S’il y a deux constantes à trouver aux nouveaux Bleues d’Hervé Renard, on peut proposer le regard quasiment « amoureux » que porte l’environnement du football féminin au travail d’Hervé Renard, installé depuis début avril 2023 à la tête de la sélection nationale et la baraka dont la France peut s’honorer, à la fin des trois rencontres jouées sous son mandat, toutes terminées par une victoire et souvent commencées dans la difficulté.
L’amour immodéré d’Hervé Renard
Pour le premier point, il n’y a rien à dire sauf à constater que cela est excessif, disproportionné sans pour autant affirmer que cela ne sera pas positif au final. Juste le sentiment, que comme pour un jeune enfant, on le félicite à chaque nouveau pas fait, de peur d’entamer un mental friable.
Cela se termine, des fois, par un bon résultat ; d’autres fois, l’adversité ne mettant pas de gants, par le contraire.
Les démarrages des Bleues en style « calé » ; la « baraka » au final.
Sur le second point, il faudrait sportivement se souvenir que les Bleues, ayant terminé la première rencontre d’Hervé Renard face à la Colombie sur le score de (5-2) en leur faveur ; l’avaient entamé en étant menées (0-2) à la mi-temps, les fesses posées sur leur banc de bois blanc du stade Gabriel Montpied, prêtes à entendre « une soufflante » ou pas du nouveau coach Hervé Renard.
La seconde rencontre face au Canada s’était soldée par un (0-0) à la mi-temps, aussi peu colorée que lors de la première rencontre, pour se terminer par une victoire (2-1) en ayant menées deux zéros dans le second acte.
Pour la troisième rencontre d’hier soir face à l’Irlande, dès lors qu’ont inclus le but injustement refusé à Carusa (11′, soit 1-0 pour les irlandaises) sur une course menée de main de maître devant Karchaoui -annulé d’un hors jeu inexistant, rendant grâce à nos articles très récents sur le souci de l’arbitrage au Mondial -, là-encore, les Bleues commencent mal leur rencontre !
La baraka viendra avec deux buts français marqués juste avant l’entrée aux vestiaires (45′ Lakrar) et Eugénie Le Sommer (47′) qui assomment les irlandaises, ayant donné du fil à retordre au onze français, bénéficiant d’un vent qui les poussait à croire en leur jeu de contre.
Un « hold-up » légal. (0-2) à la mi-temps, il y a de la baraka.
Le (0-3) viendra d’un but de la jeune Maëlle Lakrar, dont les statistiques en font un doublé alors qu’à mon sens, le premier est plutôt un csc de la gardienne qui pousse le ballon dans ses buts. Il n’en demeure pas moins que le second ne doit rien à personne, ou plutôt à la différence entre un football professionnel et un autre amateur.
Quand la jeune internationale, issue de Montpellier Hsc, part de loin pour reprendre le corner de Selma Bacha, son adversaire -entrée à la place de la tenace MacCabe (Arsenal, capitaine de l’Irlande), -joueuse élue dans le onze de la WCL 2023- l’abandonne au milieu de sa course défensive jugeant, à tort, que la balle ne lui viendra pas d’autant qu’elle est déjà prise par la vitesse de la française.
L’exigence et le travail des professionnelles prennent les devants face à des amateurs, moins entrainés, plus interrogatifs et moins décisionnaires.
Le match se terminera sur un (0-3) qui marque bien la différence entre les deux équipes. Une victoire de la France (5e mondial) face à l’Irlande, qualifiée pour sa première fois à un mondial, 22e FIFA.
Son meilleur classement d’ailleurs. Dont on trouve à la tête, Vera Pauw, attaquée par la NWSL -se défendant judiciairement- d’un excès d’harcèlement « moral » sur les performances des joueuses dont elle a eu la charge. Sur ce plan, on a rien vu de négatif à l’écran. Encore des « mots » transformés en « maux » dont on ne connait rien de vrai ou de faux. Typique, le macronisme du football féminin et ses réseaux.
A retenir
Le début de Pauline Peyraud Magnin, mal engagée sur les trois premiers ballons, m’ont fait penser à l’opportunité qu’avait connue Jean-Luc Ettori en 1982, 3e gardien des Bleus -venu de Monaco- et qui avait pris la place de Dominique Baratelli, gardien de l’OGC Nice et du PSG, titulaire des Bleus le dernier match avant la compétition. Solene Durand, -prise au dernier moment-, ayant éliminée Mylène Chavas, pourrait pointer son nez.
Maëlle Lakrar me fait penser à Corinne Petit qui fermait le côté droit au moment du coaching de Bruno Bini. Pour la première fois, il y a une joueuse de taille à ce poste (1.72) quand d’habitude, nos latérales sont toutes, petites (1.60).
Estelle Cascarino, centrale, n’a pas fait un match de titulaire et a justifié de sa place de remplaçante à Manchester United. Elle a été bien meilleure à gauche lors du Tournoi de France. Hervé Renard risque de se trouver face à la vérité de joueuses qui donnent le meilleur pour entrer dans la sélection mais qui, ensuite, se trouvent contraints par une sorte de limite du moment. Elisa De Almeida, à l’inverse, demande et sollicite une aura de titulaire.
Karchaoui et Selma Bacha, associées sur le couloir gauche, ne sont pas jugeables sur ce qui a été produit, tellement la production est loin de la qualité connue des deux françaises. Elles ont le privilège de l’argumenter et donc, de justifier une prestation faible par les efforts de la préparation.
Le milieu de terrain, maintenant expérimenté, constitué de Grace Geyoro, Sandie Toletti et Kenza Dali, nous explique les raisons qui font que la France remporte ses matches en seconde mi-temps. Elles se maintiennent en tension tout au long du match. Une situation qui va, face à des adversaires plus faibles ; une situation qui peut interroger face à des nations plus fortes.
Devant, Eugénie Le Sommer ne rate pas les occasions qui se présentent à l’image de son but. A chaque fois, il y a une volonté de feu pour marquer et réussir. Quelques fois, c’est dans le cadre, d’autres fois non mais l’envie de finaliser est vraiment l’arme fatale qu’elle possède.
Kadidiatou Diani a joué. On ne sait pas comment cette histoire va se finir avec la parisienne. Soit elle devient une star mondiale, soit elle tombe dans le précipice de la critique et de l’ennui.
Les irlandaises n’avaient rien à proposer à part de l’envie et de la ténacité. Cela leur a permis de mettre un but injustement refusé, d’avoir deux ou trois occasions mais jamais de faire croire qu’elles pouvaient battre les Bleues.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Fiche technique
Le jeudi 6 juillet 2023 à Dublin (République d’Irlande, Tallaght Stadium)
Match international amical
RÉPUBLIQUE D’IRLANDE – FRANCE : 0-3 (0-2)
Arbitre : Kirsty Dowle (Angleterre)
Avertissements : O’Sullivan (90e + 1) à l’Irlande ; E. Cascarino (13e) à la France.
Buts : Lakrar (45e, 61e), Le Sommer (45e+3).
RÉPUBLIQUE D’IRLANDE : Brosnan – Payne puis O’ Gorman (70e), Fahey puis O’ Riordan (70e), Quinn, Connolly puis Caldwell (80e), McCabe (cap.) puis Atkinson (31e) – Littlejohn puis Agg (70e), O’Sullivan – Sheva, Carusa, Farrelly puis Larkin (80e). Sélectionneure : Vera Pauw (Pays-Bas)
FRANCE : Peyraud-Magnin – Lakrar puis Périsset (75e), E. Cascarino, Renard (cap.), Karchaoui puis Asseyi (86e) – Geyoro puis Majri (86e), Toletti, Dali puis De Almeida (62e) – Diani puis Matéo (62e), Le Sommer puis Feller (75e), Bacha. Sélectionneur : Hervé Renard