forcé de Marta, meilleure joueuse FIFA 2018, sur le banc et peut-être là contre l’Australie si le staff médical donne le feu vert. Kathleen, la bordelaise qui sent venir de fortes crampes dans ses jambes et Cristiane, blessée et soignée en prenant son temps, et qui renait en mettant son triplé alors qu’elle avait annoncé la fin de sa carrière internationale.

Un Brésil aux noms talentueux mais surtout avide de revanche dans ces mondiaux qui lui échappe depuis 2003. Cristiane ne dira pas autre chose. Meilleure joueuse du match avec un triplé d’anthologie qui la porte en tête du classement des buteuses à 34 ans.

« C’est une victoire personnelle que j’ai réussie avec le soutien du Sao Paolo. J’avais quatre semaines pour me remettre ; et mettre un triplé pour le premier match est une renaissance ».

Un premier but d’une détente verticale qui trouve le gainage de mettre une tête opposée totalement maitrisée. Le second, en allant chercher une balle au deuxième que cent auraient mis à côté. Le troisième avec un bijou de coup franc qui tape si fort la transversale qu’on s’étonne qu’elle ne décroche pas.

Un Brésil que personne n’attend, sauf moi. Surpris d’apprendre la psychologie maitrisée de Vadao avec Cristiane. Elle qui avait dit clairement qu’elle ne voulait plus aller en sélection après son retour en sélection. Lui précisant qu’ils avaient discuté en décembre, lui disant qu’avant le prochain onze, il l’appellerais pour savoir sa position, si elle voulait en être ou pas. La joueuse confirme, se blesse, mais le coach reste stoïque. Il a confiance en Elle, les dirigeants de Sao Paolo aussi.

Et là voila au Mondial 2019 qu’elle avait déjà connu en 2003, son cinquième.

Farid Benstiti m’avait dit en 2016, après les JO perdus à domicile (1/2 finale). Je suis déçu que les brésiliennes ne soient pas récompensées. Elles ont tant apporté au football féminin (finale mondiale 2007, Finale olympique 2004 et 2008).

Une histoire comme cela, dans en France où on a si souvent chanté le (et 1, et 2, et 3-0) depuis maintenant 20 ans que la victoire de 98 s’est faite sur le Brésil.

Le football ne peut pas être si injuste. Le talent du Brésil vaut un titre.

William Commegrain Lesfeminines.fr