31 Octobre 2021
Auteur : William Commegrain
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Les BEPF sont des diplômés du football qui ont le droit, en France, de coacher une équipe professionnelle de Ligue 1 ou 2 comme sur le plan international, d’avoir en charge une sélection nationale.
Un niveau de diplôme qu’on commence à trouver sur les bancs du football féminin. Une nouveauté qui montre que le niveau des salaires a bien évolué, faisant à ces diplômés, le choix du football féminin.
Des bancs, à l’intuition …
Il fut un temps, pas très lointain, où les coachs de la division d’élite féminine avaient, au mieux, un DEF (diplôme d’entraineur de football possédé par Farid Benstiti par exemple) devenu DES (diplôme d’entraîneur de sport) quand la plupart se situaient entre compétences intuitives et statut d’ex-joueuses de football.
Ce schéma des années 2010 s’est transformé avec le développement de la pratique et sa médiatisation. Il fallait se former et être diplômé par la FFF pour se trouver sur un banc de D1F Arkema.
Le jeune coach Théodore Genoux, s’était vu refuser la continuité de son contrat avec les Girondins de Bordeaux, faute du diplôme requis en D1F alors qu’il avait mené les ex-Blanquefort, à la montée au niveau de l’élite.
A ce stade, l’exceptionnel était de trouver des coaches venus du milieu masculin, et Jean-Louis Saez avait eu ses lignes de reconnaissance, lui s’étant occupé d’Avignon (L2, intérim en L1) avant d’intégrer le banc féminin de Montpellier Hsc (2013-2019).
Une période où les championnats féminins européens se sont transformés intégrant quasiment tous, pour les 4/5, des clubs masculins professionnels classiques (Paris Fc, Dijon, Metz, Guingamp) à des leaders de la compétition masculine (PSG, OL, Barcelone, Bayern de Munich, Juventus, Milan AC, Réal Madrid, Chelsea, Arsenal, les deux Manchester, etc..)
Nombre estimés de diplômés du BEPF en France
Nombre de femmes ayant le BEPF en France
Nombre de clubs professionnels en France
Nombre de candidats acceptés au BEPF pour la session 2021-2022
L’ANALYSE – Le football féminin paie bien !
Coacher des filles n’intéressait aucun diplômé masculin. Les salaires étaient ridicules en comparaison de ceux offerts dans le football masculin et la médiatisation si faible que, coacher une équipe féminine de l’élite, relevait quasiment du sabordage professionnel.
Sur le marché, les plus connus des coaches féminins ont réussi à passer la barre du BEPF (réservé à une élite) comme Elisabeth Loisel et Bruno Bini par la VAE, Corinne Diacre, Sarah M’Barek, Patrice Lair quand ceux venus du monde masculin, déjà diplômés comme Olivier Echouafni, Jean-Luc Vasseur ou Didier Ollé Nicolle, ont trouvé là, des clubs preneurs au tarif minimum syndical du diplôme majeur. Voire mieux.
Le marché est donc de 20.000 à 30.000 euros mensuels en cumulant BEPF et clubs masculins porteurs comme sélection nationale. 0
Une belle porte d’accès, sans la concurrence exacerbée du football masculin où la porte de sortie est d’ailleurs très proche de la porte d’entrée.
A considérer cela plutôt comme un défaut … puisque la plupart des gros contrats vont à leur terme ou sans indemnité de rupture significative. Un arrangement à l’amiable (Jean-Luc Vasseur, Farid Benstiti) permettant d’entrevoir une future nouvelle porte ; les présidents appréciant de se téléphoner pour donner ou non l’aval d’une candidature de coach.
Quelle place pour les coaches féminins dans cet ensemble ?
« Si le BEPF devient la règle dans les dix prochaines années, on aura très peu de coaches féminins en D1FArkema ! »
LA CREATION du diplôme d’Entraîneur de football féminin
Une situation pénalisante pour les femmes, étant très peu nombreuses à posséder le diplôme d’excellence. Le nombre de candidatures au BEPF étant important, compte tenu des possibilités financières qu’il impose. Ce qui donne du sens à l’initiative d’Elisabeth Loisel, avec son diplôme d’Entraîneur de football féminin, ouverte à grands bras aux ex-joueuses (Camille Abily, Elise Bussaglia par exemple) comme au coach masculins (Sébastien Joseph, Fréderic Biancalani), et l’espoir qu’il soit la référence requise sur les bancs de la D1FArkema.
L’INTERÊT DE CREER DES TITRES !
Les présidents ayant en charge une section féminine ne peuvent pas courir après un titre, souvent propriété de deux à trois clubs, investissant dans le football féminin plus qu’il ne pourra leur retourner financièrement. Les autres cherchent un équilibre, devenu difficile avec l’homogénéité des cœurs de championnats. Hors, dans une discussion pour un nouveau banc, être entre la 5e et 8e place à moins de signification que d’avoir gagné un titre ! Cette ligne de plus est l’argument qui fait sourire un Président, puisqu’il se met sur la carte de visite de son clubs. Répété à l’envi.
On peut en déduire qu’il faudrait plus de compétitions et de titres dans le football féminin pour lui donner un coup de buzz. Le marché des coaches signerait à deux mains ce genre d’initiative.
William Commegrain lesfeminines.fr