L’AS Nancy Lorraine, club professionnel de la Ligue 2, confronté initialement à une situation difficile que le Covid-19 n’a pas amélioré, a pris une décision rationnelle. En suspension de négociation pour la vente du club depuis le 16 mats 2020 auprès du groupe City Football Group ; les instance du club ont décidé de mettre fin à la professionnalisation de la section féminine.
La section féminine avait pris un nouvel élan avec l’accès en D2F en 2014, un recrutement d’internationales comme Christine Manie, Marlyse Ngo Ndoumbouk, Francine Zouga ou Céline Deville et la jeune Nadjam Ali Nadjim (1 sélection avec Corinne Diacre). Des choix qui ont permis au club lorrain d’enchaîner de bons résultats en D2 (5e, 4e, 7e, 3e, 9e, 5e).
Fini les contrats, fini également les dédommagements kilométriques pour les joueuses. En d’autres termes, l’ASNL arrête d’investir dans sa section féminine.
Le Président Jacques Rousselot s’exprimant ainsi sur France Bleu : « Je dois chercher des ressources et des moyens en attendant, et Dieu sait que ce n’est pas facile en ce moment ! ». Du côté de la Fédération, le retour dans les caisses de chaque club pour la D2F s’élève à 5.000 €, une revalorisation des frais de déplacements et un retour de 10 € par licencié.
C’est correct dans le cadre d’un budget national d’une fédération. Cela renvoie néanmoins, chaque club, à ses moyens personnels pour maintenir une équipe rémunérée. Moyens en baisse avec la situation actuelle.
La jeunesse nancéienne va devoir reprendre le flambeau, à l’image de Laurine Hannequin (capitaine de l’Equipe de France U17F) malgré une quatrième place en championnat national U19F. Il faudra aller chercher du local auprès du FC Metz, Vendenheim, Esap Metz pour jouer un maintien.
La situation économique du football est claire. Jacques Rousselot évalue la perte du football français autour de 500 à 700 millions d’euros comprenant les droits TV, les partenaires, les abonnés et les moins-value sur les possibilités de transfert dans un univers inconnu. Transfert, source essentielle des revenus des clubs professionnels.
L’ASNL fait tomber le rideau sur le football « professionnel », mais elle ne le fait pas sur le football féminin. Il y aura toujours des joueuses, sauf que l’idée n’est pas de payer pour les maintenir à un niveau mais de laisser le sport décider du niveau où elles joueront.
Les 6 millions d’euros sortent de la poche des clubs de Ligue 1 pour aller dans celle du syndicat qu’ils ont crée pour le football féminin.
Quand on sait cela, on comprend la réalité de la position de Laurent Nicollin qui rappelle à qui veut l’entendre ou le comprendre, que le football féminin supporté par tous les clubs professionnels actuellement ne ramène que 80.000 € avec le naming de la D1FArkema, pour des budgets proches de 2.000.000 euros sans retour réel d’image et surtout de revenus.
Quand on sait en plus que la tendance aujourd’hui est de créer des structures de formation pour pallier à celles des Pôles Espoirs pris en charge par la FFF, on comprend mieux que les 6 millions de budget donné par les clubs professionnels de LIgue 1 au football féminin soit prévus pour compenser des frais excessifs, remis en cause encore plus avec le Covid-19.
D’ailleurs Laurent Nicollin y tient avec ferveur et certainement entêtement. Il connait bien l’environnement du football féminin et il s’est bien gardé de laisser cette somme être gérée par la fédération. C’est une convention avec l’Association de Football Professionnel Féminin crée par l’Association des Présidents de clubs Professionnels de football, Première Ligue, et l’Union des Clubs Professionnels de Football qui a délégué une partie de ses droits TV aux football féminin des sections féminines professionnelles.
Ce qu’il est à noter, c’est la position finale du Président de Fleury FC 91. Apprenant la situation, certainement pas au fait de sa construction et terminant son allocution au Parisien par la menace d’une procédure judiciaire.
Le futur du football français, c’est la future judiciarisation dès les premiers mots, des positions contradictoires. Le football se complique considérablement et il demande maintenant, comme dans les activités économiques, de s’éloigner du buzz, de connaître l’environnement, pour prendre de la réflexion.
William Commegrain Lesfeminines.fr
Sources : le Mag-sport/France Bleu Lorraine.