Que reste-t-il de ce premier match de rentrée face à l’Espagne quelques jours plus tard ? Tout d’abord, sur le plan collectif, une prestation aboutie des Bleues quand bien même la première mi-temps a été partagées avec la Roja, 13e équipe FIFA, qui a la qualité de tenir le ballon, mais le défaut de ne produire aucune occasion franche.
La défense des Bleues a été bousculée par le jeu à une touche espagnole dans les 30 premières minutes mais Sarah Bouhaddi n’a eu qu’un seul arrêt significatif à réaliser en fin de période sur un tir de loin ! Alors, c’est exact, les Bleues n’ont pas dominé toute la rencontre mais elles ont maitrisé le match. Au-delà de ce qui se fait en Ligue 2 masculine qui est, à mon avis, la base de l’Equipe de France de Corinne Diacre, habituée à des temps forts ponctuels et un jeu latéral d’attente.
On était bien dans un football féminin qui part vite dans la verticalité avec l’audace sollicitée par Corinne Diacre, si difficile à obtenir quand on a demandé à des joueuses de respecter des plans de jeu structurés, bloquant d’abord psychologiquement, celle liberté qui précède l’audace du football féminin.
Dans ce cadre d’audace, Sakina Karchoui est un vrai bonheur à voir jouer quand elle évolue à ce niveau là, face à un adversaire qui le lui permet. La joueuse montpelliéraine, après quinze minutes de difficultés, a envoyé des contres qui ont perforé les lignes, ouvrant devant elle, l’avenue des Champs Elysées, sans aucun gilets jaunes pour l’arrêter.
De fait, les coéquipières d’Irène Parades commencent à descendre vers leur but, ce qui n’est jamais très bon signe. Eugènie Le Sommer prend de la vitesse et Célia Jiménez, nous montre les limites du football féminin quand il n’est pas au niveau de l’opposition. De la bonne volonté, mais pas assez de qualités techniques.
Diani à droite percute comme une joueuse de rugby. Semblant postuler pour un poste dans l’équipe masculine lors des prochains championnats du monde au Japon. Une puissance qui n’a pas de concurrence sur la scène mondiale aujourd’hui. Dans un 4-2-3-1 français, les espagnoles arrivent à glisser entre les lignes, mais prennent les vagues françaises depuis la 30e minute.
Elles ne reviendront plus dans le jeu, d’autant qu’au retour des vestiaires, Corinne Diacre replacera la vitesse d’Eugènie Le Sommer au centre, en remplacement de la qualité de passes de Gaetane Thiney. Une nouvelle animation qui profitera de la fatigue de la 13e FIFA, en préparation de l’ouverture de son championnat, et donnera le match aux Bleues, dominatrices et vives dans ce second acte, totalement perdu par la Roja.
Un premier but des Bleues (27′) qui est un bonheur de chance mais aussi de maitrise d’Eugènie Le Sommer. Il restera un certain temps dans l’esprit de Panos, la gardienne du FC Barcelone. Un premier centre de Sakina Karchaoui qui touche le poteau extérieur. La balle qui revient sur Diani. Une tentative de lob de la parisienne, sans risque mais que la gardienne espagnole repousse sur le plat du pied d’Eugènie Le Sommer.
La bretonne ne rate pas la cible pour son 77e but en Bleue. Transversale, pourtant. But entrant qui terminera sur le poteau extérieur des espagnoles. Une bille de billard, pour un but de réconciliation ? Ou tout simplement, le travail fait et bien fait.
Le second but français sera la suite de jeu en profondeur des Bleues, après une première tentative de Diani bien stoppée par Panos, mais qui ne pourra rien face à la maitrise technique de Delphine Cascarino, servie en jeu long par Wendie Renard. Une véritable flèche sur le côté droit de l’attaque Bleue, très dangereuse quand elle pique vers les buts.
Amel Majri entrante à la mi-temps a pris, pour la première fois, une place sur le côté gauche, formant un duo intéressant avec Sakina Karchaoui, même si ces cinq centres consécutifs n’ont pu trouver preneurs. Un système qui mettrait Eugènie Le Sommer en concurrence dès lors que Gaetane Thiney reste sur le pitch. A noter qu’Aissatou Tounkara, a réaliser une excellente prestation au centre de la défense, pour une entrée à la 46′. La joueuse madrilène a pris de la confiance et des certitudes, titulaire en Espagne.
Des Bleues qui ont fait le travail mais dont on sait que cela ne signifie rien en compétition. Peut-être du fait des Bleues mais aussi, et ce serait une erreur de ne pas le retenir, du fait que les adversaires des Bleues, en amical, ne joue jamais pour gagner le match. On voit nettement la différence de jeu avec un match de compétition.
C’est une grande difficulté du football féminin. Impossible de savoir à l’avance le niveau de son équipe, faute de réelles oppositions. Il va falloir penser à d’autres compétitions.
L »Espagne, pour être dangereuse, devra trouver des attaquantes. Sinon, elle se condamne au pied du Top 10. Mais rarement au-delà.
William Commegrain Lesfeminines.fr
PS : en plein travaux pour mon fils depuis trois semaines. Un paire de lunette de cassés. L’explication du silence des écrits.