Une première mi-temps axée sur la rigueur défensive
L’annonce avait fait du bruit. Attendue par certains, Gaetane Thiney était sur le banc quand l’équipe de France s’alignait dans un 4-4-2 sans meneuse, Viviane Asseyi présente devant à côté de Valérie Gauvin.
Une première mi-temps qui ne laissera pas de grand souvenir sur le plan émotionnel. Corinne Diacre, pleine de justice : « j’aurais aimé qu’on joue plus, notamment en première période ». Un combat où chacune des deux équipes cherchent à ne pas subir la force de l’autre. La défense brésilienne, supposée faible a une attention toute particulière sur la tête de Wendie Renard (4′ et 6′) et Barbara nous montre la qualité d’intervention de ses mains. Amel Majri et Eugénie Le Sommer n’arrivent pas à passer à gauche, le feu français devra se transposer à droite.
Du côté offensif brésilien, les françaises sont au fait. Cristiane est marquée par Wendie Renard dans le jeu et elle aura affaire à Griedge M’Bock sur les coups de pieds arrêtés (7′). La défense sera prise à défaut à de rares occasions, notamment sur un tir de Debinha (15′) mais Sarah Bouhaddi, comme son acolyte brésilienne, est tout à fait dans le match.
Gaetane Thiney dans la zone mixte : « On a eu du mal à avoir à avoir des occasions comme aux premiers matches ». Il faudra un but sur une charge de Gauvin, refusée logiquement par la VAR pour que le match commence à prendre des couleurs émotionnelles (23′). Les Bleues n’arrivent cependant pas à imprégner leur jeu, ce qui donne de la force aux possibilités brésiliennes de s’exprimer. Cristiane (38′) fera parler sa qualité avec une tête bien maitrisée par Bouhaddi, à l’ouvrage à la 44′.
La seule occasion française viendra d’une récupération d’Elise Bussaglia qui sert Amel Majri, seule mais qui termine cette action par un tir trop enlevé (45’+3).
Le Brésil semble plutôt content de ce résultat et la France navigue entre les deux sentiments. Wendie Renard dira plus tard : « En première période, on n’a pas joué du tout. Le ballon nous brûlait les pieds. À ce niveau-là, quand on ne fait pas trois passes, c’est difficile de déséquilibrer l’adversaire. »
Diani propulse la 2e mi-temps.
Les Bleues vont revenir avec plus d’intentions. Sarah Bouhaddi, gardienne d’expérience, le confirme en zone mixte : « on s’est dit qu’il ne fallait pas sortir avec des regrets et donner le maximum ». Corinne Diacre intervient et règle quelques soucis : « On n’a pas aligné trois passes, c’est ce que je leur ai dit à la mi-temps. Je leur ai demandé de se libérer, de jouer tout simplement, de prendre du plaisir à jouer parce qu’elles se mettaient une telle pression qu’on en oubliait complètement les fondamentaux. En face on avait aussi une très belle équipe, donc je leur ai demandé d’être un peu plus patientes, de conserver un peu plus le ballon, de prendre le temps, et puis aussi d’être plus efficaces puisqu’en première période on a eu des situations. Il fallait plus de maîtrise, ce qu’on a eu en deuxième période »
Viviane Asseyi perce la muraille brésilienne mais Eugènie Le Sommer, pas chanceuse dans la partie sur le plan offensif, sort son tir extérieur. Partie du côté droit, Kadidiatou Diani s’enroule pour la deuxième fois sur Tamires pour finir bord de ligne et voir Valérie Gauvin, telle un fauve, se jeter sur cette balle avant tout le monde (52′, 1-0).
Les brésiliennes prennent un coup. Cristiane essaie de créer le doute avec une superbe tête que Sarah Bouhaddi renverse sur la transversale (55′). L’égalisation viendra d’un centre de Beatriz, repoussée que Thaïsa reprendra en 2e rideau (63′, 1-1).
Le combat est intense avec des opportunités qu’aucune des deux équipes n’arrivent à transformer en occasions.
Griedge MBock et Amandine Henry sauvent la France dans les prolongations.
Il fallait que le match se décide sur des détails. Le premier viendra du Brésil qui verra Cristiane, étendue au milieu du terrain, blessée et définitivement sortie. La second sera un sauvetage incroyable de Griedge MBock sur une pénétration de Débinha que la lyonnaise sortira alors que le but l’attendait. Un duel raconté par Sarah Bouhaddi en zone mixte : « c’est un débordement de Debinha. Elle réussit à se mettre sur son pied droit. J’essaye de me mettre en contre face à elle. Peut-être que cela a permis à Griedge de revenir à block et de sauver ce ballon sur la ligne. C’est comme un arrêt, un exploit. C’est un moment fort du match ».
Mais le 3e, le plus beau sera celui d’Amandine henry sur un coup franc d’Amel Majri. Une détermination et un contrôle incroyable qui finira au fond des filets. Un but salvateur que l’équipe entière défendra jusqu’à la dernière seconde du match.
Cette équipe de France a du coeur, elle n’abdique jamais ! Toutes les joueuses qui sont entrée ont apporté au contraire du Brésil. Eugènie Le Sommer, pas très heureuse dans ses tentatives, excellente dans son jeu défensif, résumera ainsi la prestation collective du groupe et le lien avec le public : « Ce soir, ça a été une victoire au mental. Malgré la fatigue, il fallait rester lucides et continuer à pousser pour marquer ce deuxième but. Tout le monde y a cru, on n’a pas été abattues et on a réussi à le faire avec l’appui du public. Ça fait vraiment chaud au coeur. Si on n’avait pas joué à la maison, ça aurait peut-être été plus difficile ».
A la fin, ce sont les Bleues qui vont regarder tranquillement USA-Espagne pour connaître leur adversaire en quart. Gaetane Thiney : « On a eu du mal à avoir à avoir des occasions comme aux premiers matches. Mais si on fait que des matches difficiles que l’on gagne, à la fin on soulèvera la Coupe avec le sourire. »
Vadao, le coach brésilien, résumera ainsi ce 1/8é : « Nous avions devant un grand défi, nous n’étions peut-être pas prêtes physiquement pour jouer aussi longtemps. Nous avons perdu des joueuses sur blessures depuis le début de la préparation et pendant la coupe du monde, nous avons eu des problèmes qui ont échappé à notre contrôle. Je pense que nous avons bien joué aujourd’hui. Mais la France a réussi à marquer un but de plus. Nous avons essayé d’attaquer autant que possible mais la France a contré nos plans. Nous n’avons pas de regrets, bien au contraire, nous avons fait tout ce que nous avons pu. Les joueuses voulaient continuer mais ça n’a pas été possible. Nous avons fait un bon match de manière générale. »
1/8e de finale. France (2-1) Brésil. Stade Océane. Le Havre. Arbitres : Beaudoin (Can). Assistantes : Brown (Jam), Yee Sing (jam). VAR Irrati massimiliano. Cartons : Renard (36′), Tamires (45’+2), Formiga 71′, Beatriz (82′). Kathellen (102′). 23.965 spectateurs.
- 52′ (1-0) Valérie Gauvin se jette sur un centre de kadidiatou Diani.
- 63′ (1-1) Thaïsa bénéficie d’un ballon en second rideau et marque.
- 107′ (2-1) Amandine henry sur un superbe coup franc d’Amel Majri.
France : Bouhaddi – Torrent (109′ Torrent), M’Bock, Renard, Majri (118′ Karchaoui)- Diani, Henry (cap), Bussaglia, Le Sommer – Gauvin (90’+3, Cascarino), Asseyi (81′ Thiney). Coach : Corinne Diacre.
Brésil : Barbara – Santos (Daiane, 89′), Kathellen, Monica, Tamires – Formiga (75′ Andressinha), Thaisa, Marta – Ludmila (71′, Beatriz), Cristiane (96′, Debinha), Debinha. Coach : Vadao.