La sonnette d’alarme n’a pas été écoutée
La sonnette d’alarme avait été tirée. On était pas nombreux, mais la France a produit le contenu de ce qu’elle a fait dans ses amicaux : soit une mauvaise première mi-temps, une meilleure seconde mais pas assez forte au niveau d’un mondial.
Les françaises n’avaient pas envie de l’écouter. Elles ont fourni le contenu d’un match amical quand la Jamaïque a produit un match de Coupe du monde où chaque instant demande, « plus que plus », pour avoir le droit de ne pas avoir de regrets.
Les regrets, la France ne les a jamais connu en phase de qualifications dans les compétitions auquel elle a participé depuis 2011. Elle en a le goût à la bouche. L’amertume de ne pas pouvoir revenir en arrière. La sanction de la pression qui suit et l’inconnue de la réussite future.
En même temps, les contenus des rencontres des derniers matches français ne prêtaient pas à croire que les choses méritaient d’en être autrement.
Les françaises sont surévaluées et surprotégées
Les françaises vivent bien. Les françaises voyagent en business-class. Les joueuses ont les salaires des meilleurs joueurs de Ligue 2. Le staff actuel a été doublé et on arrive encore à lire des arguments sur le manque de moyens, sur la différence, sur l’inégalité.
Un truc de dingue la tournure qu’a pris le football féminin français. On lit et on parle encore plus de féminisme que du contenu sportif. Je serais les joueuses, j’interdirais toute autre discussion et je n’écouterais que les mots sur le ballon.
Quoi qu’il en soit que s’est-il passé sur ce match face à la Jamaïque qui s’est terminé sur un (0-0) ?
La Jamaïque a joué un match de Coupe du Monde.
La Jamaïque y a laissé son cœur, faute d’autres possibilités. Le message était si fort que Khadija Shaw y va d’un tacle inutile sur Wendie Renard à la 89′, autant pour le combat qui l’a opposé à la capitaine française durant la rencontre que pour l’envie d’empêcher cette balle de remonter, sans se poser la question de l’utilité.
Elle prendra un deuxième jaune synonyme de rouge. Absente contre le Panama pour la meilleure buteuse de la sélection jamaïcaine.
Les joueuses jamaïcaines n’ont jamais cherché à réfléchir. Elles ont donné leur corps et leurs âmes à un résultat possible mais difficilement atteignable. Peut-être qu’il y a un peu de la dotation FIFA dans tout cela (30.000 $ pour le premier tour qui se transforme en 60.000 en 1/8 pour aller à 90.000 en quart !). Des sommes qui pour certaines, valent un pesant de cacahouètes.
La France a joué un match simplement.
En face, la France a joué un match. On l’a bien vu, les joueuses d’expérience comme Wendie Renard (146 sélections) et Eugénie Le Sommer (179 sélections) sont montées d’un cran, voire de plusieurs pour la défenseure centrale française, sachant mesurer la température de l’adversaire et ayant l’expérience et les moyens de faire plus, pour « faire plus et mieux » que leurs adversaires.
Elles ont pris des décisions. On les a vu sortir du lot et chercher des solutions. Eugénie est venu au milieu alimenter le jeu offensif. Et là, au fil du temps, on a vu ces joueuses ne faire aucune faute de transmission. Jouer juste, vite et avec sécurité.
Mais sinon, pour les autres, on a eu le même contenu que dans les matches amicaux avec des difficultés dans la première mi-temps et l’impossibilité de récupérer dans la seconde, quand les matches amicaux passés, leur avaient offertes des possibilités.
On a des jeunes mais qui restent jeunes. Comparez avec Sophie Smith, la jeune américaine. Elle a transformé le jeu américain, brouillon, dribble, percussion mais au final, elle met deux buts et fait du 130 kms heures dans la surface pour donner un centre au cordeau qui aurait pu finir en but.
Au final, Les françaises ont joué un match intensif. Elles ne se sont pas mises au niveau du Mondial 2023.
C’est quoi le Mondial 2023 ?
Peut-être qu’elles n’ont pas regardé Haïti (53e FIFA) faire douter l’Angleterre (4e mondial), championne d’Europe (1-0 sur pénalty). Peut-être qu’elles n’ont pas regardé le Danemark (13′ FIFA) gagner à la 90′ face à la Chine défensive (1-0), quatorzième mondial. Peut-être qu’elles n’ont pas vu le doute des suédoises (3e FIFA), menées (0-1) par l’Afrique du Sud (54e Mondial) avec une joueuse qui finit poignée foulé, le nez dans les filets, pour marquer, obligeant les médaillés d’argent aux JO de Tokyo de l’emporter à la 90′ ! Peut-être qu’elles n’ont pas entendu les Pays-Bas (9e mondial), vice-championne du monde, buter contre le Portugal (1-0, 13′), vingt et unième.
Ou peut-être ont-elles été ensorcelées à croire qu’elles pourraient être championne du Monde parce que on leur dit qu’elles ont les moyens d’être championnes du monde.
Pourtant ce Mondial montre à quel point, il faut cadrer et les statistiques françaises montrent à quel point les Bleues ont été défaillantes dans ce domaine : treize tirs, onze dans la surface, cinq de cadrés et un seul réellement dangereux : la tête de Kadidiatou Diani qui prend la transversale et finit sur le poteau droit de la gardienne.
C’est pas assez et tous les coaches féminins savent à quel point, il y a du déchet dans les gestes offensifs des joueuses, imposant une rigueur et un automatisme de tous les instants. On est loin des statistiques du monde masculin.
Il ne faut pas que toucher la balle d’occasion ou d’opportunité, il faut marquer.
Il faut marquer, notamment par d’autres joueuses que les attaquantes. Le Danemark marque sur une tête puissante et éloignée d’une milieu, future parisienne, pas loin des seize mètres cinquante, à la 90′ (1-0) (voir ci-dessous) ! La Suède marque à la 90′, d’une tête de sa défenseure centrale, ex parisienne, Amanda ILESTEDT. Le Pays-Bas marque d’une tête de sa défenseure centrale, Stefanie VAN DER GRAGT, à la 13′ !
Et chez les Bleues, les seules qui veulent et peuvent marquer sont les attaquantes. Marquées à la culotte, cela devient difficile de marquer !
On a beau l’écrire, on a beau le dire. Les seuls qui sont écoutés sont l’Equipe et l’Equipe, actuellement, dit ce que « la grande France » veut entendre.
On verra face au Brésil. D’habitude on gagne contre elles. Sept victoires dont les sept dernières rencontres depuis 2014 et quatre nuls. Aucune défaite en amical comme en compétition.
On verra. Ou c’est un problème de niveau qu’on peut améliorer ou les Bleues sont dans une phase de digestion de tout ce qui s’est passé et alors cela mettra pas mal de temps avant d’être digéré ou c’est le niveau actuel et pour les améliorer aux enjeux d’une compétition féminine, il faut un management plus autoritaire.
Par exemple, je viens de voir sur le tweeter que Marie-Antoinette Katoto aurait pris position pour Kylian MBappé alors que la France va jouer, joue ou à jouer son premier match de Coupe du Monde que l’on connait. Comprenez le lien ! Expliquez ? De l’internationale la mieux payée du championnat de France et du PSG, peut-être de l’Europe, en rééducation depuis une année sans jouer au football.
PSG : Marie-Antoinette Katoto soutient Kylian Mbappé – L’Équipe (lequipe.fr)
De la même manière, en suivant le fil de l’Equipe de France féminine sur ce match, on trouve un tweet d’Amandine Henry. Cherchez par contre celui de Katoto. Vous ne trouverez pas.
C’est un truc que vous ne trouverez pas aux USA. Par exemple, Alex Morgan est remplacée par Megan Rapinoe. La joueuse sort côté opposé. Surprise. A mon avis, elle a une forme de haine en elle. Vice-capitaine, à ses côtés, tout est fait pour Sophie Smith, double buteuse, qui mange le ballon.
Au final, elle fera une communication, en disant que cette joueuse est LA JOUEUSE des USA. One team, one nation. Et demain, elle fera tout pour ne pas sortir la prochaine fois.
Il ne s’agit pas de condamner. Chacun est libre. Il s’agit de constater les stratégies. Le football féminin a son environnement spécifique.
Aujourd’hui, que valent les Bleues dans ce mondial sur ce premier match ?
Pour l’instant, c’est moyen, limité et brouillon.
L’avantage, elles ne sont pas les seules.
William Commegrain Lesféminines.fr
Les moments forts de la rencontre sur le site de la FIFA
La France et la Jamaïque dos à dos (fifa.com)
La feuille de match