Ce premier match du Mondial 2023 face à la Jamaïque est plus qu’un premier match du Mondial.
A midi, ce dimanche 23 Juillet 2023, en direct sur M6, les Bleues se présenteront face à la Jamaïque pour le premier match de ce que les médias présentent comme une ère nouvelle.
A la manière d’une élection présidentielle où la gauche prend le pouvoir quand quarante années de droite s’y sont assis pour ceux qui auraient vécu les Présidentielles de 1981. Dans une démarche d’idée opposée, à la manière d’une prise de pouvoir de l’extrême droite quand le pire leur est prédit.
Il y aura eu la France d’avant avec six années de Corinne Diacre et il y a la France d’après. Raconté comme un espace de joie, de bonheur, d’expression quasiment « communiste » quand les plus anciens lisaient la plénitude des habitants des Pays de l’Est, de la Chine communiste voire des habitants de la Corée du Nord. Tout y est idyllique.
Pour aller plus loin, en mars, tout cela aurait pu être un bouleversement d’après Mondial, un renversement encadré avec une nomination en Septembre d’un nouveau coach pour un autre objectif.
Il en a été décidé autrement. A trois mois de l’échéance du Mondial, la France a présenté son nouveau football féminin en utilisant le principe de la Révolution : avant était mal. Aujourd’hui est le bonheur.
A la mode : « Tu prends cela au petit déjeuner sans oublier d’apprendre ta leçon. »
Des Bleues à la sauce Renard(s), on ne sait rien.
L’association s’impose.
Sur le plan de la communication, les choses se passent « crème » et c’est tant mieux ; mais la vérité est que, des Bleues à la sauce Renard(s), on ne sait rien.
Renard(s) au pluriel car si Hervé est là, c’est tout simplement parce que Wendie a dit qu’elle n’irait plus en sélection si le pouvoir actuel restait. Nul ne peut douter qu’en agissant de la sorte, il y avait une forme de politique et de révolution en marche.
Par les faits, quelques mois plus tard, il y a comme un mariage de pouvoir entre eux. L’un, nommé Président en se présentant à la charge, la seconde au titre de Premier Ministre.
L’Histoire, à l’évidence, les associera, pour le plus grand bien ou le plus grand mal.
Des nouveaux Bleues et de leur football, on ne sait rien.
On ne sait pas si les Bleues, montées en demi-finale européenne en 2022 sous la présence de Diacre, iront au même niveau l’année suivante, pour la Coupe du Monde 2023.
Un objectif atteignable dès lors qu’on se trouve à la 5e place FIFA et après avoir passé plus de neuf ans à la 3e (source FIFA).
On ne sait pas si elles sont capables d’être meilleures que les prestations vues montrant des difficultés en première mi-temps contre la Colombie (menée 2-0), le Canada (0-0), l’Irlande (vainqueur heureux 2-0) et l’Australie (0-0). Des adversaires aux niveaux et styles différents mais aux mêmes caractéristiques.
On ne sait pas si elles seront capables d’avoir le talent de renverser ce jeu, en seconde mi-temps, comme face à la Colombie avec le record de cinq buts de marqués ! La victoire (2-1) face au Canada ! Convertir une « baraka » avec un (3-0) irlandais ou subir la loi de l’intensité comme contre l’Australie (défaite 1-0 à la 66′)
On ne sait pas ? Car comment savoir en quatre matches !
Invoquer le passé de Corinne Diacre comme source d’expérience serait un mensonge ; l’ex-sélectionneuse française ayant été à ce point vilipendée qu’il faut au moins avoir l’honneur de lui laisser son bilan, négatif et positif. Et, pour avoir tant entendu que le coaching d’Hervé Renard était aussi opposé à celui de Corinne Diacre que la géographie de l’Océanie à celle de l’Europe ; laissons le passé à ceux qui le possèdent et regardons ce que ce changement à quelques mois de la compétition suprême vaut, dans la réalité de la compétition.
On ne sait pas ce que cela vaut, sur une période aussi courte … mais les gens de pouvoir ont décidé, en mars 2023, qu’elle pouvait être courte !
En fait, face à la Jamaïque, on va commencer à savoir.
Après huit matches du Mondial, on a pu voir l’intensité des équipes qui s’investissaient, d’autres qui géraient. Après huit rencontres, les scénarios et les scénarii sont connus. Toutes les équipes ont leurs blessées. L’ambiance est montée.
Le bal du Mondial est lancé.
Dimanche, c’est aussi simple que cela. La Jamaïque, 43e mondial, va nous permettre de savoir.
Je crois que c’est encore plus fort que l’ambition d’un parcours au Mondial.
On ne peut pas oublier tout ce qui s’est passé en France depuis une saison. Les choses dans cette équipe de France féminine comme dans le football féminin français ont été tellement loin dans l’inattendu, bien plus loin que la non-sélection de joueuses, phénomène habituel des sélectionneurs ou de qualité de jeu : l’affaire Hamraoui, les dessous de cette affaire, la sortie de Diacre, les nouveaux pouvoirs du football féminin, le changement de Président à la suite d’une démission et beaucoup d’autres choses faisant partie de la face cachée de l’iceberg.
Le tout, dans la disruption des habitudes, dans le bouleversement, dans les choix et les décisions entrainant une inondation médiatique sous le couvert d’interventions judiciaires. Jamais vu une tempête aussi continue et inattendue.
Les joueuses, d’abord, vont nous dire si elles ont eu raison ou tort. Si les attentes déçues du passé sont de leurs responsabilités et fautes ou non.
Que ce soit au niveau de l’Equipe de France mais aussi de la manière dont certaines utilisent leur statut et avantage de professionnels depuis que les chiffres montent dans les salaires.
Mais de manière plus large et plus étendue. Qu’est-ce que le football féminin français a fait de tout cela ? Les Présidents ? Encadrement ? Fédération ? Médias ? Les fans ? Agents ?
Et finalement, le pouvoir et sa décision. On nous dit que Jean-Michel Aulas, responsable de la Commission, membre du Comex et ex-Président de l’Olympique Lyonnais suit de l’intérieur, au plus près, le groupe France.
Il faudra lui rendre hommage en cas de réussite et à l’opposé lui attribuer le prix de l’échec. Certains se disant, que l’homme, sachant sa vente prochaine de l’OL, aurait choisi le football féminin, pour continuer à vivre sa passion du football. Une présence difficilement compatible avec Corinne Diacre.
On dit que Philippe Diallo, nouveau Président de la fédération est présent aussi.
De tout cela, on s’en fiche. On veut juste savoir ce que vaut le football féminin français aujourd’hui.
Dimanche, ce sera soit le cri de la réussite soit la verbalisation des défaites excusées.
C’est cet enjeu qui se dessine face à la Jamaïque.
Le dire autrement ou ne pas le dire, c’est une forme de mensonge. On va savoir et, de facto, on veut savoir.
En fait, on veut de la clarté et de la vérité.
Tout simplement.
William Commegrain Lesfeminines.fr