La liste officielle des 554 joueuses du Mondial a été communiquée par la FIFA. L’occasion de faire le décompte des joueuses internationales étrangères qui joueront -en quelque sorte- à la maison.
Un décompte qui met en avant les canadiennes (3), passant devant les habituelles suédoises, allemandes et brésiliennes. Habituées de notre championnat par le passé. Ce seront pourtant les Lionnes indomptables du Cameroun qui seront le moins dépaysées par la baguette et le croissant français. On en compte pas moins de huit choisis pour ce Mondial, dont la plupart évolue en D2F.
Au bilan, la France, quatrième nation d’accueil dans ce mondial après les USA si on compte les universitaires (49), puis l’Espagne avec les chiliennes et les argentines (32), l’Angleterre avec l’Ecosse (27).
La question fait souvent débat. Si on additionne les étrangères non sélectionnées et celles dont les pays n’ont pas été qualifiées, on trouve une bonne cinquantaine soit 25% d’une journée de championnat. Certains pays ont « fermé leur frontière » afin que les jeunes puissent jouer dans un sport où la pratique fait passer les joueuses au niveau international, déjà bloqués par des clubs qui monopolisent les qualifications européennes.
D’autres ouvrent mais protègent leurs élites en les garantissant d’un club et d’une titularisation. Aujourd’hui, la tendance relevée dans cette liste de 554 joueuses, « toutes à la maison ». Critère qui dépend aussi de la qualité du championnat.
L’objectif de la sélection n’est pas nécessairement celui des clubs. En D1F, aucun club ne peut se maintenir sans étrangère. Et l’Olympique Lyonnais comme le Paris Saint Germain ne pourrait conquérir l’Europe ou tenter de le faire sans une présence significative de titulaires étrangères.
Le niveau d’une nation ne dépend pas uniquement de sa notoriété passée, il faut aussi regarder la formation des joueuses et leur niveau habituel d’expression (club et championnat).
Il faudra voir, pour ce Mondial, quel est le bon équilibre de la réussite ? Entre championnat national et championnat étranger pour l’équilibre d’une équipe et sa performance.
24 mondialistes en plus des Bleues, vont jouer ce Mondial 2019 à la « maison »
Aucune surprise en constatant que l’Olympique Lyonnais mène la danse.
- Olympique Lyonnais (7) : Shanice Van de Sanden (Pays-bas), Saki Kumagai (Japon), Dzsenifer Marozsan (Allemagne), Caroline Simon (Allemagne), Lucy Bronze (Angleterre), Kadeisha Buchanan (Canada), Sole JAIMES (Argentine)
- Paris Saint Germain (6) : Hanna Glass (Suède), Irène Parédès (Espagne), Wang Shuang (Chine), Christiane Endler (Chili), Ashley Lawrence (Canada), Formiga (Brésil)
- Montpellier (4) : Sofia Jakobsson (Suède), Linda Sembrant (Suède), Virginia Torrecilla (Espagne), Anouk Dekker (Pays-bas)
- Paris Fc (2) : Rebecca Quinn (Canada), Michaela ABAM (Cameroun)
- EA Guingamp (2) : Desire Oparanozie (Nigéria), Claudine MEFFOMETOU (Cameroun)
- Girondins de Bordeaux (2) : Erin Nayler (Nouvelle-Zélande), KATHELLEN (Brésil)
- Dijon (1) : Aurelle AWONA (Cameroun)
- Nancy D2F (2) : Christine Manie (Cameroun), Marlyse NGO NDOUMBOUK (Cameroun)
- ASPV Strasbourg D2F (1) : Yvonne Leuko (Cameroun)
- Ambilly D2F (1) : Madeleine NGONO MANI (Cameroun)
- Saint-Malo D2F (1) : Jeannette YANGO (Cameroun)
La D2F n’est pas exempte avec 5 joueuses au Mondial, toutes camerounaises. La nation évoluant en France avec pas moins de huit camerounaises dans les 23 des Lionnes Indomptables dont l’habituelle meilleure buteuse de la D2F des saisons passées, Marlyse Ngo Ndoumbouk.
Les USA, formateurs du football féminin mondial. 49 mondialistes en plus des 23 américaines.
On remarquera que les USA sont la seule nation à ne pas avoir de joueuses évoluant à l’étranger. Une politique qui a démarré en 2013, obligeant les joueuses à rentrer au pays. L’argument étant qu’elles sont ainsi disponibles pour Jill Ellis à tout moment et surtout en dehors des seules périodes FIFA. Les américaines se retrouvant très souvent en stage, jouant assez souvent dans la semaine.
Une politique très suivie dans le monde asiatique, Chine, Japon, Corée du Sud à l’exception de rares billets de sortie.
A l’inverse, le football américain est très importateur de joueuses étrangères. Quitte à générer un infarctus à son Président, Donald Trump. Quarante-neuf joueuses du Mondial parlent USA, en plus des 23 américaines. Il ne faut pas y voir que des clubs professionnels mais plutôt ceux universitaires. Les Etats-Unis étant toujours le pays qui accueille le mieux les sportifs universitaires.
Il ne fait pas oublier que si la vieille Europe rêve d’un football professionnel, à l’image de celui masculin, les américaines n’ont pas le même exemple et de l’autre côté de l’atlantique, le message est clair. Diplôme et football.
A ce titre la jeune Jessie Fleming, jeune star du football outre-atlantique, pointe à l’UCLA. La Jamaïque, aura par exemple pas moins de dix joueuses qui pourraient se lever au son de la Bannière étoilée. Les reggaes girls ne sont pas très reggae puisqu’aucune ne joue dans l’Île des Caraïbes. On en trouve trois en Italie et même une en Hongrie ! Même la Thaïlande s’y met (2) mais les principales sont les canadiennes (13) et australiennes (13).
Les autres pays d’accueil, l’Espagne, l’Angleterre,
Corinne Diacre ne manque pas de le dire en « reprochant » l »excès d’étrangères en France limitant la montée des jeunes au plus haut niveau. A quelques unités près d’erreurs, l’Espagne est bien plus haut avec 32 joueuses mondialistes étrangères dans leur championnat. Chiffre à relativiser puisqu’elles jouent à 16 équipes quand les autres sont à 12 et que dans ce chiffre, il fait compter les affinités de langue. 10 chiliennes évoluent dans la Liga Iberdrola ainsi que 8 argentines.
A l’inverse, le tout nouveau championnat professionnel anglais, fait de 11 clubs et qui s’appellera la saison 2020, Barclay’s FA WSL reçoit 15 mondialistes étrangères. Chiffre que l’on peut porter à 27 en y intégrant l’Ecosse. L’Ecosse est-elle anglaise ? Autre question que le Royaume Uni Olympique n’a pas réussi à résoudre en 2016 alors qu’ils se sont accordés en 2020 pour Tokyo.
Les nigériennes forment une forte communauté de joueuses en Suède (7) pour un ensemble de 16 joueuses sélectionnées au Mondial alors que la Norvège n’en dénombre que neuf.
La tendance européenne comme asiatique est de rester à la maison sauf les Pays-Bas, avec 17 joueuses hors de ses frontières.
Les Pays-Bas, sans véritable championnat, mais avec un titre de Championne d’Europe est la nation significative avec le plus de joueuses à l’étranger. Dix-sept.
Sinon la plupart des nations européennes sont faites de joueuses de leur championnat. Soit parce qu’il est suffisant (Allemagne, Angleterre, Espagne, Japon) soit en raison d’un obstacle de niveau (Italie), n’ayant pas de joueuses encore exportables (Corée du Sud, Thaïlande).
Une tendance qui a touché les joueuses du Nord de l’Europe. D’habitude, grande voyageuse. Les joueuses du Nord sont revenues à la maison avec 14 joueuses évoluant à domicile pour les coéquipières des Montpelliéraines Sofia Jakobsson, Linda Sembrant alors que l’équipe d’Ada Hegerberg compte 16 joueuses évoluant dans le championnat norvégien.
La Chine n’exporte pas.
Les Roses d’Aciers ont la même politique que les USA. Un billet à l’exportation très rare avec la seule parisienne Wang Shuang hors des frontières chinoises. La raison étant la même. Une disponibilité de tous les instants pour la sélection nationale, prioritaire aux clubs. Avec trois joueuses étrangères au maximum et une politique publique qui va puiser dans le milliard de personnes disponible, l’idée est de prendre le temps mais d’espérer dans le futur, une domination dans le football féminin.
William Commegrain Lesfeminines.fr