L’OL fait battre son cœur américain.
Sarah Bouhaddi, Dzsenifer Marozsan, Eugénie Le Sommer pour six mois aux states. Macario arrivée des USA en future star sur les rives du Rhône. 2021, semble être les premiers battements de cœur de l’OL et OL Reign.
Pour les non-initiés du football féminin, rappelons qu’au lendemain du Mondial 2019 en France, la holding de Jean-Michel Aulas annonçait sa négociation exclusive avec le club de Seattle Reign, membre depuis la création du football féminin professionnel américain, aujourd’hui exploitée par la National Women’s Soccer League.
USA. Une bombe à double égard.
Les américaines venaient de prendre leur distance avec les allemandes (2003 et 2007) en quadruplant un titre mondial lors de cette huitième édition (1991, 1999, 2015, 2019) et la France mettait un pied conquérant sur les terres du numéro 1 mondial depuis la création du classement Coca-Cola FIFA.
De quoi valider la couronne mondiale que les lyonnaises étaient en droit de revendiquer, possédant le record de titres européens (six en ce moment et deux finales, soit huit finales sur dix), acquit dans la décennie (2010-2020) qui se terminait.
A cela, il convenait de rajouter le premier pas d’un club féminin à en posséder un autre.
Une grande première dans un milieu où les structures fédérales européennes (France, Angleterre, Italie, Espagne) sortaient justes à convaincre les clubs masculins phares (Barcelone, Réal Madrid, Juventus, Milan, Chelsea, City, PSG) à prendre en charge, une section féminine que l’Allemagne avait initié.
La construction silencieuse
Fin 2020, le bilan était encore mitigé. Le FC Seattle Reign s’était transformé en OL Reign après une prise de participation touchant les 90% pour un chèque lyonnais d’un peu plus de 3 millions d’euros. A l’exception de l’intronisation de Farid Benstiti (ex-coach Ol et PSG) comme coach de la filiale américaine, on avait le sentiment d’assister à la mise en place d’une structure stratégique, ne trouvant pas jusqu’à récemment les émotions footballistiques de l’histoire.
Il fallait gratter pour trouver un point positif médiatique dans cette opération en cours de lancement.
L’année 2020 et la Covid donnait encore du sens à la saison 2019, faute d’avoir un contenu à grignoter en 2020, saison stoppée à ses deux tiers. Le Ballon d’Or de Megan Rapinoe (2019) et son titre de meilleure joueuse FIFA 2019 (The Best), star de l’OL Reign, signaient encore des écrits, assez vite mis de côté avec le septième titre européens des lyonnaises. L’Equipe leur donnant le titre de « Légendaires ».
On cherchait donc sans trouver.
Des américaines étaient bien venues sur les rives du Rhône mais sans convaincre. Elles participaient à des entraînements, stages et l’anglais se pratiquait avec tous les accents du monde (japonais, norvégien, espagnol, anglais) mais rien qui ne rapprochait de celui de l’Oncle Sam.
Ce qui aurait été bien suffisant dans le monde des affaires ne pouvant l’être cependant dans celui du football qui draine l’émotion comme moteur d’intérêt. D’autant que Jean-Michel Aulas avait fixé comme objectif d’avoir un OL Reign, leader du championnat américain pour rêver à une future finale de championnat du monde des clubs opposant : l’Olympique Lyonnais à l’OL Reign.
Cela commençait mal. L’Ol Reign s’était fait sortir de la Challenge Cup 2020. Un tournoi express, superbement organisé en l’espace de deux mois pour faire face à la Covid et ses décisions, mettant en standbye le football américain pour le reste de la saison.
Au final, la seule pointe américaine était la présence de Tony Parker au Conseil d’Administration de l’OL Group, ce qui n’est pas la moindre des choses. Un conseil plutôt sportif d’ailleurs avec Annie Famose et Nathalie Dechy, en complément. Quasiment à l’équilibre paritaire avec 7 femmes pour huit hommes.
Dans le Rhône, il fallait chercher pour trouver médiatiquement de l’information estampillée bannière « Stars and Stripes ».
Cela bouge sur le terrain en 2021
L’arrivée de Catarina Macario, annoncée officiellement par le club le 12 janvier 2021. Tout juste américaine en novembre 2020 et convoquée au premier stage suivant par Andonovski afin de couper l’herbe sous le pied au Brésil qu’elle aurait pu choisir puisque sa nationalité de naissance. 21 ans, une numéro dix proche d’un jeu à la « Pelé », décisive depuis peu quand elle a le ballon dans la surface (3 buts dans la 17e, 18e, 19e journée).
Star annoncée qui aurait pu faire le bonheur de Pia Sundhage, sélectionneuse du Brésil et ex-coach de l’équipe américaine (2008-2012).
On se fait plaisir avec le Golazo signé @catarinamacario lors du match #OLHAC ⚡😍 pic.twitter.com/czowOAsUa9
— OL Féminin (@OLfeminin) May 2, 2021
Une seconde arrivée pressentie est annoncée dans les réseaux twitter, à la recherche de la primeur de l’information. La joueuse de Manchester City, Rose Lavelle, Ballon de bronze au mondial 2019, excellente face à la France lors de la rencontre amicale récente au Havre.
Du côté de l’exportation, les confirmations de l’envoi aux USA, d’Eugénie Le Sommer, Dzsenifer Marozsan, Sarah Bouhaddi pour aller exercer leur talents de Juin à décembre 2021 pour l’OL Reign.
Je me posais la question de l’intérêt de ces contrats courts. L’écriture de l’article me le propose.
Communiquer « pour » les deux univers et non pas seulement « dans » les deux univers.
L’Ol Reign a besoin d’audience dans un monde où la lumière n’est donnée qu’aux premiers. Du côté des USA, on pouvait comprendre qu’il manquait quelque chose que la maison-mère pouvait apporter. Il a fallu peut-être du temps et des arguments à Farid Benstiti et Bill Predmore pour convaincre joueuses et structures à faire le pas ? Peut-être pas. Sauf que le compte twitter de l’OL au féminin montre bien une nouvelle tendance : toucher les fans pour que l’identité américaine existe au quotidien.
Les résultats de l’OL Reign, favorable depuis peu, sont mis en avant. Parti de la 5e et dernière place, les troupes de Megan Rapinoe pointent à la seconde derrière Portland, référence du domaine.
Le système commence à fonctionner mais pour que l’OL Reign soit en finale d’une future Coupe du Monde des Clubs, il faut que l’équipe de Farid Benstiti produise un football de qualité dans un championnat de qualité. Dix franchises, une onzième hollywoodienne qui se prépare avec Angel City. Un nom à faire rêver d’ailleurs le Monde entier.
L’OL possède ces joueuses. En intégrant dans l’équipe américaine des joueuses à notoriété mondiale, Farid Benstiti élève son niveau et met en lumière le club américain pour des recrutements futurs à venir.
Les joueuses prêtes à partir, le font dans le cadre d’une mission comme le ferait tout salarié d’un groupe mondial. Ce que l’OL construit patiemment avec un partenaire chinois à 20% au capital et des joints venture au pays des Roses d’Aciers. Elles vont y trouver de la nouveauté et ont pour finalité de faire briller l’OL Reign pour donner à ce club, les futures joueuses qui pourraient faire cette finale mondiale à l’esprit du Président Lyonnais.
le Paris Saint Germain a réveillé une stratégie
Certain disent que l’Ol a utilisé le football féminin comme vitrine. Aujourd’hui, on peut dire que l’OL a besoin du football féminin pour sa vitrine. L’élimination par le Paris Saint Germain de l’Olympique Lyonnais en Coupe d’Europe 2021 pour un huitième titre légendaire semble avoir eu le bénéfice de raviver l’importance des victoires féminines dans l’image de l’OL.
On a vu l’impact de la section féminine. Par exemple, les médias racontent que les clubs créateurs de la « SuperLeague » étaient intéressés par le club de Jean-Michel Aulas pour sa carte de visite féminine. Une perte de titres féminins répétitifs obscurerait l’image du club côté en Bourse.
Une vérité qui enclenche de la stratégie mais surtout des moyens.
Une question reste à poser : quelle est l’analyse lyonnaise de la force montante des anglaises et espagnoles comme de celles à venir des italiennes ?
La réponse me vient à l’esprit : « de la concurrence, tout simplement ! ». A réfléchir, il faudrait comprendre : pour l’OL, de la concurrence mais aussi pour les autres.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Rappelez-vous du contrat signé entre Rose Lavelle et l’OL Reign. Un investissement de 100.000 $.