Il y a, gagner un titre en Equipe nationale, une médaille Olympique, un Euro, une place sur le podium d’un mondial ; mais en football féminin, tout cela s’arrête à ses frontières. Qui sait que le Canada a deux médailles de bronze (2012 et 2016) à part les fans du football féminin ? Qui sait que les Pays-Bas sont championnes en titre de l’Euro 2017 en venant de nulle part, à l’exception des fans du football féminin ? Qui sait, qui sait ?

Il y a une certitude, si les parisiennes battent l’Olympique Lyonnais dimanche soir aux alentours de 22h30, et prennent le titre nationale 2021, le monde entier du football féminin le saura ! L’AFP enverra les mots pour le faire entendre, Reuters le reprendra, l’Associated Press le communiquera aux supports américains.

La gamine qui se lèvera à San Francisco, les yeux embués de sommeil, demandera à sa maman, si le Paris Saint Germain a une équipe aux USA ? La plus grande, les yeux en l’air, se rappellera de son globe, celui sur internet, « Est-ce que Paris Saint Germain, c’est Paris ? » Et la maman, trop contente de donner une émotion romantique à son petit bout d’amour, lui dira, « la main dans ses cheveux », doucement, comme une caresse : « Ah PA-RIS ! ».

Une sensation qui leur restera à vie.

Pas sûr que Lyon fasse rêver autant.

On annonce beaucoup de joueuses partantes du Paris Saint Germain. Irène Paredes, allant au FC Barcelone vivre sa vie de couple avec sa femme enceinte. Christiane Endler, capitaine du Chili, gardienne du PSG et future gardienne de l’Olympique Lyonnais. Perle Morroni, partante pour apprendre l’allemand au Bayern de Munich. C’est bien, c’est aussi risqué sur le plan professionnel, mais auprès du public, à l’exception des fans, cela ne fera jamais rêver le monde avec le mot « PA-RIS ! ».

« PA-RIS ! » pour la planète, c’est PARIS et quelle gloire dans le monde du football féminin si les filles du PSG battent l’OL en stoppant leur suprématie de quatorze titres de suite en championnat.

Pas un média ne va rater cela : « Paris s’affirme en championnes devant les lyonnaises de Lyon » ; « Après l’Europe, les parisiennes prennent un titre méritée à l’OL » ; « le titre passait, les parisiennes plus rapides l’ont mis dans leur poche ». « Les parisiennes réconfortent les lyonnaises en pleurs après leur défaite ». « Paris, le future rêve du football féminin ! »

Un truc qui vous met en pleine lumière. Une explosion de médiatisation. Une chance incroyable pour exister.

Gaetane Thiney a été la première française à le vivre en 2011. Amandine Henry est passé d’un compte à cinq chiffres pour s’habituer aux sept chiffres voire huit, simplement après un superbe but dans un match de poule en 2015 au Canada et sa transparence. Eugénie Le Sommer et Wendie Renard placent leurs petits sous pour qu’ils fassent des rivières depuis que l’OL a crée une grille de rémunération comparable à celle de LVMH. Megan Rapinoe, inconnue en 2013, explose les compteurs en 2019 sur quelques matches et un geste Auguste. Ada Hegerberg sera député européen dès qu’elle aura arrêtée le football, pour créer des règles féministes alors que l’Europe du Sud n’écoute jamais celle du Nord !

La médiatisation change la vie des sportifs et encore plus celle des sportives.

Je pense que les filles du PSG savent que si elles perdent ce match, il y a un gros truc qui va s’échapper. Si elles ne le savent pas, ce serait pas mal de leur dire. Il en est de leur intérêt professionnel.

Entre un chèque qui fait de l’impôt ou une médiatisation qui fera ma renommée et ma marque de fabrique pour l’avenir. Je prends, Je prends, Je prends ?

Normalement, l’Olympique Lyonnais aura en face d’elles, onze parisiennes hyper motivées à gagner.

Derrière, il y a autre chose que du ballon.

Un avenir.

Si elles pensent que c’est maintenant à leur tour, il va falloir que l’OL se décarcasse, même à domicile.

William Commegrain Lesfeminines.fr

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