Une nouvelle Bleue est entrée sur la pointe des pieds à Clairefontaire pour remplacer Kheira Hamraoui. Aminata Diallo, la Béatrice Dalle du football féminin.

Un tempérament

La joueuse du Paris Sait Germain a en elle, le caractère masculin qui a toujours dégagé de l’actrice phare que Jean-Jacques Beinex a révélé au monde dans son film 37,2 le matin.

Loin des starlettes du cinéma qui, larmes à l’œil, envoyait un œil de chat à la caméra pour ouvrir le cœur des spectateurs et spectatrices, Beatrice était capable de faire un bras de fer avec un technicien, n’allant pas chercher « midi à quatorze heures » si la décision devait se faire dans l’instant, pour savoir qui avait tort ou raison.

Aminata Diallo est dans le même style de caractère. Elle va au charbon comme d’autres vont à l’usine. En sachant ce qu’elle fait, ce qu’elle peut faire, ce qu’elle doit faire et laissant son caractère décider de ce qu’elle fera dans l’instant.

En 2014, au Canada, à une époque où personne ne savait en France qu’il existait une Coupe du Monde U20, elle met un superbe but d’anthologie et partage son travail avec le talent de Claire Lavogez, illuminant les Bleuettes, troisième d’une Coupe du Monde qui pouvait pourtant leur promettre un titre.

Never Give-up !

Venue à Guingamp (2014-2016) qui faisait un recrutement de coup de maître cette saison, envoyant huit bretonnes en exil canadien sous les ordres de Gilles Eyquem, elle plonge rapidement dans le très haut niveau et signe au Paris Saint Germain pour la saison 2017. Recrutée à la demande de Farid Benstiti, elle évolue sous le coaching de Patrice Lair (2017) et Olivier Echouafni (2018-2021).

Face à une Grace Geyoro, lumineuse dans sa simplicité de jeu ; avec la concurrence d’une Formiga à qui on confère les louanges dues à l’expérience sans laisser sa chance à la jeunesse ; elle tournicote sous les couleurs parisiennes. Les statistiques sont pourtant là pour la noter présente avec les ¾ de la saison effectuée entre titulaire et remplaçante mais rien ne l’impose comme indiscutable.

Pour autant, si vous deviez la croiser ou la rencontrer en zone de presse, rien dans son attitude ne laissait une place au doute, à la compétence, au niveau.

Elle sait que si la situation est dure, elle possède la force, l’histoire, de se battre pour renverser l’invraisemblable.

Elle aime rentrer dans le tas quand cela va ou cela ne va pas. Il en est de sa personnalité, de son tempérament et caractère.

Aminata Diallo part à l’aventure, en solo, sac à l’épaule, crampons aux pieds

2020, la voilà en prêt au Royal de l’Utah. Elle tombe en plein Covid avec un championnat qui s’arrête sans avoir démarré. Elle se contente du tournoi d’Août qui résumera cette saison. Pour autant, elle ne regrette pas, apprend de cet esprit américain qui peut lui aller bien. Elle prend de l’expérience, du vécu. Renforce son tempérament.

Revenue à Paris, elle repart à l’Atletico Madrid pour trouver du temps de jeu. Nous sommes en 2021, l’année où le FC Barcelone reprend son titre au club madrilène. Elle ne recule pas. Apprend. Comprend.

Le Paris Saint Germain aurait pu la laisser sur le marché. On ne laisse pas Aminata Diallo libre. Comme on ne néglige pas Béatrice Dalle quand elle joue au cinéma.

Saison 2022, elle reprend le train parisien d’une équipe Championne de France. Apprend que Kheira Hamraoui (Barcelone) prendra, au milieu de terrain, le rôle principal. Ne se démonte pas. Joue son jeu et s’impose avec son tempérament et caractère.

Une nouvelle porte s’ouvre en Bleue

Coup du sort pour ce stage. Les carillons des médias qui ont sonné fort pour annoncer le retour de l’ex-barcelonaise, championne d’Europe constate que la joueuse trentenaire s’est blessée lors du dernier match contre Saint-Etienne.

Elle laisse sa place chez les Bleues.

Qui est appelée par Corinne Diacre ?

Aminata Diallo.

Pourtant, elle se bat pour s’imposer dans ce onze parisien. Elle doit si bien se battre que son coach, Didier Ollé Nicolle, a confirmé à Corinne Diacre, l’intérêt qu’elle y voyait.

Avec trois ans de plus que lors de sa dernière sélection en avril 2018 contre le Nigéria (8-0) ; comme d’autres qui se sont bonifiées au contact de l’étranger, elle vient pour une autre raison que l’époque où la sélectionneuse française évaluait tous les talents de France au lendemain de sa prise de poste en septembre 2017.

La parisienne, née grenobloise, une crevette de 49 kgs pour 1m63 dit sa fiche fff, au tempérament à mettre le pied quand tout le monde s’arrête, a certainement appris une nouvelle chose en football : « qui va à la chasse perd sa place ! ».

Il sera intéressant de voir sa nouvelle maturité si Corinne Diacre la fait rentrer.

William Commegrain Lesfeminines.fr