Les Bleues se construisent à leur manière. Rien ne permet de fanfaronner mais pour autant rien ne semble plus inquiétant que la normale.

Une partie tactique

Sur le match face à un Danemark qui a semblé très jeune, les joueuses de Corinne Diacre se sont placées sur l’échiquier du terrain comme un joueur d’échec place ses tours, cheval, fou, reine et roi, protégées par des pions face à des adversaires d’un soir, plus acculées que joueuses.

À lire les écrits, on sent toujours au bout d’une ligne l’éternel besoin des français de dominer de la tête et des épaules leurs adversaires. A défaut, la note moyenne pointe à l’horizon. Un raisonnement qui tient toute sa vérité dans la décennie passée où les joueuses permettaient cet espoir dans un monde où la concurrence était aussi moindre.

Là, le football féminin des internationales se pratique partout en Europe avec la même intensité, sauf à vouloir aller chercher, le détail d’un contrat signé ou pas, pour manifester une différence que l’intensité des entraînements ne justifie pas tant que cela.

Cascarino Estelle, dopée au « Fog » anglais

Que reste-t-il de ce (1-0) face au Danemark ? La motivation d’Estelle Cascarino, arrière latérale gauche et internationale d’un soir, qui jouait une carte intéressante que sa prestation a rendue importante pour une place éventuelle dans les vingt-trois à venir de Corinne Diacre pour le Mondial 2023 en Australie et Nouvelle Zélande de Juillet à venir. A croire que la traversée de la Manche et le fait de porter le maillot de Manchester United l’a libéré d’une interrogation qui ne l’a pas empêchée de faire des erreurs, mais ces dernières n’ont en rien entamé son envie de vivre de la meilleure des manières cette chance qui lui était offerte.

De l’autre côté, j’ai bien aimé la prestation de Delphine Cascarino qui a décidé de la jouer torero face à sa latérale, bien en mal de lutter contre le démarrage de la française. Finissant par des centres rasants dont l’un, sur le pied droit de sa sœur jumelle, a touché bruyamment, le poteau droit !

Au chapitre de celles qu’il fallait regarder, je voudrais saluer l’humilité dans le jeu de Awa Cissoko. Une jeune femme pleine de vie qui là, a laissé de côté son émotion positive comme négative, pour être présente en soignant tous ses gestes comme une écolière aime à bien écrire quand en début d’année, elle ouvre son cahier d’écolière. Du travail soigné.

Je pense qu’il y a un Mur de l’Atlantique dans le jeu féminin avec Charlotte Bilbault (buteuse ce soir) et Kheira Hamraoui quand elles jouent de concert. Rien n’est parfait mais pour autant il faut aller les chercher athlétiquement et physiquement.

Sur cette dernière, j’ai souri quand la parisienne kheira Hamraoui a soigné sa balle piquée pour toucher vingt-cinq mètres plus loin, Kadidiatou Diani, ennemie supposée et là, bien heureuse d’avoir une balle qu’elle a essayé d’exploiter par un tir soudain, contrée.

Elle lui a donné à manger quand la parisienne, affamée par soutien-appui, était à deux doigts de dire qu’on l’avait condamnée à une grève de la faim. Faim d’occasions comme faim de but. Une situation qu’elle semblait chercher tant elle voulait montrer, à qui voulait le voir, que sa signature en bas de contrat passera par un poste à droite et un chèque qui va avec. Qui va même très bien avec, n’écoutant que très légèrement que ce genre de chèque ne peut venir qu’avec les titres.

Elle s’en fout. La fille est têtue. A l’évidence, elle apprend l’anglais.

Je voudrais dire à Sandy Baltimore qu’elle tricote. Qu’elle aime tricoter. Elle a bien raison. Les salariés de la Redoute, entreprise de tricotage du passé, avec 100 € investi, viennent d’en ramasser 100.000, neuf ans plus tard pour un budget participatif de 100 millions d’euros !

Un truc à faire retourner Bernard Tapie dans sa tombe. Des associés participatifs dans le monde du football ! L’homme d’affaires ne reconnait plus son football.

Wendie Renard n’a pas le visage d’une jeune femme. Elle a tout d’une jeune mère et elle regarde avec surprise la technique de la danoise, Montpellièraine, de la bloquer de la main droite pour l’emmener valser de la gauche, 30 centimètres plus bas. Un peu plus petite, un peu plus jeune. Julie Thibaut, nouvelle dans une défense à trois, a découvert ce qu’était une promenade de son côté. Tranquille, ce n’était pas la rue Sainte Catherine.

Une signature qui montre que les danoises n’ont cru à leurs chances qu’au moment fatidique des coups de coin ou corners en anglais. Je crois que leur première chance et seule chance de la mi-temps s’est faite aux alentours de la 40′. Ce qui montre qu’elles n’ont pas été souvent dangereuses pour une Pauline Peyraut-Magnin qui a bien déchiré ses sorties. Nous redonnant le goût de revoir les arrêts de qualités qu’elle a souvent servies en bleue.

Sur ce, à la 50′, le temps étant compté, j’ai estimé qu’il était temps de mettre en marche la machine à rêver, bien essentiel après une journée chargée.

Bilan, la France ne sera pas championne du monde en février 2023. Elle avait affaire à la 18e équipe mondiale, mais elle a joué un match de football amical qu’elle a maitrisé et j’espère que les joueuses, sur et en dehors du terrain, se disent qu’il est temps de rêver dans une compétition qui n’en est qu’à sa 9e édition avec, la volonté de la construire à trente-deux équipes, ce qui va laisser seulement quelques matches de très haut niveau.

Là, où la porte est à prendre pour toutes et pourquoi pour la France, que personne n’attend.

Les pieds collés aux fesses de la fédération.

William Commegrain Lesfeminines.fr

Fiche technique

Mercredi 15 février 2023, Laval (stade Francis-Le Basser)
3e édition du Tournoi de France féminin – 1re journée

FRANCE – DANEMARK : 1-0 (1-0)

Spectateurs : 7 409
Arbitre : : Monika Mularczyk (Pologne) 
But : Bilbault (31e) pour la France

FRANCE : Peyraud-Magnin – Thibaud, Renard (cap.), Cissoko – Périsset, Bilbault, Hamraoui puis Geyoro (63e), E. Cascarino puis Asseyi (90e) – D. Cascarino puis Dali (63e), Diani, Baltimore puis Thomas (77e). Sélectionneure : Corinne Diacre

DANEMARK : Larsen – Thomsen, Gevitz, Boye (cap.) puis Ballisager (77e), Thrige – Kühl, Holmgaard puis Snerle (60e), Junge puis Stroelsgaard (70e) – Bredgaard puis Madsen (60e), Vangsgaard puis Bruun (70e), Sörensen puis Svava (60e). Sélectionneur : Lars Sondergaard