Les joueuses, actrices du jeu. Sans elle, rien ne vaut. Sont-elles si différentes de leurs aînées ? Seules, dans des stades aux balustrades de béton armés, morceau rectangulaire cloisonné entre des fumées de cheminées pavillonnaires. Ignorées les dimanche à 15h00 quand les repas de famille s’étiolent, et pourtant si compétitrices. A jamais, footballeuses.

A défendre un orgueil, une envie de gagner, d’exister dans ce sport qu’elles partageaient avec d’autres. Plutôt rares. A ne jamais se poser la question « pourquoi étaient-elles sur ce terrain ? » puisqu’elles savaient que c’était tout simplement leurs vies, leurs moments, leurs talents.

Le vieux iconoclaste Olivier de Kersauson, marin breton parti vivre là où l’horizon est si bleu que ses yeux semblent briller de mille feux, répond à la question : « pourquoi avoir été marin ? » « Car c’était mon talent. »

Dans un temps qui ne sera pas si loin, les joueuses répondront -plus ou moins- qu’elles courent après l’argent et depuis peu se frottent à la lumière de la renommée octroyée par les médias.

Il reste que sur le terrain, on voit des performances rares. Sur cette journée, il serait logique que certains arrivent à écrire à quel point Christiane Endler, gardienne du PSG et capitaine chilienne, a réalisé un match extraordinaire. 28 ans, 1m82. Elle est allée chercher dans tous les coins de ses buts, des 7m32 de largeur aux 2m44 de hauteur, les balles lyonnaises.

Un coup franc cadré d’Amel Majri pour la hauteur. Incroyable. Un tir en coin de Delphine Cascarino pour la longueur. Des duels remportés, se frottant à Ada Hegerberg. La chilienne de 28 ans, déjà superbe face aux USA en Coupe du Monde au Stade des Princes, a un mental d’enfer.

Plus l’enjeu est fort, plus elle est forte. Au parc devant 45.000 spectateurs un dimanche en fin de soirée. Au Groupama devant plus de 30.000 spectateurs.

Pourquoi les footeux ne reconnaissent pas les qualités de leurs adversaires ?

Ce qui est dommage avec le football, c’est que la performance adverse n’est jamais reconnue. Saluée. Il y a une forme de bêtise intellectuelle qui fait dire que rien ne peut être plus fort que son équipe. Une attitude que éloigne les footeux des sportifs et de leurs castes. Les autres aiment à reconnaître la puissance de l’adversaire, pour mieux le titiller.

Amel Majri est restée dans les bras de son équipe. Et il en a été de même pour les parisiennes qui auraient pu saluer la prestation incroyable de Saki Kumagaï. D’abord son jeu offensif a été d’une précision extraordinaire. Des passes longues dans les pieds qui ont manqué aux parisiennes d’ailleurs. Puis cette tête qui a impressionné tous ceux qui l’on vu en direct comme en replay. Le seul but de la partie.

Une performance qui a donné le sourire et fait plaisir à tous ceux qui ont joué sous les couleurs lyonnaises. Une fille comme Saki, tout le monde l’apprécie.

Aucune parisienne pour saluer sa performance.

Une des seules joueuses que j’ai entendu parler en « qualités » de la prestation de son adversaire. C’était Gaetane Thiney au temps où Juvisy pouvait bousculer Lyon. Elle avait eu ces quelques mots pour justifier une défaite (0-4) à domicile sous la pluie : « Il y avait Lotta Schelin ».

Du match lyonnais, Christiane Endler et Saki Kumagai devront être nos souvenirs de cette rencontre.

Sur la journée, comment ne pas mettre en valeur le nouveau but de Marina Makenza (Fleury FC). La joueuse de 28 ans, buteuse seulement à quatre reprises dans les quatre dernières saisons (Nîmes et Paris Fc), trouvant les filets à quatre reprises déjà pour la 9e journée, au club voisin de Fleury, séparé de six kilomètres au maximum.

En matière de performance ponctuelle, il va falloir ranger dans le tiroir à émotions le tir de quarante mètres de Désirée Oparanozie, internationale et capitaine du Nigéria, bretonne de coeur, lobant sans merci, Camille Pecherman (Paris FC), avancée et surprise ou surprise et avancée.

Pour Montpellier, Valérie Gauvin met fin à sa période de disette. Un régime que la réunionnaise a appris à apprivoiser. Deux buts contre l’Olympique de Marseille, des buts en équipe de France. Une fille entêtée à qui le respect doit être donné. Montpellier qui cache une Lena Petermann, un septième but sur neuf journées.

Justine Lerond a du talent. Elle doit juste maitriser son émotion. La gardienne messine va trop au combat. Shaw s’offre un doublé et Claire Lavogez termine un quatre zéros fait d’initiatives offensives collectives. Une balade.

La costaricienne Herrera sauve une seconde fois le Stade de Reims (0-1) alors qu’Elise Bussaglia marque son deuxième pénalty en deux journées, offrant l’égalité aux dijonnaises.