L’Amérique faisait rêver voire peur !

« L’Amérique, l’Amérique ! » chantait Joe Dassin dans les années 1970. Un tube comme en faisait les « numéro 1 » de Maritie et Gilbert Carpentier. L’Amérique, le rêve des français « avant-guerre » qui permettait aux écrivains de l’époque, d’imager un héritage à venir, comme étant celui venu de « l’Oncle d’Amérique« . Une époque où Gilbert Bécaud chantait les « dimanches à Orly », quand les gens, faute de moyens et avec une crainte à l’estomac, ne prenait que rarement l’avion.

Les gamines rêvaient devant les hôtesses de l’air. Plus fort, on s’habillait pour prendre l’avion et aller aux States ! L’Amérique faisait rêver.

Jusqu’en 2010, le football féminin américain faisait peur aux joueuses européennes. Certaines, aventurières, étaient parties tête la première dans cette aventure, Marinette Pichon, Camille Abily. Sauf qu’elles se comptaient sur les doigts d’une main.

Dans l’autre sens, aucune américaine de « Premier League », ne venait en France. La langue de Molière ou celle de Shakespeare, le football, la rémunération locale obligeant à un emploi civil. Rien n’appelait à cette mobilité internationale. Le programme ne pouvait intéresser que les étudiantes, venues faire un cursus diplômant à l’étranger.

Aujourd’hui, tout est différent

En 2020, même si les américaines sont de récentes double championnes du monde (2015-2019) ; elles ne font plus peur. Depuis 2016 et leur élimination aux JO par la Suède au stade des 1/4 de finale, l’Amérique du football féminin a commencé à perdre de sa superbe. Le football féminin s’est professionnalisé. Les joueuses sont devenues athlétiques et physiques. Elles ont pu entrer en concurrence avec les américaines. Amandine Henry, après 2015, a réussi à démystifier ce championnat pour la génération actuelle.

La mobilité nous a fait mieux connaitre leur jeu et limites. En 2012, pour la France, le PSG nous a fait découvrir Lindsey Horan, Tobin Heath (2016). L’OL avait réussi à convaincre Megan Rapinoe (2013) et Alex Morgan (2017). Hope Solo, avant, avait fait un premier pas. Fleury a embauché les sœurs Corboz.

Sur le plan des internationales, les Bleues de Bruno Bini, avaient perdu de peu en 2011 (Mondial) et 2012 (JO). En 2015, Philippe Bergerôo et ses troupes l’avait emporté à Lorient (2-0). En 2017, pour la SheBelievesCup, c’est sous les ordres d’Olivier Echouafni qu’elles avaient réalisé le score le plus important (0-3). Enfin, plus récemment, ce sont les troupes de Corinne Diacre qui l’avait emporté à domicile (3-1).

Aujourd’hui, les joueuses qui vont évoluer aux USA le font dans le cadre d’un projet professionnel tout en associant la découverte des USA. Pour en connaître les mentalités positive et dynamique, mais relativisant la force du football américain.

Quelles sont les performances des françaises actuelles ?

En ces temps de Jeux Olympiques, Eugénie Le Sommer a la médaille d’Or. Un but magnifique qui a fait le tour de la planète, neuf matches de joués sur dix possibles. Huit fois titulaires. Vingt-quatre tirs dans la surface, treize cadrés, trois buts et trois passes décisives. La stat est royale. Mal partie avec trois défaites consécutives, la montée en puissance de la bretonne a permis à l’OL Reign de sortir du fond du classement avec cinq victoires de rang.

Dzsenifer Marozsan, l’internationale et capitaine allemande de l’OL, partie avec la gardienne Sarah Bouhaddi, former le tryptique gagnant de l’OL vers sa filiale de l’OL Reign, a des statistiques très correct, voire meilleure puisqu’elle a participé comme titulaire aux dix rencontres de l’OL Reign. Sauf qu’elle n’a à son actif qu’une seule passe décisive et, à l’heure actuelle, aucun but. Un résultat, un peu plus en retrait par rapport à ses performances en D1FArkema.

De son côté, Sarah Bouhaddi a encaissé douze buts en dix matches. C’est beaucoup pour une gardienne de l’OL qui avoisinait les quatre à cinq buts encaissés sur la saison entière. D’un autre côté, pour une gardienne d’une équipe de milieu de tableau, rien d’anormal au niveau des statistiques. Elle a juste montré, qu’elle ne peut, à elle seule, rendre des copies « clean sheet » si l’ensemble de l’équipe ne s’y met pas.

En dehors des lyonnaises, parties en mission aux States pour redresser l’Ol Reign, filiale de l’OL ; la parisienne Gaetane Thiney (35 ans) a bénéficié d’un ticket de sortie, de six mois, délivré par la Paris FC pour sa joueuse et capitaine emblématique. Une aventure qu’elle a vécu comme une expérience nouvelle.

Sur le plan du jeu, la réussite n’est pas totale. Placée cinq fois comme titulaire sur sept rencontres, elle a été remplacée à chaque match aux alentours de la 60′. Sur le dernier, elle a été remplacée à la mi-temps. Sur les quelques matchs de suivis, elle se place en numéro huit dans un jeu « box to box » américain qui ne correspond plus à ses qualités physiques. De plus, elle est desservie par une tactique où le milieu n’est qu’une courroie de transmission avec l’attaque, pour des intentions directes et verticales.

Il faut un coffre impressionnant pour pouvoir se trouver, à la construction et finir dans la surface adverse. De fait, ses stats offensives sont réduites. Deux tirs dans la surface dont un seul cadré. Aucun but.  Hormis cet aspect offensif, son taux de réussite dans les passes est similaire aux lyonnaises. Elle pêche plus dans l’aspect défensif avec 40% de duels gagnés dont seulement 33% dans le domaine aérien.

Eugénie Le Sommer bien intégré, Dzsenifer Marozsan et Sarah Bouhaddi, correctes dans ce qui est la filiale de l’OL. Un premier bilan mitigé pour Gaëtane Thiney dans ce nouveau club qu’elle découvre.

William Commegrain Lesfeminines.fr