Comme d’habitude, Saki Kumagai, ombre médiatique de l’Olympique Lyonnais, silencieuse et appliquée à l’instar du stéréotype japonais, capitaine des Nadeshiko, aura le geste juste qui donne la victoire à l’Olympique Lyonnais. 88′ pour un (2-3) plus que rassurant puisque victoire à l’extérieur ; tout en étant surprenant, dès lors que l’on sait que les septuples championnes d’Europe ont été menées par deux fois dans cette rencontre (16′, 1-0, Hurtis), (38′, 2-1, csc Buchanan).
Mener l’Olympique Lyonnais par deux fois est une performance rare. Que l’Olympique Lyonnais aille chercher par deux fois le ballon au fond de ses filets … la dernière fois qu’il en avait été ainsi remonte à l’édition 2014, surpris par le Turbine Potsdam à domicile, en 1/8e de finale de la WCL, un soir du 14 novembre 2013.
Sept saisons se sont passées depuis.
Une situation factuelle assez rare pour être relevée sans pour autant en tirer une caractéristique 2021 définitive. Pourquoi ?
De plus en plus de « beau monde » sur l’autoroute européenne.
Posons un principe simple, la référence au passé doit être considérée comme une facilité intellectuelle depuis que les clubs européens masculins, leaders des compétitions de la Ligue des Champions, se sont lancés dans l’aventure du football féminin.
Fini la période où, négligé par le football masculin de l’élite, les féminines s’étaient créées leurs propres clubs, dont les noms obligeait à ouvrir son Atlas de géographie pour y repérer la ville, voire le pays. Pour ne prendre que les finalistes et vainqueurs, Uméa IK, double vainqueur de la compétition, représentait la Suède. Tyresö, était dans la banlieue. Turbine Potsdam, touchait Berlin. Zvezda se trouvait où en Russie ?
Aujourd’hui, l’Europe féminine des cinq grands championnats est une Europe masculine. Amenant tout leur savoir-faire en terme de recrutements et d’entraînements.
La Juventus, Barcelone, Chelsea, le Bayern et bien d’autres n’ont eu aucun souci pour gravir les marches qui mènent à un futur leadership européen. Le club espagnol a été récent finaliste (2019), Chelsea bute en 1/2, le Bayern a le titre allemand dans sa visée et espère légitiment une performance européenne. Sans oublier le PSG qui s’est investi avant les autres (2013).
Les moyens financiers étant là, même s’ils ne sont que pacotilles au regard du luxe masculin, ils ont ouvert des possibilités de répartition des talents européens dans tous les championnats majeurs (France, Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne) rééquilibrant la qualité des équipes, notamment quand les meilleures d’entre-elles, s’opposent dans une compétition européenne.
Vingt françaises évoluent actuellement hors de France. En 2017, elles devaient être pas plus de cinq talents ayant choisi l’Europe quand elles pouvaient prétendre à une place de titulaires dans le Top 5 (Olympique Lyonnais, Paris Saint Germain, Montpellier, Paris FC, Bordeaux) du championnat français. En trois ans, le paysage a changé. Il en est de même pour les autres pays.
Les victoires passées de l’OL, acquises comme sur une autoroute sans bouchon, ne peuvent plus être attendues. La route est plus sinueuse. Plus de monde sur le parcours avec des moyens pour faire ralentir la course.
Gagner à l’extérieur, face à la Juventus, doit être considéré comme une performance.
Rencontrer un leader européen aujourd’hui comme la Juventus -quel que soit le stade de qualification, seizième, huitième- c’est déjà savoir qu’il va y avoir une tactique professionnelle, des joueuses entraînées, des internationales européennes d’expérience et le risque avéré de difficultés entraînant celui de la contre-performance.
Ceci étant dit, la victoire lyonnaise à la Juventus est donc à regarder comme une performance. Une victoire à l’extérieur assure quasiment une qualification pour le tour suivant. Le fait de revenir par deux fois au score montre la volonté lyonnaise de gagner, matérialisée par l’apport de Melvine Malard (20 ans), buteuse pour la première fois en WCL (68′ 2-2) et élue femme du match. La victoire à la 88′ doit être vue comme le signe de l’expérience des lyonnaises. Il en est de même pour la certitude de la réalisation du pénalty de Wendie Renard, accordé à la 30′, sur une percée de Sakina Karchaoui, fauchée par Bonensea, à la limite de la surface. Le pénalty féminin n’est plus un cadeau fait par l’arbitre. Il est la conséquence d’une erreur de l’adversaire.
Je m’interroge sur la gestion des performances de Jean-Luc Vasseur et du silence de Jean-Michel Aulas à cet égard. Des buts encaissés, des scores serrés, un contenu où les adversaires s’expriment de plus en plus.
Je crois que les deux hommes se sont entendus sur cette vision de l’avenir. L’Olympique Lyonnais sera soumis à une concurrence bien plus forte, il faut habituer les joueuses à lutter dans l’adversité pour gagner.
Dans ce cadre, menées deux fois, sortant vainqueur à l’extérieur ; les lyonnaises ont fait une performance européenne. Sauf qu’elle n’est pas acquise. En concurrence, les adversaires ont les moyens de réagir. De ce fait, fini les qualifications « entre gros » à l’aller. Le champagne ne s’ouvre qu’au retour.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Source footofeminin
UEFA Womens Champions League – Seizième de finale aller
Mercredi 9 décembre 2020 – 15h00
JUVENTUS FC (ITA) – OLYMPIQUE LYONNAIS : 2-3 (2-1)
Turin (Allianz Stadium) – huis clos
Temps frais et ensoleillé (8°C) – Terrain gras
Arbitres : Riem Hussein (Allemagne) assistée de Sina Diekmann (Allemagne) et Melissa Joos (Allemagne). 4e arbitre : Franziska Wildfeuer (Allemagne)
Buts
1-0 Lina HURTIG 16′ (Bonansea sur le côté droit centre au second poteau pour la tête de Hurtig située dans le dos de Carpenter)
1-1 Wendie RENARD 30′ s.p. (Faute de Karchaoui sur Bonansea à la limite de la surface côté gauche. Penalty tiré par Renard du droit qui ouvre son pied et place le ballon à mi-hauteur sur la gauche de Giuliani)
2-1 Kadeisha BUCHANAN 37′ c.s.c. (Bonansea dans l’axe remonte le ballon décale à gauche pour Hurtig qui délivre un centre dévié par Carpenter à l’entrée de la surface puis Buchanan dans les 5,5 m du pied droit alors que Bouhaddi sortait)
2-2 Melvine MALARD 67′ (Buchanan au milieu cherche de l’extérieur du droit à trouver Cayman mais en revenant Boattin dévie le ballon qui arrive sur Malard à l’entrée de la surface qui résiste à Gama et à 7 m du but, croise sa frappe du droit)
2-3 Saki KUMAGAI 88′ (Centre de Cayman depuis la droite, le ballon dévié par Sembrant au premier poteau, récupéré par Malard à l’angle des 5,5m dos au but, elle trouve Kumagai qui arrive face au but à 9 m qui conclut en taclant du gauche)
Avertissements : Barbara Bonansea 29′, Arianna Caruso 44′ pour la Juventus ; Kadeisha Buchanan 5′ pour Lyon
Juventus : Laura Giuliani ; 2-Tuija Hyyrynen, 3-Sara Gama (cap.), 32-Linda Sembrant, 13-Lisa Boattin ; 11-Barbara Bonansea (20-Maria Aparecida Souza Alves 74′), 4-Aurora Galli, 21-Arianna Caruso, 7-Valentina Cernoia, 17-Lina Hurtig (8-Martina Rosucci 84′) ; 10-Cristiana Girelli (9-Andrea Stašková 65′). Entr.: Maria Rita Guarino
Non utilisées : 42-Doris Bačić, 46-Sabrina Tasselli, 5-Dalia Ippolito, 12-Matilde Lundorf Skovsen, 19-Annahita Zamanian, 23-Cecilia Salvai, 26-Sara Caiazzo, 33-Michela Giordano, 99-Alice Ilaria Berti
Lyon : 16-Sarah Bouhaddi ; 12-Ellie Carpenter, 21-Kadeisha Buchanan, 3-Wendie Renard (cap.), 26-Sakina Karchaoui (24-Jodie Taylor 87′) ; 5-Saki Kumagai, 10-Dzsenifer Marozsán, 8-Sara Björk Gunnarsdottir (6-Amandine Henry 57′) ; 20-Delphine Cascarino (23-Janice Cayman 57′), 17-Nikita Parris (28-Melvine Malard 57′), 7-Amel Majri (4-Selma Bacha 77′). Entr.: Jean-Luc Vasseur
Non utilisées : 1-Lola Gallardo, 40-Katriina Talaslahti, 18-Alice Sombath, 22-Sally Julini, 27-Vicki Becho