La guerre sportive et même humaine a toujours été au cœur des rapports entre l’Olympique Lyonnais et le Paris Fc, quand les joueuses de Soubeyrand jouaient sous les couleurs de Juvisy. Il y a avait là, une vraie réalité et rivalité qui trouvaient leur source au sein même de l’Equipe de France de Bruno Bini, d’après les supporters des deux camps.
Une époque où le Paris Saint Germain commençait à poindre son nez, Sandrine Soubeyrand, joueuse, pestait contre les coups de pieds vainqueurs de Sarah Bouhaddi contre la porte de Bondoufle et Gaetane Thiney sortait des conférences de presse, le couteau des mots entre les dents, après chaque défaite. Patrice Lair mettait de l’huile sur le feu, sous le regard sympathique de son demi-frère lyonnais, ennemi, Farid Benstiti quand Sandrine Mathivet mettait toute son ardeur dans le pantalon alors que son successeur, Pascal Gouzène, philosophait sur le contenu de la diplomatie suisse.
C’était ainsi et quand au lendemain de cette opposition à la place de leader 2024 du championnat de France de la D1F Arkema, j’ai lu le score de l’opposition qui, pour une première fois depuis dix saisons, reprenait l’ardeur des antagonismes des décennies précédentes, soit un sévère (1-6) de l’Ol sur le Paris Fc, j’y ai immédiatement senti la couleur et l’odeur des rencontres passées.
Une sorte de boucherie sportive où l’Olympique Lyonnais, telle des lionnes, mangent et dévorent ce que les ex-juvisiennes leur laissent dévorer, sans concession et avec le plaisir des riches et des puissants sur les revendications du Peuple et des anarchistes.
J’ai en mémoire les propos de Gaetane Thiney lors d’un (1-4) subi à domicile : « On aurait bien voulu mais en face il y avait Lotta Schelin ! ». Aujourd’hui, j’écoute sa réaction quelques dix ans plus tard. Il y a le même contenu. En face, c’est l’OL.
C’est toujours ainsi et visiblement cela reste toujours ainsi. Seul le Paris Saint Germain a réussi à se mettre à égalité de l’ Olympique Lyonnais. Il faut dire qu’il y a eu Farid Benstiti (2012-2016) pour le construire et Patrice Lair pour l’arrimer (2016-2018) avec deux finales européennes. Deux ex-lyonnais.
Un match au goût du passé
Encore plus quand on voit le geste magnifique d’Eugénie Le Sommer (34 ans, 14e saison olympienne) dès la première minute, présente dans cet antagonisme passée, contrôle poitrine, sombrero et reprise du gauche dans la foulée, sur Julie Soyer (38 ans, douze ans au Paris FC), deux actrices qui savent ce que ce plat avec comme consistance dans le passé !
Avoir la volonté de marquer ainsi, cela vient aussi de ce goût de victoire que la bretonne aime bien avoir face à Juvisy. Elle en fera même un doublé à la 40′.
Ada Hegerberg (38′, 48′), qui n’est jamais revenue vivante, sportivement, de cette consécration méritée du premier Ballon d’Or féminin en 2018, biberonnée à l’aventure de la victoire et de la puissance par l’extraordinaire suédoise Lotta Schelin, aura elle aussi, fait couler le goût du sang avec son premier doublé depuis qu’elle conjugue les positions extra sportives féministes et les rencontres médicales sur l’état de son genou.
Julie Dufour, jeune joueuse formée à Lille et Bordeaux, à qui Sandrine Soubeyrand a dû faire boire la potion magique d’Abraracourcix, n’a pas dû reconnaître son équipe de début d’année, elle qui ne s’est jamais posée de questions lorsqu’elle s’est engagée dans des contres redoutables, auteure d’un but (28′ 1-1) qui sent si fort la confiance, que les voisins de Charlety, à quelques kilomètres, ont dû lever la tête de bonheur, à cette course finale qui donne l’égalisation aux parisiennes quand le sort les avait condamné, à creuser le trou d’une tombe puisque le tableau d’affichage alignait un (0-1) depuis la première minute.
Mais Alors que s’est -il passé ?
Offensivement, elles auront trois tirs sur les poteaux.
Le Paris Fc n’était pas, défensivement, prêt.
C’est très clair. Sur les six buts encaissés, en retirant le premier qui est un exploit d’Eugénie Le Sommer (1′), membre du Conseil d’administration de l’UNFP et le dernier de Kadidiatou Diani (90′), autre membre du CA de l’UNFP, ex-joueuse du Paris FC et qui de plus, semble sortir de la tempête des affaires et des liquidations judiciaires, celle qui liquide l’argent mais pas les douleurs amoureuses, tout le reste ne sont que des cadeaux faits par la défense parisienne aux attaquantes lyonnaises.
Des pochettes surprises de plaisirs qui montrent que défensivement, le Paris Fc a craqué mentalement et psychologiquement face à l’histoire des oppositions entre l’Ol et Juvisy.
Il n’y a pas qu’une différence de niveau qu’il aurait fallu compenser.
Ce match avait un gout d’histoire.
Au final, si Wendie Renard n’a pas eu à marquer, c’est que la réalité désigne le second du championnat comme étant le Paris Saint Germain (à six points avec deux matches en moins), équipe contre qui la capitaine lyonnaise doit obligatoirement marquer si l’Ol veut gagner.
La marque de l’Histoire montre que le Paris Fc devra se battre pour la troisième place et pas une autre.
A moins que la nouvelle génération du Paris FC veuille le contraire. Et là on se rappelle les mots durs de Benstiti pour faire comprendre aux anciennes joueuses du Paris saint Germain qu’elles devaient écraser Juvisy, puisqu’elles étaient devenues professionnelles quand les autres, volontairement, restaient amateures.
C’est pas simple de monter mentalement de plusieurs grades en peu de temps.
Si le propre des jeunes est de le vouloir. L’avoir, c’est autre chose.
En même temps, l’obtenir dans la difficulté, c’est gagner le respect des autres.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Dimanche 5 novembre 2023 – 21h00 (Canal+ Foot)
PARIS FC – LYON : 1-6 (1-3)
Paris (Stade Sébastien Charléty) – 2 418 spectateurs
Arbitres : Victoria Beyer assistée de Nabila Zaouak et Mélissa Rossignol. 4e arbitre : Charlène Laur
Buts
0-1 Eugénie LE SOMMER 1′ (57 sec) (Centre de Diani depuis la droite de Bacha* à l’opposé dans la surface. Elle place une frappe repoussée par Soyer. Le ballon lui revient et elle transmet sur Le Sommer-Dariel à gauche dans la surface qui contrôle de la poitrine et enchaîne par un coup du sombréro sur Soyer avant de reprendre du gauche de l’angle des 5,5 m et placer le ballon sous la transversale)
1-1 Julie DUFOUR 29′ (Corboz remonte le ballon dans l’axe et décale sur la gauche pour Dufour dans le dos de Carpenter, elle entre dans la surface et place une première frappe repoussée par Endler. Le ballon lui revient toujours sur le côté gauche, elle prend le temps d’ajuster la gardienne d’une frappe du droit de 8 m au ras du poteau droit d’Endler)
1-2 Ada HEGERBERG 38′ (Diani* sur le côté droit élimine Gréboval à l’angle de la surface puis s’avance jusqu’à l’angle des 5,5m où elle se déjoue de Bogaert puis centre en retrait pour Hegerberg qui reprend du plat du pied droit à 4 m, Ould Hocine se jette en vain)
1-3 Eugénie LE SOMMER-DARIEL 40′ (Dumornay côté gauche dans la surface crochète Corboz puis centre devant le but. Gréboval renvoie de la tête sur Le Sommer-Dariel excentrée à gauche qui place une demi-volée du gauche de 11 m au ras du montant droit de Nnadozie)
1-4 Ada HEGERBERG 48′ (Ould Hocine relance sur Diani* à 25 m côté droit qui adresse une passe à l’opposé pour trouver Hegerberg dans les 5,5m qui reprend du gauche et croise sa reprise qui va mourir dans le petit filet gauche de Nnadozie)
1-5 Sara DÄBRITZ 68′ (Majri lance en profondeur Becho qui arrive côté gauche dans la surface face à Nnadozie qui sort au sol et repousse le ballon. Becho* le récupère et remet en retrait sur Däbritz à l’entrée de la surface qui contrôle et place de 13 m une frappe croisée du gauche)
1-6 Kadidiatou DIANI 90′ (Corner de Marozsán côté droit qui trouve au second poteau Egurrola* qui remet de la tête sur Diani dans l’axe à 3 m qui place une tête renversée pour marquer sur la gauche de Nnadozie)
Avertissement : Carpenter 25′
Paris FC
Nnadozie ; Soyer, Ould Hocine (Sissoko 57′), Gréboval, Bogaert ; Corboz, Korosec (Le Mouël 57′) ; Matéo (Bussy 90′), Thiney (cap.), Dufour (Fleury 79′) ; Bourdieu (Ribadeira 57′)
Banc : Marques (G), Ndongala
Lyon
Endler ; Carpenter, Gilles, Renard (cap.), Bacha (Morroni 72′) ; Egurrola, Horan (Marozsán 72′) ; Dumornay (Däbritz 59′) ; Diani, Hegerberg (Becho 67′), Le Sommer-Dariel (Majri 59′)
Banc : Benkarth (G), Mbock