En l’emportant en Suède, La France d’Hervé Renard a réalisé une performance. Le contenu, très limité en occasions avec cependant une forte présence en récupération, répété après l’Irlande, nous indique le style de jeu vers lequel le coach français souhaite que son équipe évolue, pour atteindre son dernier objectif avec les Bleues : les JO à Paris.
Un titre qui a un un double sens.
Un exploit historique
Le premier, qui est de saluer la première victoire de l’histoire des françaises en Suède. (0-1), face à un adversaire qui a réussi, pendant une très courte période FIFA, à prendre dans un passé très récent, la place de numéro 1 ou 2 mondiale, se doit d’être mise en avant !
Une victoire construite sur un but de Wendie Renard (80′). Assez loin dans la partie pour qu’on s’interroge, mais fait d’une belle remise de la tête de Marie-Antoine Katoto, entrée à la 61′, demandant justement un second ballon, et servie idéalement par Sakina Karchaoui. Les deux « assists » venant de rentrer ; 61′ et 62′ pour les parisiennes Katoto et Karchaoui.
Un soulagement à dix minutes de la fin, dans un onze, encore très dominateur, mais dans l’incapacité, encore plus prononcé que face à l’Irlande, de se créer des occasions, en nombre assez conséquentes, pour que le tableau d’affichage de notre conscience, puisque vaquer vers l’émotion positive plutôt que l’ennui.
A la 79′, à l’évidence, il manquait à cette équipe une joueuse qui ne se contente pas de la domination mais qui souhaite la victoire, agissant de manière égoïste pour l’obtenir, avec un caractère tranché de joueuse de haut niveau, sachant avec l’expérience que le collectif a sa limite.
Une joueuse qui fasse la différence et, à la réflexion, s’imposait à mon esprit, la présence de Gaetane Thiney, ayant montré cette année, l’équilibre entre le jeu collectif et le tir qui fait le but et la victoire. J’en étais à cette réflexion quand les Bleues marquent ce but libérateur.
Cela m’a amené à la réflexion du terme « significatif ».
Les réserves de la victoire française
Si on doit relativiser, la Suède est depuis, redescendue à la 6e place quand la France pointe à la 3e. En sachant que les suédoises ne se montrent que lors des compétitions, faisant très souvent des phases qualificatives, au couteau de l’élimination proche.
Il suffit de se rappeler des JO de Rio en 2016 dont elles repartent avec la médaille d’argent, pour s’être qualifiées comme 3e meilleure équipe UEFA. Un voyage au Brésil qui s’est fait après un play-off à quatre équipes européennes, éliminées d’ailleurs très tôt dans la compétition mondiale qui se jouait au Canada, l’année d’avant (2015).
Sans gloire … puisque sortie en huitième avec la Suisse, les Pays-Bas, et une troisième équipe qui s’échappe à mon souvenir. La qualification s’était faite sur un but marqué par Caroline Seger, … avec son dos dans un cafouillage devant les buts adverses.
Les suédoises sont (1) bonnes en compétition (JO 2016, argent ; 3e au mondial 2019 ; finaliste aux JO de 2020 à Tokyo ; demi-finaliste au mondial 2023). (2) jamais inquiètes d’une défaite.
Le nouveau jeu des Bleues : taper sur la faiblesse des adversaires : le contre-pressing.
Au second (1-0) du rassemblement, pour le même contenu, l’évidence du jeu français est devenue flagrante.
Le constat interpellait : Comment les Bleues pouvaient-elles autant dominer et avoir, d’un autre côté, si peu d’occasions ? Et dans un même temps, comment la Suède pouvait paraître aussi ridicule dans le jeu, autant que ne l’avait été l’Irlande, quelques jours plus tôt, face à la France ?
La réponse est assez claire. Les joueuses ont pour consigne de tout faire pour récupérer le ballon et ce pendant quatre vingt dix minutes voire plus. Elles ne sont pas là pour créer du jeu, mais pour le récupérer. Mission dévolue en priorité à Sandie Toletti (53 sélections, Real Madrid), Kenza Dali (65 sélections, Aston Villa) et Grace Geyoro (80 sélections, PSG), les trois milieux françaises. A noter qu’Amandine Henry (Angel City), Léa Le Garrec (Fleury FC91), ont le même profil.
Le ballon devient la propriété des Bleues. Premier objectif atteint.
Et pour l’adversaire, sur la durée, avec l’impact mental comme physique subit, elles baissent en niveau et en qualité de jeu.
Ce n’est pas faux. Souvenez-vous de l’Allemagne qui avait fait exploser les Bleues en demi-finale de l’Euro 2023. Même principe.
On a vu aisément trois à quatre joueuses françaises, plonger vers la porteuse du ballon pour couper la passe adverse, lui boucher sa vision de jeu, récupérer un ballon pour les plus faibles, ou jouer de physique pour que, la joueuse en soutien malmenée, ne puisse conserver ce ballon. Quand pour les meilleures, réussissant à la redonner, et constater que l’autre la perde dans la foulée.
Le constat est clair. Plutôt que de chercher à jouer avec nos qualités adverses, Hervé Renard, touche sur les faiblesses adverses. Les filles ne peut pas maîtriser le pressing comme les garçons le réalise.
Avec ce principe, s’il est bon, tu peux gagner une médaille dans une compétition.
La limite française : une force défensive pas garantie.
C’est juste mais risqué. La défense française peut prendre des buts quand l’adversaire joue. Ce qui aurait pu être le cas pour la Suède, buteuse sur un coup franc, refusé pour une faute sur Griedge M’Bock, pourtant pas directement concernée par ce qui a fait la réalisation suédoise.
Les Bleues peuvent prendre des buts. C’est assez évident.
Conscient de cette faiblesse, Hervé Renard sait qu’en pressant les adversaires, il a bien moins de risques de prendre de buts que dans le cas contraire. C’est son analyse, elle n’est pas fausse. Les défenseuses françaises lisent bien le jeu quand il vient en face, mais sont bien moins bonnes sur des duels directs, face à un jeu court de possession adverse. L’Espagne, en finale de la Ligue des Nations, en est la preuve récente (2-0).
A partir de là, si le clean sheet est scellé par une possession continuelle, il ne reste plus qu’à attendre la faute adverse pour tenter de prendre la victoire.
La taille compte en football féminin
En sachant que si tu disposes de joueuses de taille, dans le football féminin, alors tu domines une partie du jeu et tes chances de marquer sont réelles. Les joueuses n’ont pas encore assuré la différence qu’elles ont avec les hommes, dans le jeu aérien. Hervé Renard, fait 1m87, toujours la plus grande des compétitions, seconde buteuse des Bleues sur le terrain avec 38 buts marqués pour 157 sélections, une force de présence devant le but. Là, elle marque du pied, totalement oubliée sur une remise de Katoto, 37 sélections, 1m77.
Pas loin, il y a Maëlle Lakrar (Montpellier), 14 sélections, fortes de la tête et Eugénie Le Sommer, plus petite, possède une détente verticale rare.
Hervé Renard va construire une équipe pour prendre la balle à l’adversaire avec des joueuses de taille pour marquer des buts en dominant. Il ne faudra pas attendre des scores comme dans le passé. En effet, en face, la professionnalisation du football féminin en Espagne, Allemagne, Angleterre, USA, a mis les footballeuses adverses au niveau des sportives de haut niveau dans le domaine athlétique.
Il en suffit d’un.
C’est en tapant sur les autres qu’il compte remporter le titre olympique.
Il n’a peut-être pas tort.
L’Allemagne a produit un jeu médiocre pour gagner l’Or aux JO de Rio en 2016. Comme la Suède d’ailleurs, finaliste en 2016. Le Canada, en 2020, a gagné tous ses matches sur le fil, avec des scores de (1-0) ou les tirs au but. Notamment la finale et demi-finale. La Suède, encore médaille d’argent en 2021, n’a pas fait mieux.
Conclusion : le jeu vu sur ce rassemblement, c’est exactement ce que souhaite Hervé Renard.
Seul contrecoup, un peu plus de 521.000 spectateurs ont été mesurées sur ce deuxième match. Un jeu qui a fait perdre au minimum de 300.000 à 600.000 téléspectateurs en moyenne. Que l’on aura du mal à gagner quand le résultat du match suivant : Manchester City – Real Madrid, en quart de finale de la Ligue des Champions, s’est terminé sur un (3-3), deux heures plus tard.
William Commegrain Lesfeminines.fr
La France prend la tête de son groupe, devant l’Angleterre, vainqueur de l’Irlande (0-2). La Suède est 3e. L’Irlande du Nord ferme la marche.
Championnat d’Europe féminin 2025 de l’UEFA – Phase de qualification – Ligue A – Groupe 3 – Deuxième journée
Vendredi 5 avril 2024 – 21h10 (Diffusé sur W9)
SUÈDE – FRANCE : 0-1 (0-0)
Göteborg (Gamla Ullevi) – 11 278 spectateurs
Temps pluvieux (8°C) – Terrain bon
Arbitres : Ewa Augustyn (Pologne) assistée de Paulina Baranowska (Pologne) et Aleksandra Ulanowska (Pologne). 4e arbitre : Anna Adamska (Pologne)
But
0-1 Wendie RENARD 80′ (Suite à un corner côté droit, le ballon est renvoyé vers Karchaoui à l’angle gauche de la surface qui le récupère et délivre un centre qui arrive au second poteau à l’angle des 5,5 m sur la tête de Katoto* qui remet devant le but où Renard reprend en demi-volée du droit à 5 m)
Avertissements : Selma Bacha 67′, Vicki Becho 70′ et 90+8′ pour la France
Expulsions : Hervé Renard (entr.) 59′, Vicki Becho 90+8′ pour la France
Suède
13-Jennifer Falk ; 4-Hanna Lundkvist, 3-Linda Sembrant, 6-Magdalena Eriksson, 2-Jonna Andersson (10-Sofia Jakobsson 87′) ; 16-Filippa Angeldahl (20-Hanna Bennisson 78′), 9-Kosovare Asllani (cap.) (14-Rosa Kafaji 57′), 15-Julia Zigiotti Olme (23-Elin Rubensson 56′) ; 19-Johanna Rytting Kaneryd, 11-Stina Blackstenius (17-Anna Anvegård 78′), 18-Fridolina Rolfö. Entr.: Peter Gerhardsson
Non utilisées : 1-Zecira Musovic (G), 21-Tove Enblom (G), 5-Amanda Nildén, 7-Madelen Janogy, 8-Matilda Vinberg, 13-Emma Kullberg, 22-Josefine Rybrink
France
16-Pauline Peyraud-Magnin ; 2-Maëlle Lakrar, 3-Wendie Renard (cap.) (22-Ève Périsset 88′), 19-Griedge Mbock, 13-Selma Bacha ; 15-Kenza Dali (6-Amandine Henry 88′), 14-Sandie Toletti, 8-Grace Geyoro ; 11-Kadidiatou Diani (7-Sakina Karchaoui 62′), 9-Eugénie Le Sommer-Dariel (12-Marie-Antoinette Katoto 61′), 20-Delphine Cascarino (23-Vicki Becho 40′). Entr.: Hervé Renard
Non utilisées : 1-Solène Durand (G), 21-Constance Picaud (G), 4-Estelle Cascarino, 10-Léa Le Garrec, 17-Sandy Baltimore, 18-Julie Dufour