Si les Lions de l’Atlas ont surpris le monde entier en atteignant les 1/2 finales du mondial 2022 au Qatar ; il ne faudrait pas oublier la place de finaliste de l’équipe féminine, coachée par Reynald Pedros, lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations Féminines TotalEnergies, de la même année, perdue seulement (2-1) devant l’Afrique du Sud, devant plus de 50.000 spectateurs enthousiasmés.

Une belle réussite, inattendue, pour deux équipes éloignées au classement des nations FIFA : 22e avant le Mondial 2022, devenu ces jours derniers, 11e mondial du côté masculin ; 76e au classement féminin et qualifié pour le Mondial 2023 qui se jouera en Australie et Nouvelle-Zélande lors de l’été prochain (20 juillet/20 août).

D’où peut venir cette performance récente face à une concurrence sévère (11 titres sur 14 pour le Nigéria) ? A laquelle il faut ajouter le titre africain des clubs pour l’AS FAR (Maroc) qui a pulvérisé le club d’Afrique du Sud Mamelodies Sundows (4-0), précédent vainqueur de cette récente compétition (2021), au format du modèle européen de la Women’s Champions League, chargée de donner là, le meilleur club africain.

La solution est venue de l’État du Royaume marocain.

On a rarement vu une politique sportive d’État, donner autant de résultats en si peu de temps. Faisons simple et direct, c’est que le terrain était plus que favorable.

Un stade plein au Maroc

D’abord en organisant les deux compétitions féminines, marquant ainsi la volonté d’exister dans l’univers africain du football féminin comme de tester son succès populaire dans un continent où les stéréotypes laissent croire, plus facilement qu’ailleurs, que le public masculin négligerait celui féminin.

Erreur ! La demi-finale et la finale se sont jouées devant plus de 45.000 spectateurs, avec la simplicité et l’identité africaine. Chants, danse et football.

La structure organisée du football féminin

D’abord une décision sans fondement économique, puisqu’il n’y avait rien auparavant sur le plan sportif et encore moins que rien sur celui économique ; avec la création d’une Ligue Professionnelle de Football féminin ! Certainement une première pour une équipe classée aussi loin dans le « ranking » mondial de la FIFA : 74e !

Pourtant, elle est bien créée, prend en charge tous les salaires de la D1 et D2 féminine, ainsi que ceux du staff technique et médical. Une LNFF qui se finance avec les fonds de la fédération qui avec le mondial 2022 vont prendre du poids et de l’influence, par la demi-finale atteinte.

On peut en déduire que quelques dirhams iront renforcer ce projet, voire le développer.

Ensuite, sont impliqués les Ligues régionales comme les clubs professionnels ayant l’obligation de créer une section féminine. Le tout, en proposant aux anciennes joueuses de revenir au football, après les avoir formées en tant que coach ou membre du staff technique comme médical.

L’objectif annoncé est d’arriver à 90.000 pratiquantes féminines à l’horizon 2024. Pour rapidement atteindre ce chiffre, un partenariat a été signé avec le Ministère de l’Éducation Nationale avec la création de « sports-études » auprès de chacune des 13 Ligues régionales.

Les meilleures joueuses seront orientées vers le Centre Mohamed VI, présenté comme un des meilleurs centres d’entraînement au Monde.

Un schéma proche de celui français avec les sports-Etudes, les pôles France régionaux et le Pôle France pour les meilleures.

Classique. L’originalité étant de construire un Palais du football quand rien n’existe concrêtement sur le terrain mais avec l’opportunité non-négligeable que la concurrence africaine n’est pas réellement organisée, laissant le droit de croire à des fruits rapides et tangibles.

Une stratégie tout football

La chance du football féminin est de s’insérer dans une stratégie « total football » puisque les efforts féminins sont allés de la même manière vers « le e-sport » dont personne ne connait encore la valeur mais dont tout le monde estime qu’elle ne peut qu’exister vu le nombre de pratiquants des jeux vidéos.

L’objectif stratégique est de devenir leader en Afrique et dans le Top 10 mondial dans les cinq prochaines années. Un objectif SMART quand on sait qu’on trouve des pays sans réelles structures comme la Corée du Nord ou les Pays-Bas. Tout autant assez ambitieux, l’histoire du football étant pour les huit autres : USA, Allemagne, Suède, Angleterre, France, Espagne, Brésil.

Le Canada, sans rien, est à mettre aussi sur cette liste de privilégiées. Elles jouent toutes avec la NWSL américaine.

À comparer ; il serait intéressant de voir la pérennité puisque la réussite a commencé à poindre. La Chine s’y est essayée depuis bientôt 10 ans. Sans réussite réelle, collée entre la 14e et 18e place mondiale. Après un début historique exceptionnel : finale des JO en 1996, finale du 3e Mondial féminin en 1999, perdue aux USA, face aux américaines, devant plus de 90.000 fans.

Le chèque de la FIFA

La demi-finale du Mondial marocain devrait donner un chèque de 25 millions de $ à la FRMF ! Soit 28% de son budget annuel. A ce montant sera rajouté 1.500.000 $ pour les frais liés à la compétition. Voici pour les plus, sur lesquels, devraient se déduire 30% prélevés pour les joueurs et staffs.

Les clubs ne sont pas en reste. La FIFA donne 10.000 $ par jour de présence de chaque joueur. Les marocains sont restés 34 jours, soit un chèque de 340.000 $ pour chaque club. Une petite somme, pas si légère que cela pour certains clubs de Ligue 1 comme Angers, Brest, Toulouse, fournisseurs de l’équipe nationale.

William Commegrain Lesfeminines.fr