Avant, il y avait un quatuor. Mais c’était avant. Aujourd’hui, depuis deux saisons, on a un duo bien tranché fait par l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain qui termine avec une vingtaine de points d’avance dans ce championnat.
La D1F a explosé l’ancien Top Four pour le transformer en duo de la D1F
Ce Top Four était très important dans ce championnat. Une médaille en chocolat pour une 3e place qui valait de l’Or pour Montpellier et le Paris FC. Une place âprement disputée, Montpellier puis le Paris FC (ex-juvisy) ; Juvisy puis Montpellier. Une concurrence qui donnait le droit de croire que les oppositions croisées pouvaient donner de l’exploit !
Depuis ces deux dernières années, les autres clubs de la D1F sont montés en qualité avec l’appui des clubs professionnels masculins avec l’effet attendu et prévisible de couper la concurrence. Ne voyant aucun intérêt à investir au-delà du partage des moyens dans le football féminin, ne ramenant que 300 spectateurs au stade et sans économie financière pour rembourser les investissements.
Cette situation a cassé le Top Four (OL, PSG, Montpellier et PFC) pour le transformer en Top 2 constitué du Paris Saint Germain et de l’Olympique Lyonnais. Les deux clubs aux ambitions d’images fortes, se sont transformés en mastodontes de la D1F constitués d’internationales françaises et étrangères, et ont creusé un Grand Canyon dans la D1F. Un gouffre qui se mesure actuellement, à l’aube de cette 16e journée sur 22, avec dix sept et dix neuf points d’avance sur le 3e, devenu les Girondins de Bordeaux.
Les deux anciens du Top Four ont l’occasion de re-briller.
Montpellier, vainqueur à Paris, pour le César de la performance ?
Montpellier (4e), un temps dixième, vient à Paris pour s’opposer samedi (18h30) sous les caméras de Canal+, au PSG d’Olivier Echouafni (2e), aux couleurs très internationales. Les montpelliéraines, sans ses deux internationales d’Europe du Nord parties à l’intersaison (Blackstenius et Veje) pourraient paraître comme diminué. Sauf que la plénitude d’attaquantes posaient des problèmes de cohésion au sein du groupe d’après jean-Louis Saez, rendant Montpellier, habituellement très offensif (63 buts la saison dernière, seconde attaque), « pauvre comme Job » avec seulement 3 buts en 5 journées, au grand désespoir de son coach, en fin de cycle. L’homme méritait mieux.
Deux départs qui n’inquiètent donc pas le coach de Montpellier, tant les deux joueuses avaient du mal à s’insérer dans le groupe, même si Stina Blackstenius présentait un bilan honorable (6 buts pour 12 matches). Il n’en était pas de même de la finaliste de l’Euro 2017, Katrin Veje. Six matches pour aucune réalisation. Bousculée par la concurrence de Clarisse le Bihan (10 buts), explosive à Montpellier depuis la mi-saison.
Le Paris Saint Germain, pourrait se voir bousculer sur ses terres. Emprunté dans des résultats mitigés en score faits de quelques penalties, face à Montpellier qui ne possède plus que ces duels de championnat pour retrouver de l’éclat.
S’il y a des moments où tous les efforts doivent payer, ce n’est pas nécessairement sur la feuille de paie. C’est en gagnant ce genre de rencontre qui vous oblige à aller chercher l’exploit individuel d’une part, et surtout l’extraordinaire sensation que représente la victoire collective. Une symphonie jouée ensemble qui vous arrache des larmes de bonheur tellement elle se trouve rarement.
Des faits victorieux contre des clubs phares qui resteront longtemps dans l’esprit du groupe et de ses supporters. Une victoire quasiment idolâtrée quand elle se produit contre l’Olympique Lyonnais ; aujourd’hui « césarisée » si elle se fait contre le PSG.
Le sport de haut niveau, féminin de surcroît, demande un investissement incroyable en terme de choix de vie et de travail. Voire même un pari sur l’avenir. Dix ans d’une vie de sportive qui mérite quelques lumières.
Match reporté. Le Paris Fc, aurait été postulante à l’Oscar, si elles bloquent la force lyonnaise !
Dimanche, ce seront les championnes d’Europe de l’Olympique Lyonnais (1er) qui rencontreront le Paris FC (5e) de Sandrine Soubeyrand, mal partie à son arrivée en cours de saison et qui se reprend bien en contenu comme en résultat.
Il existait un Monde entre les deux équipes après la Coupe du Monde 2011. Un côté « gilet jaune » dans l’Essonne où la volonté individuelle et collective des joueuses de Juvisy permettaient de croire à l’impossible. Faisant « peur » aux Reines lyonnaises, d’y laisser d’abord des points. Mais surtout ce qui faisait la réalité et le charme de ce football féminin, de l’honneur et de l’orgueil.
Aujourd’hui, c’est un univers qui les sépare. Les deux équipes ne sont pas comparables, ni à comparer. A Lyon, l’expérience et la renommée. A Paris FC, la jeune maturité de l’exercice professionnel, entre jeunesse et « couleur du maillot ». Prête à transpirer et à tacler. 90 minutes de labeur à lutter contre une balle qui va trop vite, de pieds en pieds lyonnais. D’espaces en espaces.
Alors, l’Olympique Lyonnais largement vainqueur ? Il est vrai qu’il faudrait être fou pour mettre un gros billet sur la victoire parisienne !
Sauf que le football féminin a profondément changé. S’il est moins léché, il a gagné en tactique, capacité physique et force mentale. Dans un système défensif bien organisé, le Paris FC a les moyens d’obliger l’Olympique Lyonnais à ne marquer que dans de rares occasions.
Sandrine Soubeyrand, figure emblématique de Juvisy, habituée à détecter le goût particulier d’une rencontre entre ces deux clubs, et dont c’est la première en tant que coach face à l’OL, aura l’envie d’une performance de son équipe. Record de sélections chez les Bleues et les Bleus. 198 sélections. 20 ans de très haut niveau. Cela ne peut que donner envie de se mettre au niveau des autres.
A ce niveau d’expérience, on ne rate pas l’opportunité de réaliser une performance qui peut la situer en haut du classement des coaches. Plutôt qu’à regarder Corinne Diacre (sélectionneure des Bleues) et Reynald Pedros (meilleur coach FIFA 2018) prendre seuls la lumière du football féminin.
Elle a l’expérience et la qualité pour trouver de quoi poser des problèmes aux troupes de Reynald Pedros.
Une victoire parisienne face à l’OL, et le Président Pierre Ferracci qui me confiait à Clairefontaine en 2016, avoir très apprécié « que le Président Aulas lui fasse la confidence qu’il était l’OL du monde amateur dans la formation », monte directement au Paradis.
Le football ne se fait et se joue que pour le plaisir qu’il procure.
Les autres rencontres.
Rodez (dernier à 8 pts) ira chercher des points essentiels face à Guingamp un peu moins bien qu’elles n’étaient en début de saison. Maintenant 7e avec 16 points quand elles pointaient à la quatrième dans un passé récent. Un gap à quatre points avec ceux devant et dans un grouppetto qui a quelques marges de manoeuvre si cette journée se transforme en victoires.
Dijon et Lille jouent peut-être leur avenir en D1F sur cette rencontre. L’équipe qui remportera le match sera sûrement là pour la saison 2019-2020. Les deux, jeunes en D1F puisque montante en 2019 pour Dijon et 2018 pour les lilloises ont quelque chose à se prouver. S’il y a une perdante, il lui faudra une belle dose de courage et de mental pour terminer la saison qui se rapproche à grand pas.
Soyaux recevra les ambitions de Metz. Metz, collée depuis la nuit des temps comme une équipe relegable. Metz qui vient juste d’en sortir. Metz qui en est à sa troisième montée en D1F depuis 5 ans. A chaque fois, envoyé dans l’ascenseur de la descente. Metz qui aura envie – enfin- de rester en D1F. A l’inverse Soyaux est un historique de la D1F. Amateur, seul club exclusivement féminin, esseulé dans la carte professionnelle du football féminin. Soyaux au pied d’Angoulème. Temps du 9e art. Temple de la BD. Soyaux a tout pour être des irréductibles gauloises. Soyaux joue ce match pour assurer son maintien. Gros match.
FC Fleury contre Girondins de Bordeaux comme le Paris FC face à Lyon sont reportés quand Montpellier – Paris Saint Germain est proposé à 18h30 au Stade Jean Bouin.
William Commegrain lesfeminines.fr