Farid Benstiti a démissionné de son poste de coach de l’OL Reign, sans préavis. Le sans préavis est surprenant.

Une démission qui demande réflexion.

En Europe, la démission en football est rare car elle n’a que peu d’intérêt puisque la rupture, demandée par le club, est significative d’une indemnité, composée du reste des salaires à percevoir pour une fonction habituée au CDD d’usage.

Si le droit américain est certainement différent de celui français, les contrats sont les contrats et on imagine mal, un Farid Benstiti signant un contrat sans préavis à respecter dans le cadre d’une rupture et d’indemnité alors à verser.

La NWSL, bien différente des championnats européens.

L’homme, aux commandes depuis l’acquisition par l’OL du Reign FC dans la foulée de la Coupe du Monde 2019 ; le français n’est jamais arrivé à installer l’équipe dans le format souhaité par Jean-Michel Aulas.

Un rêve ou une réalité d’ailleurs ? De voir les deux OL s’opposer dans une finale mondiale des clubs féminins pour un projet futur sorti des tiroirs de la FIFA.

En effet, le championnat américain est très homogène. Les internationales, en application d’un règlement, sont partagées dans les dix équipes formant le championnat. Si l’OL Reign a Rose Lavelle et Megan Rapinoe dans son effectif, NJ/NY Gotham possède Carly Lloyd, Les Pride d’Orlando ont Alex Morgan et Marta et il en est de même pour toutes les équipes.

Il reste l’extérieur, mais puiser dans les championnats européens ou asiatiques relève du combat … financier. Les joueuses mondiales de haut niveau sont toutes maintenues par des contrats dans un milieu où les transferts sont rares, faute de rentabilité future. Il faut donc anticiper, face à des équipes de même dimension. A ce titre, l’OL reign avait pourtant investi 100.000 € pour sécuriser l’arrivée future de Rose Lavelle, Ballon de bronze au Mondial 2019.

Le compte n’y était pas.

Touchant la dernière place à un souffle devant les nouveaux Kansas City (2021) mais derrière la franchise de Louisville (2021) visiblement, l’OL Reign était loin du projet. La saison 2020 n’était pas mieux, s’étant transformée en un tournoi, plein Août, où l’OL Reign était sorti avant les play-offs.

Neuvième cette saison sur dix, de la compétition américaine commençant en avril pour se terminer en Octobre, le projet semblait s’éloigner d’autant que l’arrivée de Dzsenifer Marozsan, Sarah Bouhaddi et Eugénie Le Sommer en prêts de six mois, n’avaient rien apporté en résultat -défaite à domicile – mais aussi en jeu. Il suffit d’avoir veillé, les yeux embués, pour la dernière rencontre face au NJ/NY Gotham FC pour s’en rendre compte. Le jeu n’y était pas.

Si on a jamais vu un coach prendre les crampons pour suppléer, encore plus en football féminin quand ce dernier est un homme ; à l’inverse, dans ses choix tactiques, la dynamique du jeu, l’expression collective de l’équipe, on trouve ou on cherche le lien fort entre les joueuses et le coach. Visiblement, les choses n’étaient pas là.

Rappelons le parcours de Farid (54 ans). Champion avec l’OL de 2007 à 2010. Vice-Champion avec le PSG (2012 à 2016). Double finaliste de la Coupe d’Europe féminine en 2010 et 2015. Champion de Chine pendant deux saisons.

Une démission surprise

Deux réalités s’imposent avant d’en tirer conclusion. A la différence des championnats européens où les leaders le restent longtemps, le championnat américain est un grand huit en terme de résultats. En 2019, Orlando Pride terminait à la dernière place alors que cette saison, elles mènent la danse. Houston Dash n’existait pas, elles remportent le tournoi de la Challenge Cup 2020, organisé en coup de vent, pour réaliser un championnat débutant en mars, bloqué immédiatement par le Covid.

On ne peut pas affirmer que Farid Benstiti n’y serait pas arrivé dans le futur. On peut juste constater que cela n’aurait pas été le cas en 2021.

Le fait qu’il y ait une démission sans préavis signifie qu’il y a une ou plusieurs raisons significatives qui doivent être parties prenantes de cette décision. Je trouve que la photo choisie par l’OL Reign pour communiquer l’information doit avoir certainement un sens.

William Commegrain Lesfeminines.fr

PS L’OL Reign, mené par l’assistant Sam Laity devenu coach, a perdu sa rencontre (2-0) contre les Houston Dash.