D1FArkema – saison 2020-2021. Dijon Côte d’Or. Comme de nombreuses équipes, l’objectif est le maintien. Pour cela, deux cartes ont été jouées par Yannick Chandioux, le manager et coach du DFCO : un renforcement offensif et l’entrée de jeunes joueuses en D1FArkema
1er Septembre 2020
Auteur : William Commegrain
Une troisième saison en D1F, celle de la confirmation pour le club bourguignon. Coup d’oeil sur la stratégie mise en place pour réussir le maintien du côté de Dijon.
Yannick Chandioux, 45 ans, le dit assez rapidement dans son propos : « il n’a que deux saisons dans le football féminin de l’élite » mais, au fil de nos échanges, on sent qu’il a une idée précise sur son environnement, aidée par ses années de footballeur professionnel, sans qu’elle soit un « copié-collé » de deux mondes qui se côtoient tout en étant différent.
Formation-Préformation
La réalité dijonnaise est claire. Avec plusieurs saisons en D2F (11), un travail conséquent a pu être fait en formation et pré-formation dans un environnement de recrutement sans concurrence, compte tenu des règles fédérales qui limitent les interventions de chaque club pour intégrer des jeunes, pas trop loin de leur domicile parental. « On se touche des fois avec l’Olympique Lyonnais, mais cela reste ponctuel et dans une bonne entente générale ».
Une politique devenu un objectif, qui amène à voir apparaître en D1FArkema, comme pour de nombreux autres clubs, des jeunes « qu’il faut installer dans le groupe et à terme, les voir devenir des joueuses importantes de l’effectif. »
Sur un groupe de 23, gardiennes comprises (3), le coach dijonnais compte « cinq à sept étudiantes, pour 15 à 16 contrats temps plein et un cas d’exercice professionnel avec Ophélie Cuynet, professeur EPS dans le civil ».
Une politique de formation qui a imposé un recrutement offensif pour ce cycle, en renouveau, avec les arrêts (voir photo) d’Elise Bussaglia et Laure Bouillot comme aux changements de projet pour Emelyne Mainguy et Tatiana Solanet. Des départs, bien intégrés : « j’avais une volonté de renouveler pour ne pas s’installer dans un confort et apporter de la nouveauté dans le groupe. » Cinq à six départs pour autant d’arrivées. Un classique dans la D1F, inquiétant toujours les pessimistes, revigorés par le cours de la saison, dans l’attente de s’inquiéter la saison suivante.
Elise Bussaglia partie, Dijon ouvre la porte à ce nouveaux leaders d’expérience et de jeu.
Il reste qu’Elise Bussaglia a beaucoup apporté au groupe qui venait juste de monter en D1F. Dans le groupe de la Coupe du Monde 2019, titulaire le long du parcours des joueuses de Corinne Diacre, la milieu de terrain aux 192 sélections, « a été un exemple chez nous, jusqu’aux derniers instants, elle a été très professionnelle. »
Un jeune club ne reprend pas une saison de la même manière quand une telle joueuse le quitte. Est-ce un poids en plus ? « A l’évidence, elle va manquer au groupe. Dans un groupe équilibré entre l’expérience et la jeunesse par rapport à nos moyens, Solène Barbance, Rose Lavaud, Salma Amani, Désirée Opéranozie comme Ophélie Cuynet doivent prendre les choses en mains et s’exprimer comme des joueuses leaders. Des joueuses à 70 matches en D1F. On va s’appuyer sur elles, et on attend cela d’elles. «
Yannick Chandioux, coach du Dijon FCO féminin depuis 2017 après avoir coach à Montceau de 2003 à 2017
Photographie @Dijon FCO
Un recrutement offensif de qualité pour la D1F
Des jeunes en formations, des joueuses cadres dans un format au 2/3 fait de joueuses sous contrat à temps plein ; Dijon regarde vers le maintien avec deux forces offensives connues et remarquées en D1FArkema. « Salma Amani (31 ans; Issy FF et Guingamp) et Désirée Oparanozie (27 ans, capitaine du Nigéria, Guingamp) se connaissent bien (NDLR, elles ont joué ensemble deux saisons) maintenant, il faut que la mayonnaise prenne. Aux quelles, il faut rajouter Mylaine Tarrieu (25 ans, 3 années à Bordeaux, formée à l’OL pendant 8 ans). »
Quand on rappelle à Yannick les bons débuts dans les matches de préparation du secteur offensif, il relativise à raison les résultats d’avant-saison : « Il faut faire attention à ces résultats. Les adversaires peuvent être en retard sur leur préparation. Les matchs d’avant-saison sont les lieux privilégiés de rotation. On a joué aussi une équipe de D2F. Je reste prudent. Effectivement, on a marqué quelques buts maintenant la seule confirmation reste la compétition. »
Ce championnat est un peu la guerre.
Une compétition qui démarre le 5 septembre face à Soyaux, un candidat au maintien dans un championnat qui est fait au 2/3 d’équipes très proches, pouvant descendre sur des détails. Plus ou moins 2 points. Ce championnat est un peu la guerre.
Comment se fixer des objectifs sur une saison autre que les 3 points de chaque week-end, qu’on récolte pas si souvent ?
Le rôle inattendu du Paris FC pour une partie du championnat.
Le coach bourguignon n’est pas loin d’adhérer à mon constat. Le Paris FC a comme objectif d’être dans le Top 4 du championnat, voire 3e pour obtenir la nouvelle 3e place européenne mise en jeu ; il est pour les sept autres clubs, un point de mire à battre. « Si on veut avancer et progresser, on doit égaler et copier les clubs historiques. Cela peut-être un objectif d’autant que nous en sommes un peu loin avec nos défaites face aux parisiennes. Des victoires et une meilleure place montrerait nos avancées ».
Une performance devenu une référence face à l’OL qui donne corps à un public inattendu pour la D1F.
Dijon est le club de référence qui a bousculé l’OL devenu 7 fois championnes d’Europe ce 31 Août dernier, avec un (0-0) en championnat 2019-2020 et une élimination dans le dernier 1/4 heure de la Coupe de France (0-2). Un public fidèle, quasiment 3e de la D1F,pour lequel Yannick Chandioux souhaite « un meilleur jeu, plus attractif cette saison » et dont il explique le volume par un début en D1F prometteur en 2018-2019 face à Montpellier, qui a enclenché une sympathie, encore plus développé, après le match face à l’OL la saison suivante : « Ils étaient 5.000. 90% étaient pour Lyon au début de la rencontre ; à la fin, 90% étaient pour nous ! »
Dijon, un club féminin de la D1F qui espère y rester tout en sachant qu’il y a beaucoup de candidats avec la même légitimité. Très intéressé par une augmentation du nombre de clubs dans cette division d’élite, Yannick Chandrioux reste focus sur cette saison avec deux particularités.
Speak French when you come to Dijon.
La première. A la différence de ses collègues, il n’est pas très convaincu de la force des étrangères dans une équipe. Une nouvelle tendance de la D1F au quelle le club bourguignon n’a pas répondu : « Elles ne sont pas nécessairement moins chers que les françaises, ni plus travailleuses. Il faut voir joueuse par joueuse plutôt que de traiter le cas par nationalité ». Si on considère les années passées par Désirée Oparanozie en France (6), la double nationalité française et marocaine de Salma Amani et Elodie Nakkach, les cinq années en France de Genessee Daughetee, les étrangères se résument à une ou deux joueuses, laissant des places aux jeunes pousses bourguignonnes. Un constat logique tant il est impossible de donner du temps de jeu à des jeunes et recruter à l’extérieur.
Concurrence au poste de gardienne entre Mylène Chavas et Maryne Gignoux.
Il restera un dernier point à échanger pour avoir un profil du DFCO. Il concerne le poste de gardienne. Entre Mylène Chavas (22 ans) et Maryne Gignoux (24 ans). Qui jouera ? La réponse du coach est claire « Ce sera la concurrence. La première saison dijonnaise avec Mylène, -espoir du football féminin- on avait établi un partage qui faisait faire des séries à l’une et l’autre. Emelyne Mainguy à l’époque. La seconde année, on a choisi la concurrence ce qui a permis à Mylène de s’améliorer en confiance et dans le jeu au pied comme aérien. Cette saison, on fera de même. Maryne soit avoir 70 matches de D1F. Mylène, un peu moins, (36) mais c’est un grand espoir qui -dans un temps à venir- postulera à l’Equipe de France A. Elle a une petite préférence du fait qu’elle est avec nous depuis deux ans, mais la concurrence décidera. »
Une décision qui n’est pas neutre dans une équipe appelée à défendre son maintien. « En effet, on attend quelques points apportés par la prestation de nos deux gardiennes, terminant ; -pour ce poste de gardienne- mieux vaut être dans un petit club que dans une grosse écurie sans avoir la possibilité de montrer son talent »
Quant à la question de l’avenir de Mylène Chavas, Yannick Chandrioux affirme sans souci : « Si, certaines joueuses ont du mal à confirmer après des sélections nombreuses chez les jeunes ; je n’ai aucun doute sur le fait que Mylène Chavas est -sera- une prétendante aux numéros 1,2 et 3 de l’Equipe de France A. »
Dijon, leader féminin bourguignon, un des clubs de la D1FArkema -comme la moitié peuvent prendre- (Guingamp, Reims, Le Havre, Soyaux, Fleury, Issy FF) qui commence la saison en espérant ne jamais voir ce fil rouge de la descente que tous peuvent prendre.
Têtes bien baissées devant, des équipes « à sourire de bonheur » quand les points s’engrangeront.
William Commegrain. Lesfeminines.fr0Ln
« Dijon, investi sur l’offensive pour ne pas toucher le fil rouge de la descente, dans un championnat qui se joue à 2-3 points près. «